Au Mali, Human Rights Watch (HRW) a publié mercredi 8 mai un rapport sur les massacres commis par les jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Jnim), liés à al-Qaïda. L’organisation de défense des droits humain a aussi détaillé des exactions de chasseurs traditionnels dozos, qui se sont transformés depuis des années en groupes d’autodéfense face aux jihadistes. Dans les deux cas, les faits remontent au mois de janvier et se sont déroulés dans le centre du Mali.
Le 27 janvier, vers 18h, plusieurs dizaines de jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Jnim) débarquent dans les villages voisins d’Ogota et d’Ouembé, région de Mopti. Ils sont à moto, armés de kalachnikovs, ou à bord de véhicules équipés de mitrailleuses.
Selon les informations recoupées par Human Rights Watch auprès de 25 témoins directs, activistes maliens et membres d’organisations internationales, et grâce à l’analyse d’images satellites, les jihadistes ont tué ce jour-là 32 personnes dont des femmes, des vieillards et des enfants. D’abord avec des tirs en rafales, et exécutions sommaires, puis mes villages sont incendiés : plusieurs personnes ont été retrouvées carbonisées dans leur maison.
Des habitants expliquent avoir été attaqués, car une partie des chasseurs dozos protégeant les villages avait refusé de déposer les armes. Cela alors que d’autres s’étaient résignés à conclure un accord avec les jihadistes, en position de force.
De violentes attaques dozo en représailles à des exactions du Jnim
Quelques semaines plus tôt, les 3 et 6 janvier, des groupes de chasseurs traditionnels dozos avaient attaqué les villages de Boura et Kalala, région de Ségou. Cela en représailles à de précédentes attaques du Jnim, selon les témoignages recueillis par HRW.
À Kalala, armés de fusils d’assaut et de kalachnikovs, les dozos à moto avaient pris la direction du terrain de foot, puis de la moquée, en tirant. Le chef du village, le muezzin et un aveugle, entre autres, sont exécutés d’une balle dans la tête. Bilan total : 13 morts, des maisons pillées, d’autres incendiées.
À Boura, les dozos ont enlevé 24 personnes, dont le chef du village de 72 ans, pillent des maisons et du bétail. Aucune nouvelle à ce jour des villageois disparus.
Human Rights Watch exhorte les autorités maliennes de transition à enquêter afin de traduire en justice les responsables de ces abus.
Dans un précédent rapport publié en mars, Human Rights Watch avait dénoncé les « atrocités » de l’armée malienne, accusée d’avoir « illégalement tué et sommairement exécuté plusieurs dizaines de civils lors d’opérations de contre-terrorisme » dans le centre et dans le nord du pays.
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