Voici l’intégralité des propos liminaires de Lazare Sehoueto à la conférence de presse de l’Union Progressiste samedi 6 février à Cotonou
Regard de l’Union progressiste sur le contexte préélectoral au Bénin
Mesdames et Messieurs,
L’Union Progressiste se réjouit de vous accueillir ici, à son siège, pour partager avec vous, son regard sur cette période préélectorale. Nous avons été chargés au nom de notre parti et sur la foi de nos parcours individuels, nous qui sommes devant vous, et sur la base des positions fondamentales de notre parti, de vous rencontrer, pour vous exposer quelques aspects de notre perception de notre vécu collectif, en cette période cruciale que nous traversons dans l’histoire politique de notre pays.
Nous étions en pleine préparation de la présente rencontre quand deux bien tristes événements se sont produits. Le premier, c’est le très brusque rappel à Dieu de notre Camarade, l’ancien Maire, l’ancien Ministre, le député élu dans la 22ème circonscription, Jean-Pierre Babatoundé. Je vous prie, de nous accompagner dans notre douleur et de vous lever pour observer une minute de silence en sa mémoire.
Le deuxième événement est une serie d’agressions sur des personnalités bien connues, dont par exemple l’artiste Oluwa Kêmi, et ce qu’il convient d’appeler la fusillade essuyée par le véhicule du Ministre Ganiou Soglo. De tels événements en cette période préélectorale revêtent, à nos yeux, une telle gravité que nous ne saurions ne pas l’évoquer. Non pas, principalement pour l’un des cas, en vue d’en tirer des conclusions d’une enquête que nous n’avons pas encore menée, non pas pour crier « au terrorisme politique » ou à la « tentative d’assassinat », comme le font déjà ceux qui ont développé ici et ailleurs, de la proximité avec les actes crapuleux et les crimes politiques. C’est vrai que certains ont besoin de rites expiatoires, tant ils sont hantés par les victimes de ces crimes sordides.
L’Union Progressiste voudrait plutôt, souhaiter très vivement que le gouvernement et ses services, engagent les diligences nécessaires afin d’identifier les tenants et les aboutissants de ces événements et que leurs auteurs soient sanctionnés. Nous souhaitons en outre, à nos compatriotes Oluwa Kêmi, Ganiou Soglo et autres, un prompt rétablissement.
Chers amis de la presse,
Pourquoi, nous vous avons appelé ce matin ? Nous voudrions vous offrir la possibilité d’échanger avec nous, sur le regard que nous portons sur ce moment crucial qui nous conduira aux urnes le deuxième dimanche du mois d’Avril, conformément à notre Constitution.
Nous voudrions constater avec vous, que notre pays avance. Vous constatez, que l’opposition et la société civile n’en sont pas aujourd’hui à réclamer des choses élémentaires en démocratie, comme des « élections à bonne date ».
Nous nous réjouissons que la réforme du système partisan, pierre angulaire du système politique, fasse de grands pas en avant.
Qu’il vous souvienne que la réforme du système partisan a été une préoccupation partagée des forces politiques du pays bien avant l’arrivée au pouvoir du président patrice Talon ; que pour preuve, la loi portant charte des partis politiques en République du Bénin a été votée le 26 Juillet 2018 et promulguée le 17 Septembre 2018, sous la 7ème Législature, à la quasi-unanimité des députés. Nous étions loin d’imaginer que les mêmes personnes et les mêmes forces politiques qui avaient posé les fondations de cette réforme, refuseraient de s’y conformer quelques semaines plus tard, entraînant notre pays dans des situations dramatiques inédites. Aujourd’hui, cet épisode nous semble fort éloignée et nous pouvons nous en réjouir et nous en féliciter car en réalité ; quel parti politique, quelle force politique, quelle personnalité politique ayant un minimum d’envergure, qui existaient avant cette loi, continue aujourd’hui de refuser de s’y conformer ? Nous avons fait de grands pas donc. Et c’est à l’honneur de notre pays. C’est à l’honneur de sa classe politique. C’est un premier pas dans la bonne direction. Mais à quel prix ?
