Bénin : Kemi Seba parle de Yayi Boni et de sa succession à Patrice Talon

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Au Bénin, l’activiste Kemi Seba a annoncé briguer la magistrature suprême en 2026 . Il veut être porté par le parti Les Démocrates dont le président est Boni Yayi. Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, exprime sa perception de l’ancien président du Bénin et pour succéder à Talon, les options plus ou moins radicales qu’il dresse et qui pourraient lui permettre d’accéder à la magistrature suprême.

Le passé rattrape. Kemi Seba veut être candidat du parti Les Démocrates. Et tout ce qu’il a dit par le passé de Yayi Boni,  aujourd’hui président du parti Les Démocrates, et alors président de la république du Bénin, est exhumé sur les réseaux sociaux.

Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux que certains prennent le plaisir de publier à nouveau, Kemi Seba exprime sa perception de l’ancien président Yayi Boni. Celui-là qui aura à peser dans son choix comme candidat de parti de l’opposition aux échéances de 2026. Un extrait fort de ce que dit Kemi Seba dans la vidéo: « Quand on voit Yayi Boni et son costume bleu et sa cravate rouge venir pleurer sur Charlie Hebdo alors qu’à côté du Nigéria, Boko Haram est en train de détruire des gens, l’image que Yayi Boni vend du Bénin n’était pas une image qui faisait pas vibrer pour beaucoup d’Africains »

Kemi Seba commente ainsi, comme beaucoup en son temps ( il y a plus de 9 ans), le débordement du trop-plein d’émotion du président béninois à la marche républicaine en France.  

Ils étaient six Chefs d’Etat africains à avoir fait le déplacement à Paris afin de participer à la marche républicaine pour dire non au terrorisme et protester contre les attentats perpétués en France contre le journal « Charlie Hebdo ». Parmi eux, Yayi Boni du Bénin. Ce dernier a essuyé ses larmes alors qu’il marchait avec ses pairs dans l’impressionnant cortège qui a envahi les rues de Paris. « Les larmes du président Yayi Boni », avaient commenté et écrit plusieurs internautes et médias. Et l’activiste Kemi Seba en faisait parti. Kemi Seba veut être aujourd’hui candidat à la magistrature suprême au Bénin.

 

Kemi Seba veut succéder à Talon et dresse trois options

 

Au Bénin, la prochaine élection présidentielle est prévue pour 2026. Kemi Seba veut succéder à Talon. Déjà le 23 décembre, sur sa page Facebook, Kemi Seba promettait une année « incandescente » au président Patrice Talon. Deux semaines plus tard, dimanche 5 janvier, il lance les hostilités. « Après des années de réflexion, j’ai décidé d’accepter vos demandes incessantes visant à me pousser à être candidat à la présidence du Bénin [en 2026] » a-t-il déclaré à ses partisans, dans une vidéo de dix minutes publiées sur ses réseaux sociaux.

Et le leader de l’organisation Urgences panafricanistes évoque la possibilité que le parti Les Démocrates de l’ancien président Boni Yayi , seule formation d’opposition que le code électoral autorise à obtenir les parrainages nécessaires à une candidature, le « porte candidat ». Il se dit conscient qu’une partie de ses électeurs potentiels ne voient pas d’un bon œil cette « main tendue » à un ancien chef de l’État parfois jugé complaisant avec le système de la « Françafrique ».

Dans son annonce le 5 janvier, Kemi Seba dresse trois options plus ou moins radicales qui pourraient lui permettre d’accéder à la magistrature suprême.

 La troisième option, la plus radicale : Kemi Seba se dit prêt à mener l’opération « Jéricho », référence à la bataille biblique menée par Josué lors de laquelle le son de trompettes populaires avaient fait tomber les murs d’une cité à l’accès interdit. C’est à croire à une mobilisation populaire, une révolution informationnelle et une prise de « responsabilités de ceux habilités dans le pays à faire basculer les choses pour que le peuple puisse reprendre le pouvoir ».

 

Long réquisitoire contre le président Talon

Faut-il le rappeler, dans sa vidéo, Kemi Seba adresse un long réquisitoire contre le président Talon, l’accusant de mauvaise gouvernance et de « persécution » envers ses adversaires politiques. « Le Bénin connaît une crise sociale sans précédent (…) qui favorise les plus riches pendant que la quasi-totalité du peuple vit dans des conditions qui dépassent l’entendement », déclare-t-il. Il déroule un discours populiste dans lequel il évoque pêle-mêle le sort des enseignants précarisés ou des agriculteurs soumis à des difficultés économiques.

En se lançant officiellement dans la course à la présidentielle, Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, marque une nouvelle étape dans son parcours controversé. Né en 1982 à Strasbourg, il se fait connaître au début des années 2000 à travers son mouvement Tribu Ka, dissous en 2006 par la justice française pour violences, menaces, antisémitisme et incitation à la haine raciale.

 

« Hostile à la France »

Depuis, il mène une charge constante contre les pays occidentaux, en premier lieu la France. Adepte des coups d’éclat, il fait polémique en brûlant, en 2017, un billet de 5 000 francs CFA, symbole du néocolonialisme, selon lui. Son discours rencontre une large audience en ligne sur le continent et dans les diasporas africaines. Il cumule plus de 1,3 million d’abonnés sur Facebook, 340 000 sur TikTok ou encore 290 000 sur X.

Ses prises de position lui ont valu d’être interpellé, expulsé ou refoulé de plusieurs pays ces dernières années, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée. Sa relation avec la France s’est tendue, jusqu’à ce qu’il soit déchu de sa nationalité française, en juillet 2024. « Il mène de manière très véhémente une activité délibérément hostile à la France, à son action et à ses intérêts dans le monde, plus spécialement dans les pays de l’Afrique francophone », justifiait à l’époque une source proche du dossier. « Plus de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau », avait réagi Kemi Seba. En octobre, soupçonné d’ingérence étrangère, il a été placé en garde à vue, avant d’être libéré sans être poursuivi.

 

Fervent défenseur des juntes sahéliennes

Depuis 2020, Kemi Seba est devenu un fervent défenseur des juntes sahéliennes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui ont rompu leur alliance avec la France, et s’est parallèlement mué en porte-voix de la Russie, pays parrain de ces Etats dirigés par des militaires.

Alors que le président Talon a assuré qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, la présidentielle de 2026 au Bénin s’annonce ouverte. Néanmoins, à ce stade, rien n’assure que Kemi Seba parviendra à remplir les conditions nécessaires pour se présenter au scrutin. Depuis la réforme du code électoral, les candidatures indépendantes à la présidentielle doivent nécessairement être soumises par un parti politique et parrainées par au moins 28 élus, des députés ou des maires – ce qui n’est pour l’instant pas le cas de Kemi Seba.

L’autre inconnue est le poids électoral que pourrait avoir l’ancien leader de la Tribu Ka au Bénin, où il n’a pas mené de carrière politique. « Kemi Seba est populaire grâce à ses coups d’éclat et à son discours constant sur le panafricanisme. C’est une ligne qui parle à la jeunesse africaine, mais tout cela ne donne pas d’indication sur l’envie qu’auraient les Béninois de lui confier une charge aussi importante que celle de chef de l’Etat. Il n’a jamais été confronté à un test électoral », analyse Gilles Yabi, fondateur du cercle de réflexion Wathi.

A.C.C.(avec S.E.)

 

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