L’actuel ministre ivoirien de la Défense a été nommé chef du gouvernement par le président Alassane Ouattara, ce jeudi 30 juillet 2020. Il succède à Amadou Gon Coulibaly, décédé brutalement le 8 juillet dernier.
Depuis la disparition d’Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko assurait l’intérim à la tête du gouvernement. Désormais, il prend officiellement le poste de Premier ministre tout en conservant son portefeuille de la Défense. Une place qu’il occupe depuis juillet 2017.
Ce proche du président Ouattara fait partie de son cabinet depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, en avril 2011. Avant la Défense, il est resté pendant plus de six années à la tête du ministère de l’Intérieur et de la sécurité.
Avec Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko apparaissait comme l’un des favoris pour être le candidat du parti au pouvoir lors de la présidentielle d’octobre prochain. Mais finalement, ce fut l’ancien Premier ministre qui a été désigné en mars 2020 pour défendre les couleurs du RHDP. Désormais, le parti s’est rallié derrière le président sortant, lui demandant de briguer un troisième mandat.
Longue expérience politique
A 55 ans, le nouveau chef du gouvernement ivoirien est un proche de longue date du président Alassane Ouattara. Hamed Bakayoko s’engage au RDR (Rassemblement des Républicains), le parti d’Alassane Ouattara et ancêtre du RHDP, dès sa création en 1994.
Puis en 2003, sous l’impulsion de Guillaume Soro et alors que Laurent Gbagbo dirige la Côte d’Ivoire, il devient ministre des Nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les gouvernements d’union nationale. Un poste qu’il conserve jusqu’en 2011 et l’arrivée au pouvoir de son mentor, qui le nomme directement ministre de l’Intérieur.
En 2017, Hamed Bakayoko passe à la Défense, avec une mission : redresser l’armée, éprouvée par les nombreuses mutineries. Et un an plus tard, c’est la mairie d’Abobo, une des communes les plus peuplées d’Abdijan, qu’il remporte avec près de 60% des voix.
Depuis le mois de mai et l’hospitalisation puis le décès du candidat du président, Hamed Bakayoko assurait l’intérim à la primature. La confirmation de sa nomination était donc attendue. Elle peut en effet d’abord s’expliquer par l’ordre protocolaire. En tant que ministre de la Défense, l’enfant du Nord était devenu le numéro 2 du gouvernement. Mais à trois mois du scrutin présidentiel, c’est la raison politique qui prend le dessus.
Capable de monter au front
Selon le politologue de l’Institut stratégique d’Abidjan Sylvain N’Guessan, HamBak, comme on le surnomme, reste le seul capable de « monter au front », non seulement pour diffuser les consignes du président Alassane Ouattara auprès des militants du RHDP, mais aussi pour user de son entregent en cas de crise. Une efficacité qu’il a su mettre à l’épreuve en 2017 lors des mutineries dans les rangs de l’armée.
Un Bakayoko chef du gouvernement et ministre de la Défense laisse penser que la priorité du pouvoir est d’assurer la sécurité du territoire, à la fois contre les intrusions terroristes qui s’accentuent en Côte d’Ivoire, et contre d’éventuelles violences liées à l’élection, schéma bien malheureusement habituel dans le pays.
Enfin, l’analyste Sylvain N’Guessan estime qu’une nomination d’ « HamBak » à la Primature l’écarte de fait de la course à la fonction suprême, de quoi renforcer la possibilité d’une candidature du président sortant.
La fidélité sans faille d’Hamed Bakayoko joue aussi en sa faveur. Biberonné au RDR, l’homme de 55 ans est aussi très populaire auprès d’une partie de la jeunesse ivoirienne. C’est lui qui a principalement agencé les funérailles grandioses de l’artiste et icône DJ Arafat, décédé il y a presqu’un an.
Avec RFI