L’union progressiste pensent que nous aurions pu nous épargner et à notre peuple, ces tensions, ces douleurs, ces pertes.
Même les derniers événements, des dernières heures relatives au dépôt à la CENA des dossiers de candidature pour l’élection présidentielle du 11 Avril 2021, nous semble relever des difficultés inhérentes à la marche de notre système politique vers plus de rationalité, vers plus rentabilité interne et plus d’efficacité. L’Union progressiste et toutes les forces politiques qui l’ont constitué peuvent se réjouir d’avoir emprunté ce chemin beaucoup plus tôt que d’autres. Nous pouvons vous attester que cette marche n’a jamais été simple. Les tiraillements, les retournements de situation, les renonciations aux engagements généreusement pris, voire les trahisons, nous avons tous connu cela. C’est pourquoi, nous encourageons les femmes et les hommes qui ont cru et qui croient encore que le salut de notre pays, de notre peuple, tient d’abord et avant tout à l’émergence de grands et véritables partis capables de cristalliser les aspirations profondes de notre peuple et de sa jeunesse. Ces hommes et ces femmes existent dans nos rangs, ils existent aussi dans chacun des partis politiques qui existent aujourd’hui. Ils doivent continuer le combat. Le meilleur reste à venir.
La consolidation et une meilleure efficacité de notre démocratie, le développement du Bénin dépendent de la capacité des personnes de bonne volonté à garder le cap et à avancer, malgré les difficultés.
Le Bénin doit quitter l’exception de l’inconscience joyeuse. Les pays qui ont avancé, les pays qui veulent avancer ont dû affronter des épreuves complexes et parfois douloureuses. Le Bénin n’invente rien, le Bénin a peut-être démarré plus tôt que certains pays africains et plus tard que d’autres peuples dans le monde.
C’est pourquoi, l’Union progressiste réaffirme sa conviction que le principe du parrainage est bel et bien, un instrument démocratique. Faut-il rappeler que la plupart des constitutionnalistes connus du pays ont recommandé ce même parrainage, dans un passé qui n’est pourtant pas si lointain, avant que la soif de la facilité ne s’empare de quelques uns d’entre eux ? Qui peut oublier le rapport de la commission Gnonlonfoun au sein de laquelle la plupart d’entre eux ont siégé ?
Certains estiment que lorsqu’une loi, même juste, connait des difficultés d’application, ou nous oblige à sortir de nos zones de confort, il faut la jeter à la poubelle. Il n’y a pas que cette voie de sortie. C’est ce qui explique la consigne de l’UP, à travers les décisions de son Bureau Politique en date du 16 Janvier 2021. Nous avons demandé à nos élus de parrainer tout candidat qui en exprime le désir pourvu qu’il soit membre ou soutenu par un parti politique. Notre pays l’a décidé depuis 1990, nous l’avons réaffirmé et consolidé, à travers les différentes lois votées et promulguées ces trois dernières années : les partis politiques doivent rester au cœur de l’activité politique. Les partis politiques doivent exercer leur prépondérance dans le processus de dévolution du pouvoir politique.
Des candidats et des partis politiques ont contacté l’UP pour solliciter des parrainages. Le parti leur a répondu par écrit et les a orientés vers ses députés et Maires. Les élus UP ont décidé, en leur âme et conscience, de parrainer ceux et celles de nos compatriotes qui n’ont pas choisi, comme en 2019, se livrer à des combats d’arrière-garde. Par exemple, certains de nos élus ont décidé de parrainer le duo qui serait issu du parti dénommé « Les Démocrates ». Ils ont dû garder leur fiche jusqu’au dernier moment, sans savoir exactement quel duo parrainer dans l’imbroglio qui a été orchestré au sein de ce parti et de ses alliés.
