La visite d’Etat au Bénin du président français François Hollande renforce les relations bilatérales entre le Bénin et la France. Dans un discours prononcé, ce jeudi 2 juillet à Cotonou, le président français a également parlé de sécurité et de développement. François Hollande est venu au Bénin pour le remercier de son engagement au Mali, aux côtés de l’armée française. Il l’a également félicité de son attachement à la démocratie, à ses institutions et à sa Constitution. Les deux présidents qui ont été admis dans l’ordre national de chaque pays ont signé deux importants projets d’accord sur l’éducation, la santé et l’agriculture.
Le Président français a dit toute sa satisfaction de l’expérience démocratique en cours au Bénin. Cette visite d’Etat permet au Bénin et la France d’écrire une nouvelle page de leur coopération vieille de plusieurs décennies.
Au Bénin, où François Hollande débutait jeudi 2 juillet sa tournée de 48 heures en Afrique, le président français a pris la parole à la suite du président Thomas Boni Yayi (voir discours en page 6). Pour désamorcer toute critique, il a d’abord justifié sa présence, alors que « tant de choses m’appellent à rester là où je suis, à ma place, en France. » Parmi ces « choses »?: « les difficultés de la Grèce » en Europe, et le défi de la croissance et de l’emploi, en France.
En dépit de ce contexte, François Hollande est venu au Bénin pour le remercier de son engagement au Mali, aux côtés de l’armée française. Il l’a également félicité de son attachement à la démocratie, à ses institutions et à sa Constitution. « J’ai voulu venir ici car vous êtes une référence sur le plan démocratique », a salué le chef de l’Etat français dans la salle du Peuple du palais présidentiel de Cotonou, dans un discours prononcé devant le gouvernement, les parlementaires et les corps constitués. « Vous savez combien je suis attaché, ici comme ailleurs, à ce que soient respectés les textes constitutionnels, les échéances électorales, les rythmes de la démocratie. Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner », a ajouté M. Hollande.
Le Bénin, un exemple en matière de démocratie en Afrique et dans le monde
« Avec trois alternances en vingt cinq ans, avec des institutions qui fonctionnent, avec une constitution toujours respectée, avec des élections régulières, ce sont autant de preuves que le Bénin a réussi non pas sa transition démocratique, mais à donner à ses institutions une pleine tradition démocratique », se réjouit le président français.
François Hollande a donc fait l’éloge du régime du Bénin, qui dit-il est une « référence » démocratique en Afrique, envoyant un message aux dirigeants d’autres pays du continent tentés de s’accrocher au pouvoir. Le Bénin, dira le président français, est un exemple en matière de démocratie en Afrique et dans le monde
« La stabilité des institutions, c’est la stabilité du pays. Le respect de la Constitution, c’est le respect des citoyens et l’acceptation du verdict des urnes, c’est la preuve de la maturité. » A Cotonou, devant la presse puis devant les personnalités politiques béninoises, le président francais a pointé du doigt la situation du Burundi, plongé dans une grave crise politique en raison de la candidature à un troisième mandat de son actuel président, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005.
François Hollande a appelé les pays africains à s’inscrire à l’école du Bénin, pour asseoir les bases d’une véritable démocratie gage du développement.
S’agissant de la sécurité, le président français a salué les efforts déployés par les pays africains dans leur croisade contre le terrorisme. Il a particulièrement loué le leadership du président béninois Boni Yayi, alors président en exercice de l’Union africaine, dans le démantèlement des réseaux jihadistes au nord-Mali. L’initiative béninoise sur le dialogue inter religieux est à ses yeux, la vision éclairée du Bénin en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme religieux. « Lorsqu’un peuple est attaqué, il faut une réponse commune. La France défend sa sécurité, parce que ce qui se passe en Afrique a des conséquences en France. Mais elle est aussi solidaire » soutient le président français tout en reconnaissant au passage, la contribution de l’Afrique à la défense de la France lors des deux guerres mondiales.
Engagement de la France dans des programmes d’éducation et de santé
Mais la réponse militaire n’est pas suffisante pour lutter efficacement contre l’insécurité, a noté le président français. On doit aussi s’attaquer à ses causes. En premier lieu, l’éducation et la santé.
C’est pourquoi, a-t-il dit, la France a signé une convention avec le Bénin pour ouvrir des classes et former des enseignants. Et qu’elle est engagée dans un programme de lutte contre le paludisme à Cotonou.
En effet, les deux présidents ont signé deux projets d’accord de partenariat dont un projet d’appui à l’enseignement secondaire et un projet pour l’adaptation aux changements climatiques.
Après son intervention, François Hollande a visité un laboratoire franco-béninois où l’on teste un vaccin contre le paludisme et la Bluezone du groupe Bolloré, un espace de vie dédié principalement aux nouvelles technologies. Il a rencontré la communauté française à Montaigne. Il s’est ensuite envolé, en début d’après-midi pour Luanda, en Angola.
Le reste du discours du président français a été, enfin, dominé par les questions environnementales et la nécessité de réussir la future conférence sur le climat organisé à Paris, en décembre prochain. Sur cette question de la protection de l’environnement, François Hollande fait de la conférence de Paris sur le climat un enjeu capital. C’est pourquoi il lance un appel au continent africain à se rallier à cette rencontre mondiale, destinée à établir un nouvel ordre environnemental. » Nous avons besoin de l’Afrique et l’Afrique à besoin de la conférence de Paris pour que nous puissions nous développer ensemble, prospérer ensemble, protéger ensemble notre environnement », décalre Hollande. Plaçant la ville au cœur du projet écologique de demain, il annonce la mise en œuvre d’un projet urbain de l’ordre de 20 milliards en faveur de Cotonou et Porto-Novo, avec comme axes majeurs, la lutte contre le réchauffement climatique, la protection des lagunes, la réhabilitation des zones précaires, etc.
La France, un partenaire stratégique
Pour le Chef de l’Etat béninois, cette visite offre l’occasion au Bénin, de rendre hommage à la France pour son accompagnement et son soutien dans le combat que mène l’Afrique pour la sécurité, la paix, la liberté, la démocratie, l’Etat de droit et le développement durable. Au plan de la coopération bilatérale, le président béninois exprime ses gratitudes à la France pour avoir inscrit le Bénin au rang des 17 pays bénéficiaires des ressources concessionnaires de l’Aide publique française au développement (Afd). Une enveloppe de 101 milliards et de 70 milliards de francs Cfa a été accordée au Bénin pour le financement de ses secteurs prioritaires, respectivement au titre des programmes de 2006-2010 et de 2014-2016. Sur le continent, Boni Yayi salue le rôle déterminant joué par la France aux côtés de pays africains, dans leur lutte contre le terrorisme. Il a saisi l’occasion pour solliciter de François Hollande et de ses pairs occidentaux un appui conséquent à l’Union africaine dans la mise en place de la Force multinationale mixte (Fmm) contre Boko Haram au Nigeria et plus généralement d’une force d’intervention. La France est donc un partenaire stratégique pour le Bénin et pour l’Afrique.