La position de fermeté envers les putschistes du Niger adoptée par Cotonou semble voler en éclats. Selon Shegun Bakari, ministre béninois des Affaires étrangères il faut désormais négocier avec Niamey. Entre les putschistes de Niamey et les autorités de Cotonou, la tension reste à son comble,
Cinq mois après le coup d’État au Niger qui a renversé le président Mohamed Bazoum c’est toujours la lune de fiel entre les autorités de transition ( et les autorités de Cotonou. S’alignant sur les décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Bénin avait adopté une position de fermeté contre les putschistes de Niamey). Pour rétablir Bazoum au pouvoi, la Cedeao avait multiplié les sanctions économiques contre le Niger et même menacé le pays d’une intervention militaire. Le Bénin a été accusé d’être de coànnivence avec la France pour attaquer le Niger. Conséquence, le Niger a fermé et militarisé ses frontières, surtout la principale avec le Bénin, c’est à dire celle de Malanville. Le Niger a aussi préféré le Port de Lomé boycottant ainsi celui de Cotonou qui est pourtant, celui le plus accessible.
Négocier avec le CNSP, un retour rapide à l’ordre constitutionnel
Début décembre 2023, la CEDEAO a reconnu le coup d’Etat intervenu au Niger. Elle a mis en place un comité chargé de négocier avec les autorités de transition. Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, le ministre béninois des affaires étrangères, Olushegun Bakari privilégie la piste du dialogue avec les putschistes du Niger. « Voilà quatre mois que le coup d’État a eu lieu, et quatre mois que nous sommes dans l’impasse. Il nous faut être réalistes, et revoir nos exigences. Le gouvernement du président Bazoum a été renversé, c’est un état de fait. Il nous faut sortir de cette situation, aller de l’avant. Et, pour cela, négocier avec le CNSP [Conseil national de sauvegarde de la patrie] un retour rapide à l’ordre constitutionnel », affirme-t-il.
Au ministre des Affaires étrangères du Bénin de reconnaître que les exigences de la CEDEAO envers le Niger n’étaient pas réalisables. Toutefois, il nuance et évoque certaines : « Nous savons que les exigences passées ne sont pas réalisables, mais nous avons un minimum (d’objectifs) à atteindre : la libération de Mohamed Bazoum, de sa famille et des membres de son gouvernement. C’est un geste fort qui est attendu de la part du CNSP si l’on veut se diriger vers des négociations et, à terme, vers une levée graduelle des sanctions ».
« Il faut laisser toutes les portes ouverte»
Entre les militaire au pouvoir au Niger et les autorités du Togo, les relations sont au beau fixe malgré les sanctions de la CEDEAO. Selon le ministère béninois des Affaires étrangères, en diplomatie, il faut laisser toutes les portes ouvertes. « Il est essentiel qu’il y ait toujours des canaux qui permettent de maintenir le dialogue. Le Togo fait partie de la CEDEAO et participe activement au rétablissement de la stabilité dans la sous-région. Il faut par ailleurs préciser que la CEDEAO n’est pas en guerre contre le Niger, qui est un pays frère, et que la position du Togo, qui va dans le sens de la négociation, n’est pas différente de celle de l’organisation », a confié Olushegun Bakari à Jeune Afrique.
S.E.
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