En campagne pour le Code électoral Aké Natondé : Joseph Djogbénou se moque de l’Eglise catholique?

Politique

La réaction de Mgr Roger Houngbédji, chef de la Conférence épiscopale du Bénin, suite au récent vote de la loi portant code électoral n’a pas été du goût des révisionnistes. Avec ses homologues de l’union islamique et de l’Eglise méthodiste, l’archevêque de Cotonou a pris position contre le nouveau code, porteur des gênes d’une crise plus grave que celle engendrée par l’application du code de 2019. En réplique, le président Joseph Djogbénou de l’Upr a choisi de lui faire contre-pied auprès de l’Archevêque de Parakou.

Mgr Isidore de Souza, président de la Conférence nationale de 1990 dont on célébrait hier « les 25 ans de naissance au Ciel », se retournerait dix fois dans sa tombe. Lui qui disait il y a 34 ans à cette tribune historique « plaise au Ciel qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse et nous emporte dans ses flots », a su inspirer son successeur en exercice, Roger Houngbédji, de proclamer à la face du monde et au nom du collectif des Confessions religieuses du Bénin, « qu’il faut, à tout prix, épargner au peuple béninois, les violences qui ont émaillé les dernières élections, par le vote d’un Code électoral qui garantisse des élections pacifiques, transparentes, inclusives et démocratiques en 2026. » Malheureusement, le pays du défunt célèbre prélat, berceau des conférences nationales, a chuté à un niveau de perversion des mœurs politiques tel qu’un député Upr, A.A. pour ne pas citer son nom, a déclaré le lundi 11 mars sur la télévision nationale qu’il ne voit pas l’opportunité d’une telle déclaration des religieux : « Qu’est-ce qu’ils ont à y voir ? Je ne vois pas en quoi ils ont à s’immiscer… Chacun a son couloir… »

A lire aussi

Voici le message du Président Joseph Fifamin DJOGBENOU

Cette négation flagrante du rôle des confessions religieuses et de l’Eglise catholique en particulier a été reprise en acte par Joseph Djogbénou, président du même Upr à Parakou. En marge des activités de ce parti dans la ville phare du Nord du Bénin, l’ex-président de la Cour constitutionnelle est allé répliquer à l’Archevêque de Cotonou, en vantant les mérites du même code auprès de Mgr Pascal Nkoué, Archevêque de Parakou, le mardi 12 mars 2024. L’Eglise ouverte à tous, y compris aux plus grands pécheurs, ne saurait qu’accorder son pardon à ceux qui tentent de ruser avec elle en ces moments pour faire promulguer une loi qui provoquera tension, violence et peut-être des morts dans le pays. Il eût été plus décent que ce chef de parti apporter sa part de vérité au Président de la Conférence épiscopale du Bénin auquel se sont d’ailleurs joints d’autres chefs religieux du pays. Sans oublier la Plateforme électorale des organisations de la société civile qui a recommandé au chef de l’Etat de ne pas promulguer cette loi en contradiction avec son serment d’être le garant de l’intérêt général, du bien-être commun, de la paix et de l’unité nationale.

A lire aussi

Joseph Djogbénou , un président légaliste et fédérateur, galvanise les conseillers communaux

Par respect pour l’Eglise catholique dont le premier responsable du pays s’est prononcé par un message urbi et orbi sur la qualité de cette loi votée, le président de l’Upr aurait pu bien rendre une visite de courtoisie à l’archevêque de Parakou et solliciter sa bénédiction sur les travaux de son parti, en s’abstenant de défier l’unité de l’Eglise par son plaidoyer en faveur de la même loi devant le second archevêque du pays. De telles velléités que les acteurs politiques n’ont pas la décence de s’interdire prouvent à quel point ils sont prêts à tout pour imposer ce code au forceps. Et puisqu’il s’agit du président Djogbénou, il ne serait pas exagéré de dire qu’après l’échec de la ruse, c’est l’heure de la rage qui a sonné, y compris la rage de semer certainement la confusion au sein de l’Eglise catholique!

Benjamin AKOWANOU (Collaboration)

A LIRE AUSSI

L’UP-R désormais réduite au clan Djogbénou ?