Fred Houénou fait une analyse scientifique et objective

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Il y a quelques jours, la presse internationale, RFI en occurrence a fait cas d’une décision du gouvernement nigérian, interdisant l’octroi par les banques nigérianesde crédits pour l’importation au Nigeria de produits pouvant faire une concurrence déloyale aux producteurs nationaux.


Ce que j’en pense !

Il y a quelques jours, la presse internationale, RFI en occurrence a fait cas d’une décision du gouvernement nigérian, interdisant l’octroi par les banques nigérianesde crédits pour l’importation au Nigeria de produits pouvant faire une concurrence déloyale aux producteurs nationaux.

Aussitôt après, il nous a été donné d’observer la formation le long des frontières entre le Nigeria et ses voisins ( Bénin, Niger, Cameroun ) des colonnes de véhicules bloqués, chargés de marchandises de toutes sortes. Du côté béninois, pour ne parler que de ce qui nous concerne, les conséquences de cette mesure de fermeture des frontières se font sentir durement : les vendeuses d’ananas et d’autres produits agricoles sont affligées par le pourrissement de leurs produits ; les transporteurs se débattent entre le renchérissement des produits pétroliers et la réticence de leurs clients à payer plus pour leurs courses journalières. Nos grands centres d’échanges commerciaux ; Dantokpa, Missèbo etc..se plaignent de la chute de leurs chiffres d’affaires.
Il n’y a pas l’ombre d’un doute que le gouvernement de notre pays saura prendre toutes les mesures appropriées pour trouver dans le dialogue avec les autorités nigérianes une issue rapide à la situation ainsi créée. Cependant cela ne dispense pas les citoyens et acteurs politiques que nous sommes de l’obligation de soumettre les faits survenus à notre analyse et à l’émission de notre opinion.

Dans cette voie, je ne peux m’empêcher de rappeler qu’il y a plus d’une décennie déjà, l’ex président OBASANDJO, en visite officielle chez nous au Bénin a exprimé sans ambages la préoccupation des autorités nigérianes vis à vis des relations économiques entre leur pays et le nôtre. Il disait en occurrence ce qui suit : « le Nigeria est disposé et peut consommer tout ce que le Bénin peut produire et exporter vers lui. Ce que nous n’aimons pas et ne saurons tolérer c’est que le Bénin soit le couloir d’écoulement vers notre pays des produits de toute sorte des pays industrialisés pour faire une concurrence déloyale aux producteurs nigérians » ( sic ).
Beaucoup de béninois qui ont entendu cette déclaration du président OBASANJO s’en souviennent encore comme d’une leçon magistrale d’économie politique. Les événements qui surviennent aujourd’hui, plus d’une décennie après, nous interpellent vivement et doivent interpeler tous les citoyens béninois quelque soient leurs bords politiques et leurs rangs dans leurs camps. N’est il pas temps enfin que tirant les leçons des expériences de notre pays dans le domaine de l’édification de l’économie nationale, nous sachions ce qui est bon pour nous et ce qui est acceptable pour nos voisins dans le cadre des efforts collectifs pour l’intégration régionale sur les différents plans économique , culturel, sécuritaire et autres ?

Il fut un moment où les forces en lutte pour la démocratie et le progrès social dans notre pays, stigmatisaient le caractère extraverti et désarticulé du système économique que nous avons hérité de l’époque coloniale, avec les secteurs clefs contrôlés par les firmes étrangères et leurs succursales. Elles préconisaient l’édification d’une économie nationale indépendante planifiée dont les divers secteurs seront harmonieusement intégrés et équilibrés. Les orientations économiques du genre sont-elles aujourd’hui réellement dépassées, utopiques, incompatibles avec les objectifs de l’intégration africaine ? Sont-elles une absurdité pour un pays qui a fait le choix du multipartisme intégral et du libéralisme économique ? A mon avis , notre pays se doit de persévérer dans la ligne de politique économique visant à :

1- produire pour nous suffire, produire pour exporter et faire rentrer des devises ;
2- prendre l’agriculture pour base et l’industrie pour moteur ;
3- favoriser toutes les initiatives de production à savoir :
– les initiatives de l’Etat
– les initiatives des coopératives
– les initiatives des entrepreneurs nationaux
– les initiatives des investisseurs étrangers
– les initiatives des producteurs individuels
Tout cela en tenant grand compte des exigences de l’intégration sous régionale et africaine.

Chers compatriotes unissons nos forces par delà nos appartenances régionales, confessionnelles et politiques pour édifier notre économie nationale, seule gage de respect de nos voisins.

Fred Adriano HOUENOU