On connait depuis ce mercredi la destination politique de Guy Dossou Mitokpè. Six (06) mois jour pour jour, c’est à dire le 12 avril 2022, après le départ de l’ex secrétaire général de Restaurer l’Espoir, parti de Candide Azannai (ancien ministre de la défense du président Talon et qui a bascule dans l’opposition), il rejoint le parti Les Démocrates du président d’honneur Boni Yayi et du Président Éric Houndété. Il donne les raisons de son adhésion au parti LD. Voici l’intégralité de sa déclaration.
Déclaration politique d’adhésion de Guy MITOKPE et de ses amis au parti Les Démocrates…
Cotonou, le 12 octobre 2022
Excellence Monsieur le Président du parti « Les Démocrates «
Excellence Messieurs les Vice-Présidents du parti « Les Démocrates «
Chers Responsables membres du Bureau Exécutif National du parti « Les Démocrates «
Chers Responsables, distingués invités en vos rangs, grades et qualités du parti les Démocrates et les autres partis ou mouvements alliés…
Chers responsables, chers amis, chers compagnons de lutte, ici présents…
Recevez mes sincères salutations et toute ma reconnaissance pour votre forte mobilisation dans cette magnifique salle du chant d’oiseau.
Avant tout propos, je voudrais respectueusement nous demander d’observer une minute de silence en la mémoire de tous les camarades de lutte et de tous les compatriotes innocemment tombés durant ces dernières années…
L’occasion qui nous réunit dans ce splendide cadre du « chant d’oiseau « , en ce jour du mercredi 12 octobre 2022, est une occasion heureuse et solennelle.
En effet, il y a de cela 6 mois jour pour jour, c’est à dire le 12 avril 2022, en toute responsabilité et après avoir discuté longuement avec le Président Candide AZANNAÏ, je rompais les liens qui me liaient au parti Restaurer l’Espoir comme Secrétaire Général et membre fondateur du parti.
Vous avez été nombreux à vouloir comprendre les raisons qui ont motivé une pareille décision à un moment où nous devons davantage nous serrer les coudes face au régime en place.
C’est le lieu et le moment, pour mes amis et moi, de rendre un hommage appuyé au Président de mon ancien parti Candide Azannaï et, à tous les cadres et militants avec qui, nous avons, quinze (15) années durant, voulu construire un vrai idéal politique fondé sur de vraies valeurs.
Je n’oublie aucun de ces moments, où j’ai appris comme un élève auprès de son mentor, les fondements de la politique moderne. Ces aînés à divers niveaux, certains étant d’anciens ministres, d’autres d’anciens parlementaires, tous m’ont entouré de leurs conseils, de leurs instructions et de leur amour. Tout cela a fortifié mon engagement politique.
Nous avons appris dans la ferveur de l’opposition, nous avons appris dans la ténacité de la Résistance, nous avons aussi appris dans la fumée des bombes lacrymogènes…
J’ai connu l’exil durant plusieurs semaines, mais dans ces durs moments, j’ai obtenu du soutien, de la sollicitude non seulement de la part du Président Candide AZANNAÏ mais également de la plupart des membres du parti Restaurer l’Espoir.
Je leur en suis reconnaissant.
J’ai beaucoup appris, et je continue encore d’apprendre…
Cependant, nonobstant ce climat de respect mutuel, de travail acharné et de considérations réciproques, je devrais continuer à ne jamais perdre de vue que je n’étais que le Secrétaire Général du parti… La plupart du temps, mes positions et mes incompréhensions ne devraient en aucun cas remettre en cause celle du Président du parti.
Sur les aspects de la communication où je n’étais plus trop en accord, soit je restais et dans ce cas, j’entretenais une contestation en interne ou bien, je prenais mes responsabilités en décidant de partir.
J’ai pris la décision de partir.
Face aux enjeux républicains et vu l’impératif des partis à évoluer dans un cadre beaucoup plus large, et n’ayant pas pu convaincre le parti RE à aller vers un ensemble plus élargi tout en gardant nos objectifs de lutte, je me suis vu dans l’obligation de rompre les amarres…
J’ai rompu les amarres parce que j’ai jugé bon qu’il fallait aller vers un cadre plus large, tout en gardant les objectifs du combat et de la lutte que nous menons…
J’ai rompu les amarres parce que je crois que nous devons nous donner les moyens d’exister politiquement en impactant positivement les décisions qui seront prises dans les prochaines années et pour cela, il faudra être là où ces décisions politiques se prennent…
J’ai rompu les amarres parce que je ne souhaitais pas remettre en cause les liens que j’ai co-construits avec les responsables du parti Restaurer l’Espoir et principalement avec le Président Candide AZANNAÏ… Ma conscience me le reprocherait.
