Polémique autour du nouveau code électoral : Karim da Silva appelle à l’unité et au respect des règles établies

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(« Une loi votée par l’Assemblée nationale régulièrement élue, doit être considérée comme un texte qui s’impose à tous », dit-il)

Depuis le vote et la promulgation du nouveau code électoral, des réactions s’enchainent de jour en jour soit pour saluer les avancées de ce nouveau code soit pour dénoncer les germes de division et de conflits que comporterait le nouveau code électoral. Dans une opinion dont notre rédaction a obtenu copie, le Sage Karim da Silva, dans un langage de vérité comme à ses habitudes, rappelle la nécessité de se soumettre à l’autorité de l’Etat et aux institutions de la république. Il insiste sur la primauté de la loi établie par l’État pour assurer l’ordre et la stabilité de la nation. A le suivre, le respect des lois est essentiel pour éviter le chaos et maintenir l’harmonie sociale. Il appelle à l’unité et au respect des règles établies, mettant en avant que la loi doit prévaloir sur les opinions individuelles pour garantir la paix et la cohésion au sein de la communauté nationale. Il n’y a pas de super citoyen dans ce monde, ni de super structure au-dessus de l’Etat, soutient-il. Lire ci-dessous son opinion.

Présentation : Fréjus MASSIHOUNTON

Association ADDIS et code électoral

La crise que traverse actuellement notre pays, le Bénin, me rappelle à la situation de la Communauté Musulmane, au milieu des années soixante, lorsque les cadres musulmans qui s’étaient emparés de I’Islam, de sa direction et, de sa gestion, voulurent, à la suite d’un différend, démettre l’Imam qui ne partageait pas leur vue.

C’était au sujet de la date à retenir pour fixer le début du mois de Ramadan. Les cadres avaient pris la décision de suivre le calendrier tunisien. L’Imam devait se soumettre et, s’il n’était pas d’accord, les cadres musulmans s’opposeraient à son Imamat. Cela déclencha une crise qui nous conduisit directement chez le chef de l’Etat.

Voici planté le décor.

Mon père, vieux et alors 1er haut dignitaire, m’avait demandé de le représenter. Au cours des rencontres, les cadres avaient commis de nombreuses erreurs dont la plus grande fut de pousser le bouchon jusqu’à injurier l’Imam en présence du Chef de l’Etat.

Le Président de la République, agacé par la tournure que prenait cette affaire par laquelle les cadres humiliaient l’Imam, l’avait confiée, pour son règlement, au ministre de l’Intérieur.

Mais, même avec le Ministre de l’Intérieur, la tendance à la discorde se poursuivit. Les cadres musulmans allèrent jusqu’à dire une contre vérité, savoir que l’Imam n’était pas des nôtres, que c’était un étranger, originaire du Nigéria voisin, et que, par conséquent, il fallait l’expulser.

Je suis intervenu auprès du ministre qui avait comme chef de cabinet un homme qui, malgré qu’il fût chrétien, géra cette affaire avec beaucoup de volonté et d’aplomb. Il comprenait bien la situation et constatait, lui-même, l’exagération des cadres musulmans…

Ainsi je puis éviter l’ordre d’expulsion du ministre de l’Intérieur alors même qu’on le lui avait amené à signer, et en finir avec la domination des cadres musulmans sur l’Islam, au point où, ils étaient capables de faire chasser un dahoméen de son pays au motif fallacieux qu’il serait étranger.

Mon père insista néanmoins pour que tout se fasse dans la concorde et me demanda de les rencontrer. Il voulait, nécessairement, qu’une solution, ensemble, soit trouvée.

Je décidai alors de réunir à Parakou, les imams et divers autres œuvrant pour l’Islam dans notre pays. C’est ainsi que naquit l’ADDIS, Association Dahoméenne pour la Défense de l’Islam. L’ADDIS eut un écho dévastateur, car elle permit à l’Imam de tout expliquer à la population.

Homme de dialogue, malgré que l’association des imams fût créée en plus de l’ADDIS et que tout le pouvoir fut donné aux imams, je poursuivais les négociations lorsque nos interlocuteurs fixèrent comme condition préalable qu’il n’y ait qu’une seule association. Je mis donc l’ADDIS en veilleuse. Finalement nous en vînmes à la conclusion que celui que l’Etat nous désignerait sera le choix de Dieu, et nous lui devrons soumission et obéissance, le musulman étant soumis à l’autorité du pays.

Au regard de la crise liée au nouveau code électoral, je dirai avec la même logique que celle qui a prévalu jadis au cours de cette crise dans la communauté musulmane, qu’une loi de l’Etat, votée par l’Assemblée Nationale régulièrement élue, doit être considérée comme un texte qui s’impose à tous.

Sinon, il n’y a plus de loi dans le pays mais, le désordre. Il suffit que quelqu’un ne soit pas d’accord pour que règne le chaos. Notre pays ne saurait être à la merci de l’humeur ou des ressentiments de qui que ce soit.

Il n’y a plus débat, force doit rester à la loi qui s’impose à tous, dès qu’elle est promulguée. Il n’y a pas de super citoyen dans ce monde, ni de super structure au-dessus de l’Etat, ni de regroupement d’individus dont la mission serait de corriger l’action du gouvernement.

Certains ont crû devoir se mêler de la chose publique au point de s’immiscer dans les affaires nationales au-delà de leur responsabilité naturelle, faisant passer leur opinion personnelle avant le devoir de respect obligatoire des dispositions constitutionnelles, qui sont l’unique socle de notre démocratie.

Ils devraient savoir que, quand des hommes, des célébrités, n’approuvent pas une décision de l’autorité gouvernementale, c’est que le désordre est en vue et qu’ils ne leur reste, quant à eux, gens de Dieu, que la prière.

Notre opinion individuelle n’est pas celle qui compte, elle s’efface devant celle qu’exprime le plus grand nombre, selon des modes d’expression bien définis.

Notre opinion personnelle s’efface également devant celle de celui que le plus grand nombre a choisi, parce que dès lors il correspond au choix de Dieu, qui l’a établi sur nous. Aucun être humain, rien n’est comparable à Dieu.

Pourquoi y a-t-il des élites ?

Pourquoi faut-il, de la base, en obtenir qu’elle se soulève et, après, en dire que c’est le choix du peuple, pendant qu’il s’est déjà exprimé, sur sa constitution et sur le choix de ses représentants ?

La consolidation de la paix dépend de la conduite de tous, de notre disposition primordiale à respecter les textes que nous nous sommes librement donnés pour régir nos rapports au sein de la communauté nationale.

La loi est votée ! Elle s’impose et s’applique à tous ! Point barre !

Assez donc, ça suffit !

Nous retournerons tous à Dieu…

Karim da SILVA

 

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