Le président de la Fifa Gianni Infantino a été réélu à la tête de la Fifa lors du 73e Congrès de l’instance. Seul candidat en lice, l’Italo-Suisse était candidat à sa propre succession. Il est assuré d’être à la tête de l’instance au moins jusqu’en 2027.
Un Mondial de football à 104 matches dès 2026, un tournoi planétaire de 32 clubs : réélu jeudi pour quatre ans à la tête de la Fifa, l’Italo-Suisse Gianni Infantino, en poste depuis 2016, entend inaugurer une ère de tous les superlatifs, faisant gonfler compétitions et revenus. « On a besoin de plus, et pas de moins de compétitions mondiales pour développer le football », a résumé le dirigeant de 52 ans lors du 73e Congrès de l’instance à Kigali, avant d’être reconduit par acclamation par les délégués des 211 fédérations membres, seul en lice comme lors de sa précédente élection en 2019.
Si ce système ne permet pas de compter les voix dissonantes, les fédérations norvégienne, allemande et suédoise ont chacune fait savoir qu’elles ne l’avaient pas soutenu, la Norvège réclamant par ailleurs un bilan des décès sur les chantiers du Mondial 2022 au Qatar et de leur indemnisation, accepté par l’instance. Mais la poignée d’Etats frondeurs n’ont pu s’entendre sur une candidature concurrente. Et l’ancien homme de confiance de Michel Platini à l’UEFA (2009-2016), élu inattendu à la tête de la Fifa en février 2016 après une cascade de scandales, est assuré de rester au sommet du foot mondial au moins jusqu’en 2027.
Pouvoir redistributif
Si les statuts de l’organisation de Zurich prévoient désormais trois mandats de quatre ans au maximum, Infantino a déjà préparé le terrain pour rester jusqu’en 2031, déclarant mi-décembre qu’il était « toujours dans son premier mandat », puisque son bail 2016-2019 était incomplet. L’horizon paraît dégagé pour le juriste au crâne lisse, qui a encore clamé jeudi vouloir « rendre le football véritablement mondial », et se pose en rempart face à l’hégémonie sportive et économique du foot européen grâce aux programmes de développement de la Fifa, dopés par ses recettes croissantes.
Comme il y a quatre ans, il peut afficher un bilan financier solide, avec une hausse de 18% des revenus et de 45% des réserves sur le cycle 2019-22 par rapport au précédent, qui permet à la Fifa d’augmenter encore ses subventions aux confédérations et fédérations, soit la clé de son système redistributif comme de son système électoral. Car l’organisation accorde les mêmes montants à Trinité-et-Tobago, Saint-Kitts-et-Nevis, aux Bermudes et à la Papouasie-Nouvelle-Guinée qu’au Brésil ou à l’Allemagne, chacune de ces fédérations disposant également d’une voix au Congrès.
Fractures du football
Pour peu que le président contente les 35 associations d’Amérique centrale ou les 54 fédérations africaines, il peut ainsi se permettre de froisser les puissantes nations européennes: en envisageant une Coupe du monde biennale avant d’y renoncer, l’an dernier, ou en interdisant à une poignée de sélections d’arborer un brassard inclusif « One Love » lors du Mondial qatari, pour proclamer leur attachement aux droits LGBT.
Côté gouvernance, son dernier mandat a été marqué par une vaste réforme des transferts, par l’institution d’un congé maternité pour les joueuses professionnelles ainsi que par des règles de procédure disciplinaire plus protectrices pour les victimes de violences sexuelles. D’ores et déjà, les principaux chantiers des prochaines années sont entérinés: à commencer par le passage de la Coupe du monde féminine de 24 à 32 équipes cette année, avec une dotation augmentée de 300% à 150 millions de dollars, et du Mondial masculin de 32 à 48 équipes à partir de l’édition 2026, partagée entre Etats-Unis, Canada et Mexique.
Mondial des clubs élargi
Par ailleurs, la Fifa a décidé le 16 décembre d’élargir son Mondial des clubs d’un format annuel à sept équipes à une compétition quadriennale à 32 équipes à partir de l’été 2025. Un projet que son patron tente de faire aboutir depuis des années pour concurrencer la lucrative Ligue des champions de l’UEFA.
Mais cette course à l’expansion pourrait bien réveiller les fractures du football : mercredi soir le Forum mondial des ligues (WLF), regroupant une quarantaine de championnats, a dénoncé des décisions « sans consultation », qui alourdissent encore « un calendrier déjà surchargé, et ne tiennent aucun compte de l’impact sur la compétitivité des ligues domestiques et la santé des joueurs ». Le WLF, comme son homologue European League regroupant les championnats européens, va « décider » des réponses « les plus appropriées », laissant planer la menace d’une riposte judiciaire.