Excellence Monsieur le Président,
Chers responsables,
Distingués invités,
Les défis qui nous attendent dans la reconquête de nos acquis démocratiques, sont nombreux et titanesques…
Nous n’avons pas cédé à la peur et nous ne nous sommes pas laissés intimidés par les vendeurs de la peur.
Mes amis et moi, avons compris que nous devons nous retrousser les manches afin de retourner au combat politique et surtout aller auprès de nos populations et leur annoncer la bonne nouvelle de la résistance des gènes démocratiques que nous portons et qui finiront par vaincre les velléités despotiques…
Aller vers les prochains enjeux électoraux, c’est pouvoir expliquer avec les mots justes, pourquoi le taux de suicide auprès de nos populations croit jour après jour…
Aller vers les prochains enjeux électoraux, c’est pouvoir expliquer avec les mots qui conviennent à nos populations les vraies raisons de désertion au sein des forces de la police dite républicaine…
Aller vers les prochains enjeux électoraux, c’est de pouvoir expliquer à nos concitoyens les dangers que court un pays quand toutes les lois sont votées à l’unanimité par le parlement…
Aller vers les prochains enjeux électoraux, c’est pouvoir expliquer aux jeunes le danger que comporte la loi sur l’emploi en république du Bénin…
Les raisons sont multiples et diverses…
Aujourd’hui, notre objectif est d’empêcher qu’un seul courant, qu’un seul parti, qu’un seul groupe de personnes, qu’un seul homme, puissent détenir tous les pouvoirs et nous imposer leur diktat d’une manière unilatérale.
Excellence Monsieur le Président,
Chers responsables ici présents,
Distingués invités,
Nous avons à cœur de ne pas trahir le sens de notre combat qui est fondamentalement basé sur la restauration de nos valeurs démocratiques et à cela, s’ajoute notre quête du développement durable.
Ensemble, nous devons retrouver la force de reconstruire, là où les choses ont été déconstruites.
Rester constants, être proches du peuple, chercher des solutions aux difficultés du peuple, ne pas trahir les attentes de cette jeunesse et de toutes ces femmes, rester debout et se battre avec dignité, remettre le Bénin sur les rails de l’espoir, de la démocratie et restaurer État de droit.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de rejoindre le parti « Les Démocrates ».
A compter de ce jour, nous prenons l’engagement d’être membres du parti » Les Démocrates » .
Je vous rassure, ce choix n’est pas le choix du ventre…
Ce choix est avant tout le choix des femmes, c’est le choix des jeunes, c’est votre choix car partout où vous nous rencontrerez, vous n’avez pas manqué de nous exhorter à rejoindre le parti « Les Démocrates « .
Voilà, ce choix est fait !
Si ce choix doit changer un jour, il ne se fera pas sans vous. Nous n’avons jamais cessé de vous écouter et de faire l’effort d’être en harmonie avec nos précédentes luttes pour plus de bonheur partagé et pour plus de démocratie…
Croyez-moi, nous avons écouté nos cœurs, nous avons écouté les conseils de la majorité de nos concitoyens, nous avons écouté la voix de Dieu. Nous donnerons tout pour que ça marche, nous ferons tout pour que nous soyons le meilleur parti.
Nous sommes plus que jamais convaincus que notre combat est celui de nos jeunes, de nos femmes, de nos vieillards, et de notre peuple…
Notre lutte consistera à apporter la lumière là où il y a de l’obscurité.
Ensemble avec le parti Les Démocrates, notre lutte consistera à apporter la joie là où il n’y a que des pleurs.
