« Mon avis depuis le président Mathieu Kérékou sur cet exercice de message sur l’état de la Nation reste le même. J’avais fait une proposition. J’ai martelé plusieurs fois sous le président Yayi Boni également sur ce que devrait être le discours sur l’état de la Nation, parce que le président de la République parle, mais personne ne pose de questions. Pour avoir fait l’exercice de rédaction de discours sous le président Kérékou, je me suis dit qu’on ne peut pas être juge et partie à la fois. Les présidents s’adressent à la Nation sans qu’on ne leur pose de questions. J’aurais aimé que tout le Bénin soit attentif à ce discours, car l’état de la Nation, c’est l’état de tout le pays. Le président doit ainsi faire l’effort pour que les gens se retrouvent dans son discours. La question qu’il faut donc se poser est de savoir si les gens se retrouvent dans ce discours prononcé par le président Patrice Talon. Quand je l’écoute, il a parlé entre autres des questions sécuritaire et sanitaire. Pour ce qui est du Covid-19, le taux de vaccination est encore faible au niveau de la Nation. Il y a à s’interroger sur ce qu’on fait pour lever ces réticences. Qu’est-ce que nos chercheurs en matière de biologie et de maladies infectieuses ont-ils fait ? Qu’est-ce que l’Etat a fait pour les mobiliser dans ce domaine ? C’est ce que j’aurais aimé entendre. C’est bien de peindre le tableau, mais c’est brusque de dire que la vaccination reste la solution alors qu’on a beaucoup de discours qui dissuadent les gens sur la vaccination. La proposition vis-à-vis certainement des interrogations légitimes est la vaccination mais nos chercheurs ont été mobilisés pour apporter leur pierre à la lutte ? C’est un exemple que je donne parmi tant d’autres. Il faut faire en sorte que tout le monde se sente concerné par le discours, que tout le monde s’arrête pour suivre le message de leur président. Ce message doit refléter celui qui est à Natitingou, à Abomey ou à Sègbohouè qui doit se sentir concerné.
La question que je me pose est de savoir si la population se sent vraiment concerné par ce qui a été dit ? Moi, je me suis arrêtée pour suivre parce que je suis engagée politiquement et je veux m’informer. Est-ce que les présidents successifs du Bénin se sont-ils posé cette question depuis des années qu’ils font cet exercice? J’ai posé le problème sous Kérékou. J’ai fait des propositions sous Yayi. J’aimerais bien que ces propositions soient mises en application. Il y va de l’intérêt des gouvernants et des gouvernés car je suis sûr que les femmes de Dantokpa n’ont pas écouté le discours, alors qu’elles sont concernées par le Covid-19. C’est pourquoi, je prône le dialogue depuis. Il faut qu’on aille s’asseoir pour discuter. Le dialogue, ce n’est pas seulement pour évaluer la gouvernance d’un président. C’est pour s’interroger sur le chemin parcouru et les choses à revoir dans le fonctionnement de la République. Cela nous ramène à notre esprit de consensus dans lequel nous devons diriger nos pays en Afrique pour ne pas copier servilement ce que les gens font ailleurs parce que les réalités socioculturelles ne sont pas les mêmes. Lorsque vous prenez la Chine, on l’appelle démocratie, mais vous savez comment cela fonctionne là-bas de façon tournante. C’est pareil pour l’Allemagne, l’Angleterre, le Japon, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et le Portugal. Ils ont su adapter la démocratie à leurs réalités socioculturelles.
Je voudrais que l’Afrique réfléchisse également à travers les modèles de ces pays pour que les réalités socioculturelles soient prises en compte dans la définition de nos modes de gouvernance ».