Il y a encore hélas ! dans notre pays, des gens qui estiment que pour baisser la fièvre, il faut casser le thermomètre. Ils l’ont fait en 2019 et 2020. Ils se sont ravisés par la suite. Ceux qui croient que l’on peut arrêter le progrès se sont encore mis à la tâche, en 2021. Ils auront le temps d’apprendre qu’en politique, ce n’est pas la décision que l’on prend qui compte et s’avère utile, c’est bien le moment où on la prend qui, bien souvent, la rend efficace.
Beaucoup parmi vous, journalistes et de nombreux citoyens ont été continuellement abusés dans leur bonne foi, par des apprentis sorciers qui parlent, qui écrivent, qui circulent, qui se réunissent et qui crient à la confiscation des libertés. Il y a des personnalités qui se refusent de prendre le courage de se remettre en cause, prennent des positions politiques erronées, mais l’imputent à leurs vues d’esprit. Qui est réellement responsable de la non présence à l’Assemblée nationale et au sein de nos Conseils Communaux de l’opposition ? Qui est responsable du fait que certains partis ne disposent pas ou pas assez d’élus pour parrainer leurs candidats ?
L’opposition s’est exclue elle-même des élections législatives, à la veille de ces élections, après qu’ensemble, on a dégagé des possibilités, qui leur permettrait d’y participer. Elle s’était trompée de combat.
Une partie de l’opposition n’a pas voulu saisir les opportunités offertes par le dialogue politique, en se trompant encore une fois de combat.
En pleine période préélectorale, pour les communales, Monsieur YAYI BONI a démissionné de son parti et a invité à voter contre ledit parti. Au final, le parti FCBE n’a réussi à avoir que 6 parrains au lieu de 16 au moins nécessaires pour parrainer à lui seul un candidat ;
Après une longue période de résistance une partie de l’opposition instrumentalisée par Monsieur YAYI BONI a fini par se conformer aux textes de la République et a obtenu son récépissé mais c’était trop tard pour rattraper les errements antérieurs ;
Pour l’élection présidentielle de 2021, cette frange de l’opposition s’enfonce dans l’impasse encore une fois. Révélant au grand jour les raisons profondes de son boycott des législatives et des communales.
Ils crient déjà et crieront plus encore à l’exclusion, et continueront à se tromper de combat.
Nous regrettons profondément que cette opposition, au lieu de faire de la politique, au sens noble du terme, se consume dans des stratégies d’impasse. Devrions-nous le répéter, en politique, ce n’est pas la décision que l’on prend qui compte et s’avère utile, c’est bien le moment où on la prend qui, bien souvent, la rend efficace.
L’Union Progressiste qui compte en son sein des personnes d’expérience et des jeunes qui ont de l’ambition pour leur pays se construit patiemment, saisit l’opportunité de la disponibilité et de l’engagement du président Patrice Talon, pour pousser plus loin les réformes politiques et l’œuvre de restructuration morale et économique dans notre pays. Nous restons confiants que toutes les franges de l’opposition finiront par saisir les possibilités réelles que nous avons de faire avancer ce pays, chacun de sa position.
A l’Union Progressiste, nous rêvons d’un pays où tous les talents même dans des camps opposés, concourent à révéler le génie de notre peuple, et à lui faire faire des avancées majeures. C’est acté désormais par exemple, il ne surprendra plus personne de voir les femmes dans les fonctions les plus élevées de la République et massivement à partir de 2023. Sur des causes du genre et d’autres chantiers majeurs, l’UP estime qu’il est possible que ce pays s’entende et avance sans polémique. De toute façon, nous y travaillerons de toutes nos forces. Nous espérons de votre part, mesdames et messieurs les journalistes, un accompagnement constant sur ce chemin et sur les challenges de transformation de notre société que l’Union Progressiste s’est donnés.
Merci infiniment pour votre écoute !