Ensemble avec le parti les Démocrates, nous dirons aux jeunes de l’Atacora – Donga, du Borgou – Alibori, nous dirons aux jeunes du Zou et des Collines, aux jeunes du Mono – Couffo, aux jeunes de l’Ouémé- Plateau et enfin aux jeunes de l’Atlantique et du Littoral, que rien n’est perdu… Nous leur dirons qu’il y a de l’espoir… Là où les emplois ont été détruits, nous travaillerons à créer des emplois… Là où les gens ont été injustement traités, nous ferons tout pour que justice soit faite…
Excellence Monsieur le président du parti Les Démocrates…
Chers responsables ici présents,
Distingués invités,
L’heure n’est plus aux jérémiades, il faut occuper le terrain…
Il est temps de quitter les illusions, il est temps d’arrêter les incantations stériles, le temps est propice à une seule chose : occuper le terrain…
Nous devons aller dire à nos parents et clamer partout, que nous irons à la prochaine élection législative et que nous la gagnerons…
Oui nous gagnerons la prochaine élection législative non pas parce que nous sommes au pouvoir, mais parce que nous sommes proches du peuple martyrisé qui souffre…
Nos compatriotes nous attendent dans les quartiers, dans les maisons, dans les villages, dans les hameaux avec une calebasse remplie d’eau fraîche pour nous souhaiter kwabô…
Ils nous attendent pour communier, ils nous attendent pour oublier le désastre de 2019…
Ils nous attendent pour faire du 8 janvier 2023, un jour de fête nationale, un jour qui libérera le palais des Gouverneurs, pris en otage depuis 2019…
Je ne pourrai finir la présente déclaration sans vous raconter l’histoire de cette compatriote, qui m’a beaucoup marquée.
Un soir, alors que j’étais à la maison avec ma petite famille, un de mes enfants a commencé à faire de la fièvre.
Ma femme a fouillé en vain dans la boîte à pharmacie pour trouver un médicament qui baisserait la fièvre.
Elle me demanda de me rendre à la pharmacie la plus proche pour chercher un sirop qui allait soulager l’enfant en attendant le lendemain matin pour aller voir un médecin…
Je me suis rendu à la pharmacie. La nuit étant avancée, j’ai constaté que la porte de la pharmacie était fermée mais une équipe restreinte vendait les médicaments à travers un portique de sécurité.
Il y avait une file de clients qui attendait. Je me suis mis dans le rang.
Juste devant moi, il y avait une dame d’un certain âge avec un bébé au dos.
Elle comptait et recomptait les pièces qu’elle avait sur elle…
J’avais remarqué qu’elle était embarrassée, elle était triste… Son bébé pleurnichait… Elle semblait très malheureuse… Quand son tour d’acheter le médicament arriva, je l’ai vue hésiter … Apparemment, elle venait de compter les dernières pièces d’argent en sa possession, et devait se rendre compte qu’elle avait juste de quoi payer le médicament que l’auxiliaire de pharmacie lui tendait… Finalement elle décida de prendre les médicaments et paya …
Je vis de la souffrance dans ses yeux… Moi non plus, je n’avais pas beaucoup d’argent sur moi .
Je l’ai laissée sortir du rang, et je me suis approché d’elle et lui ai remis discrètement un billet de 1000f cfa.
Sa réaction m’a foudroyée… Elle était tellement surprise par ce geste, qu’elle se laissa tomber par terre en pleurant…
Elle pleurait et elle prononçait des bénédictions sur moi… Elle m’a demandé si j’étais un ange? Car dit-elle, « c’était mes derniers sous que je venais de dépenser… »
Si je vous raconte cette histoire, ce n’est pas pour humilier cette compatriote inconnue, mais je vous la raconte, parce que c’est ce que vit une grande partie de nos compatriotes…
Nos compatriotes souffrent, nos compatriotes ont faim, nos compatriotes n’arrivent plus à se soigner, nos compatriotes n’ont plus foi en l’avenir…
Il faudrait que cela change. Nous devons comprendre et accepter que lorsqu’on a la charge de décider pour des millions de personnes, on doit d’abord penser à leur bien-être …
Comment pourrai-je finir cette déclaration politique d’adhésion sans penser à tous ces jeunes compatriotes au chômage et dans le désespoir ?
C’est également l’occasion pour mes amis et moi, d’exprimer toute notre compassion à l’égard de nos compatriotes en exil.
Et nous n’oublions pas nos compatriotes incarcérés dans les prisons pour des faits politiques.
Enfin, c’est l’occasion pour nous en ce lieu, de rendre un vibrant hommage à deux hommes qui ont marqué l’histoire de notre pays :
Monsieur Nicéphore Dieudonné SOGLO, Ancien Président de la république, Vice-Président de l’Association des Anciens Présidents de Républiques
Et
Monsieur Thomas Boni YAYI, Président d’honneur du Parti Les Démocrates et Ancien Président de la République,
Nous vous remercions pour ce déplacement massif…
Vive le Bénin
Vive la Démocratie
Vive le Parti « Les Démocrates «
Que Dieu bénisse le Bénin