(« Au Bénin, la démocratie est-ce, seulement les droits ; les libertés ? Ou les devoirs ? », questionne-t-il)
A travers un post sur sa page facebook intitulé « La démocratie : Une fascination qui coupe les ailes aux Africains », Fred Adriano Houénou, soumet les Béninois à un exercice de conscience pour essayer de trouver réponses à différentes questions qu’il pose sur la démocratie au Bénin.
Partant de l’étude des cas de la Grèce antique (où est née la démocratie) et aux États-Unis ainsi qu’en France, Fred Adriano Houénou en arrive au cas du Bénin. Il pose ensuite des questionnements qui ouvrent le débat. Dans les pays de régime démocratique en Afrique, la plupart des Africains veulent avoir leur liberté d’agir. Toute chose qui amène parfois certains à piétiner les lois de la République, peu importe les conséquences sur le processus de développement. Dans son dernier entretien, le Président du Bénin, Patrice Talon fait savoir aux Béninois que « la démocratie est une forme avancée de l’anarchie et ceux-ci préfèrent évoluer dans cette anarchie avancée et modernisée ». Certainement le dernier entretien du chef de l’Etat sur la démocratie a conduit le conseiller technique aux affaires stratégiques du ministre de la communication, Fred Adriano Houénou, à demander aux Béninois si la démocratie est-ce, seulement les droits ; les libertés ? Ou les devoirs ? Nous vous proposons l’intégralité du post de Fred Adriano Houénou sur sa page facebook.
« La démocratie : Une fascination qui coupe les ailes aux Africains »
« Mes chers amis,
J’ai souvent pensé que lorsqu’un mot est devenu si universellement sanctifié comme l’est maintenant « démocratie » il faut sérieusement commencer à se demander s’il signifie quelque chose, en signifiant trop de choses.
Une étude des cas de la Grèce antique (où est née la démocratie) et des États-Unis et de la France montre que » démocratie » est un mot à l’histoire complexe, qui se caractérise toutefois dans la modernité par un décalage entre son sens originel et le sens que lui ont attribué les élites au gré des luttes politiques et de leur désir de mobiliser les masses . La démocratie est aujourd’hui le nom que les élites utilisent pour désigner des régimes libéraux qui pourtant n’ont pas été fondés par des démocrates, même si des événements historiques sont associés de manière illusoire à la démocratie ( la guerre d’indépendance aux Etats-Unis ou la Révolution en France) . « Democratie « est devenu un mot à ce point populaire que les universitaires spécialistes de la démocratie se laissent duper et croient que le régime d’Athènes et celui de Washington ou de Paris relèvent du même esprit et des mêmes principes, parce qu’ils ont le même nom ! Le raisonnement va généralement comme suit : le mot » démocratie » nous vient des grecs et signifie le gouvernement du peuple. Mais un tel régime est aujourd’hui impensable et impossible dans le cadre de nos nations modernes. De plus , les individus modernes ne veulent pas tant participer à la vie politique qu’être libres de se consacrer à leur vie privée ( travail, famille, loisir) . En conséquence, oublions le sens étymologique et historique du mot « démocratie » mais utilisons le tout de même pour désigner nos régimes électoraux car c’est finalement le plus beau des noms de régimes.
La manipulation linguistique des élites politiques du XlXe siècle a donc des effets sur la philosophie, l’histoire, et la science politique : un même mot qui désigne deux régimes politiques si différents, et voilà brouillé notre entendement de l’histoire politique.
La démocratie est un régime politique dans lequel le peuple exerce le pouvoir, or depuis l’Antiquité le Visage de la démocratie a beaucoup changé. Aujourd’hui, dans un régime politique démocratique, la citoyenneté est accessible à la très grande majorité de la population. Comment s’explique cet élargissement de la citoyenneté ? Et qu’est-ce qui définit la citoyenneté ? Est-ce seulement les droits ? Ou les devoirs aussi ? La citoyenneté est-ce donc exclusivement un statut ou c’est aussi une responsabilité ?
Au Bénin, la démocratie est-ce, seulement les droits ; les libertés ? Ou les devoirs ? ». Le débat est ouvert, sommes-nous tentés de dire en cette période de commémoration des 30 ans de la conférence des forces vives de la nation.
Jean-Louis KOGBEDJI