Soupçons d’ingérence étrangère : Kemi Seba relâché sans poursuite

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Le panafricaniste béninois Kemi Seba, qui était en garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour des soupçons d’ingérence étrangère, a été relâché sans poursuite à ce stade mercredi 16 octobre 2024, a indiqué jeudi le parquet de Paris.

Il était soupçonné « d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère ». Le panafricaniste béninois Kemi Seba, qui était en garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis lundi après-midi, a été relâché sans poursuite à ce stade mercredi, a indiqué jeudi le parquet de Paris à l’Agence France-Presse (AFP). «Les investigations sur l’infraction d’ingérence étrangère se poursuivent dans le cadre de l’enquête préliminaire», a ajouté le ministère public.

Selon son avocat, Juan Branco, qui a vivement dénoncé cette garde à vue, Kemi Seba était interrogé dans le cadre d’une enquête ouverte pour «intelligences avec une puissance étrangère […] en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France»- une infraction criminelle passible de 30 ans d’emprisonnement, a précisé l’avocat.

Il était également interrogé sur des soupçons «d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère […] de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation». Une infraction passible de dix ans d’emprisonnement. Avec ces chefs d’ouverture d’enquête, sa garde à vue aurait pu durer jusqu’à 96 heures.

Hery Djehuty, coordinateur d’Urgences panafricanistes, avait également été placé en garde à vue. Lui aussi a été relâché sans poursuite à ce stade, selon le parquet.

De nombreuses polémiques

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, a été condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale. La « Tribu Ka » dont il fut le leader, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait la séparation entre Noirs et Blancs, a été dissoute par le gouvernement français en 2006. En 2023, il a été déprogrammé de la Chaîne parlementaire (LCP). Le militant est aujourd’hui à la tête du groupe « Urgences panafricanistes », bénéficiant d’une certaine aura sur les réseaux sociaux (282 600 followers sur X) 1,3 million sur Facebook).

Connu pour ses virulentes prises de position anti-occidentales, le militant panafricaniste a été déchu de la nationalité française par un décret paru le mardi 9 juillet au « Journal officiel ». Sur le réseau social X il s’est dit « libéré d’un fardeau».

Depuis début août, le dirigeant d’Urgences panafricanistes dispose d’un passeport diplomatique délivré par la junte en sa qualité de conseiller spécial du chef du régime militaire au pouvoir à Niamey, le général Abdourahamane Tiani.

Une « criminalisation d’un opposant politique»

Mercredi après-midi, son avocat avait fustigé une interpellation dans la rue « violente ». De passage à Paris avec son « passeport diplomatique » du Niger pour visiter « son père » malade, le militant aurait été « insulté, projeté contre une vitre de façon violente par une dizaine de personnes cagoulées de la DGSI », a relaté son avocat.

«On est face à une situation extrêmement inquiétante» avec une « criminalisation d’un opposant politique et d’un intellectuel », s’est indigné Maitre Juan Branco.

Ces dernières années, Kemi Seba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, au cours desquelles il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée.

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