La double attaque qui a fait 44 morts dans la nuit du 6 au 7 avril près de Seytenga, au Nord du Burkina Faso, est due à des représailles après une tentative de vol de bétail qui avait mal tourné dans le village de Kourakou.
Au Burkina Faso, les circonstances de l’attaque des villages de Kourakou et Tondobi sont désormais davantage connues. Dans la nuit du 6 au 7 avril, ces deux localités de la commune de Seytenga, dans la région du Sahel, au nord du pays, ont subi l’assaut de plusieurs hommes armés.
Dans un communiqué publié le 8 avril, le gouverneur de la région du Sahel a donné un bilan de 44 victimes. Cette attaque est venue en représailles d’une tentative de vol qui a mal tourné.
Des représailles
Quarante-huit heures avant, deux hommes armés avaient tenté de voler du bétail dans le village de Kourakou. Mais ils s’étaient heurtés à la résistance des populations. Celles-ci ont répliqué, tuant l’un d’entre eux.
Certains habitants ont décrit ces deux hommes comme des combattants de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Mais il est difficile de faire la part des choses dans cette partie du Burkina Faso où les intérêts de réseaux criminels rejoignent ceux des hommes armés.
« Seytenga est encerclée »
Pour l’heure, les populations jouissent d’un calme, qu’elles estiment relatif. Car, d’après des sources locales, les groupes armés sont installés à quelques kilomètres de Seytenga.
Depuis plusieurs mois, les terroristes ont demandé aux populations de déguerpir et ont réquisitionné des villages entiers. « Seytenga est encerclée », confiait ce 10 avril à RFI un membre de la société civile, qui évoque un véritable harcèlement des hommes armés. Ils attaquent notamment sur la route, entre Dori à l’Ouest et Tera, de l’autre côté de la frontière au Niger.
La région de Seytenga est sous influence de l’EIGS depuis longtemps, explique un analyste sécuritaire. Elle présente de nombreux avantages : une réserve forestière à proximité et des ressources en or. Le site minier de Tondobi n’est pas loin… Il avait d’ailleurs été attaqué en mars de l’année dernière.
Mais surtout, Seytenga est situé au coeur de la zone de trois frontières entre le Burkina, le Mali et le Niger. « Seytenga se trouve sur l’axe qui relie Ouagadougou et Niamey, à proximité du principal passage frontalier de Petelkole », explique Héni Nsaibia, chercheur principal sur le Sahel chez Acled. De nombreuses marchandises transitent donc par là, offrant aux terroristes des possibilités de ravitaillement et d’accès aux ressources.
En juin dernier, la ville de Seytenga elle-même avait été victime des hommes armés ; 86 personnes avaient été tuées.