Le Bénin sanctionne, pour une première fois le trafic des faux médicaments: Neuf ans après l’Appel de Cotonou, la justice béninoise condamne à 48 mois de prison ferme et10 millions de francs Cfa pour chacun, des patrons des sociétés grossistes-répartiteurs de médicaments. Ce n’est pas tout, ils devront verser solidairement une amende de 100 millions de dommages à l’État. Par ailleurs, le collège de trois juges qui a rendu le verdict ordonne la destruction des stocks saisis. La détermination du chef de l’Etat, Patrice Talon pour la lutte contre les faux médicaments a donc payé. Talon devra aller au-delà de cet acte de salubrité publique et assainir le secteur pharmaceutique au Bénin pour le bien des populations.
Le procès dit des «faux médicaments» jugé en flagrant délit le 6 mars dernier a livré son verdict. C’est une première au Bénin. Falilou Adebo et les quatre autres grossistes répartiteurs sont condamnés à quarante huit mois d’emprisonnement plus une amende de cent millions. Le Directeur de la pharmacie des médicaments et de l’exploitation diagnostique (DPMED) le professeur Fernand A. Gbaguidi est relaxé pour infraction non constituée. Si on en est arrivé là, le résultat est à mettre à l’actif du chef de l’Etat, Patrice Talon, dont la détermination dans ce dossier est à saluer. Il ne connaît pas d’amis, ni de frères. Nous l’avions maintes fois dit. Il faut un tel président pour le Bénin. N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augures.
Le verdict est lourd. Quatre ans de prison ferme pour chacun des cinq patrons grossistes répartiteurs assortis de lourdes amendes : 10 millions de francs CFA d’amende pour chacun des cinq patrons grossistes. Et ce n’est pas tout : ils devront verser de façon solidaire à l’Etat des dommages évalués à 100 millions de CFA.
Les trois juges ont retenu contre eux les délits « d’exercice illégal de pharmacie et de vente de médicaments falsifiés ». Ils ont suivi l’essentiel des réquisitions. Il y a eu quelques relaxes, mais ce sont les «gros» qui ont payé. Le juge Rodolphe Azo a fait droit à la demande des avocats de la défense qui ont plaidé pour des dommages et intérêts de l’ordre de 100 millions de francs Cfa pour tous les préjudices que les inculpés ont fait subir à l’Etat. La justice ordonne aussi la destruction des stocks saisis. En ce qui concerne les chauffeurs et coursiers mis en cause, ils écopent d’une peine de 6 mois de prison.
Le 6 mars dernier où le dossier a été jugé en flagrant délit, dans son réquisitoire, le ministère public a demandé 5 ans d’emprisonnement. Ce mardi 13 mars, le procès a livré son verdict. Le tribunal de première instance de première classe de Cotonou condamne les patrons des sociétés de grossistes répartiteurs impliqués dans ce dossier de faux médicaments ; une affaire qui impliquait notamment le député Mohammed Atao. Des centaines de cartons de médicaments ont été saisis dans un entrepôt appartenant à l’une de ses épouses et lui. Depuis lors, Mohammed Atao s’est enfui.
100.000 Africains meurent chaque année, selon l’OMS
Faut-il le préciser, le trafic de faux médicaments coûte la vie à près de 100 000 Africains chaque année, d’après l’Organisation mondiale de la santé. Malgré les alertes à répétition, le trafic de faux médicaments continue à prendre l’ampleur. . Les organisations régionales comme la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont adopté des politiques communes du médicament. Le Bénin fait parti des 27 pays dans le monde qui ont signé la convention internationale Médicrime. Il y a neuf ans, il y a eu l’Appel de Cotonou. Jacques Chirac avec sa Fondation était à Cotonou. Mais la lutte contre les faux médicaments peinait de prendre l’envol. Il est vrai, les pays africains sont en pénurie chronique de médicaments. Ce qui explique la frilosité des politiques, sans compter les situations où certains, comme c’est le cas dans cette affaire des faux médicaments au Bénin, sont parties prenantes du trafic. Pendant longtemps, le médicament a été politisé. A chaque fois qu’il y a des saisies de faux médicaments, s’ensuivent des plaidoyers. Si ces produits ne sont pas restitués ou incinérés, la trace des auteurs disparaisse. Plusieurs manipulent donc les médicaments sans la présence d’un professionnel de santé.
Le chef de l’Etat devra poursuivre la lutte
Mais depuis l’avènement de l’actuel président de la république, les données ont changé. Avec l’opération Pangea X. Le marché Adjegounlé où ce trafic de faux médicaments s’opère allégrement a été démantelé. Le chef de l’Etat ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a poursuivi la lutte contre les faux médicaments. Malgré la fuite du député Atao impliqué dans ce trafic, des documents administratifs ont permis de mettre la main sur des patrons de sociétés de grossistes répartiteurs. Et le verdict de ce mardi servira de leçons. Ces résultats sont le fruit de la détermination du chef de l’Etat, Patrice Talon. Le chef de l’Etat devra poursuivre la lutte. Il faut que la douane, la police, les juges, l’autorité politique, aient les moyens de faire appliquer ce qui est décidé par la convention Médicrime. Le gouvernement béninois, à travers son chef devra aller au-delà de cet acte de salubrité publique et assainir le secteur pharmaceutique. C’est le souhait de tous.