Au lendemain de l’extraordinaire fuite d’un projet de décision de la Cour suprême revenant sur ce droit, le président appelle directement les Américains à défendre l’IVG dans les urnes lors des prochaines élections.
Tout a commencé par une fuite. Celle, rarissime, d’un avant-projet de décision, que le média Politico a publié lundi soir. Selon ce texte, la Cour suprême des États-Unis (la plus haute instance judiciaire du pays) s’apprêterait à annuler son arrêt historique « Roe v. Wade », garantissant à chaque femme le droit constitutionnel d’avorter même dans les États les plus conservateurs. La haute cour devrait rendre son arrêt d’ici fin juin. Cette révélation a suscité l’indignation du camp démocrate, et la satisfaction de nombreux élus républicains. Ce mardi, Joe Biden a appelé les Américains à voter aux législatives de l’automne pour défendre le droit à l’avortement. D’autant plus que son parti redoute une cuisante défaite lors de ces élections de mi-mandat. « Je crois que le droit des femmes à choisir est fondamental », a rappelé le président américain dans un communiqué, exhortant les électeurs à « choisir des candidats favorables » au droit d’avorter lors des élections de mi-mandat en novembre, au cours desquelles le camp au pouvoir est traditionnellement défait.
« Nous aurons besoin de plus de sénateurs favorables au droit de choisir, et d’une majorité en ce sens à la Chambre des représentants, pour adopter une législation codifiant (la jurisprudence existante), que je promulguerai », a assuré le chef de l’exécutif, catholique fervent mais aussi défenseur du droit à l’avortement.
Joe Biden a estimé que l’argumentaire déroulé par la Cour suprême américaine dans un projet de décision très défavorable au droit à l’avortement allait « bien au-delà » de l’IVG et remettait potentiellement en cause « toute une série » d’autres droits. « Est-ce que cela signifie que la Floride pourrait décider de voter une loi disant que le mariage entre personnes du même sexe n’est plus autorisé ? » s’interroge-t-il.
La Cour suprême avait envoyé depuis septembre plusieurs signaux favorables aux opposants à l’avortement. Elle avait refusé d’empêcher l’entrée en vigueur d’une loi du Texas limitant le droit à avorter aux six premières semaines de grossesse, contre deux trimestres dans le cadre légal actuel. Puis, lors de l’examen en décembre d’une autre loi restrictive, du Mississippi cette fois, une majorité de ses juges avaient clairement laissé entendre être prêts à grignoter voire annuler Roe v. Wade.
Face à cette menace, des gouverneurs démocrates de plusieurs États dont la Californie, le Nouveau-Mexique et le Michigan, veulent consacrer la légalité du droit à l’avortement. « Nous ne pouvons faire confiance à (la Cour suprême) pour protéger le droit à l’avortement donc nous le ferons nous-mêmes », a indiqué le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom. « Les femmes resteront protégées ici. »
Avec AFP