Les soldats ouest-africains de la mission de la Cedeao en Guinée-Bissau (Ecomib), déployés depuis 2012 quittent le pays. Leur mission est arrivé à terme officiellement ce jeudi. Ils étaient environ 800 hommes à leur arrivée en 2012, composés de soldats nigérians, burkinabé, sénégalais et togolais. Cette force sous-régionale était chargée de protéger les chefs d’institutions et les édifices publics. Leur présence a permis de garantir la stabilité du pays.
Le mandat de la force est officiellement arrivé à terme avec le sentiment d’une mission bien accomplie. « On peut affirmer sans aucune exagération que la force de l’Ecomib a rempli sa part de responsabilité avec abnégation, détermination et efficacité pour la stabilisation de la Guinée-bissau et pour son retour à la normalité », a déclaré Jean Claude Kassy Brou, président de la commission de la Cedeao, lors de son intervention.
Et en guise de reconnaissance, l’ensemble des troupes a été distinguée par la médaille de l’ordre national de Mérite, de Coopération et de Développement, la troisième plus haute distinction du pays.
Pour le chef de l’Etat bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, l’expérience des soldats de l’Ecomib sera capitalisée. « Nous sommes convaincus que les efforts consentis par eux, toutes les preuves d’expériences transmises, seront capitalisés et bien utilisés par les autorités nationales et par nos forces de défense et de sécurité. »
Ils étaient environ 800 hommes à leur arrivée en 2012, des soldats nigérians, burkinabé, sénégalais et togolais. Cette force sous-régionale était chargée de protéger les chefs d’institutions et les édifices publics. Leur présence a permis de garantir la stabilité du pays.
Le contingent togolais a déjà quitté Bissau la semaine dernière, de même qu’une partie des Nigérians. Il reste des soldats sénégalais et burkinabè qui doivent aussi partir dans les prochains jours.
Ce départ laisse-t-il un vide dans le pays ? Possible, selon le chercheur au CNRS Vincent Foucher. « La force de la Cedeao avait quand même joué un rôle. Un rôle de protection, en donnant un minium de paix, des garanties de protection d’un ensemble d’acteurs dans des moments critiques. Par ailleurs, on sait qu’il y a eu un rôle plus discret de la Cedeao et de l’Ecomib ensemble. L’Ecomib avait des contacts dans l’armée, l’Ecomib a pu passer des messages, l’Ecomib a aussi pu exercer une influence directement auprès de l’armée bissau-guinéenne. Et c’est vrai qu’on peut se demander ce qui se serait passé. En même temps, le président Umaro Sissoco Embalo et ses alliés ont quand même consolidé leur contrôle sur l’Etat. Donc est-ce que que ça, ça va permettre d’assurer la stabilité politique et partant, éviter l’insécurité? Ce n’est pas certain. On sait qu’en Guinée-Bissau, la vie politique est très agitée, que les factions, les alliances, se font et se défont sans arrêt. Est-ce que dans ces conditions, l’absence de l’Ecomib ne va pas autoriser à nouveau de petits coups de violence ? Peut-être pas des coups d’Etat, mais différents acteurs politiques pouvant essayer d’instrumentaliser ou de s’allier avec telle ou telle faction de l’armée, à tel ou tel groupe dans les forces de sécurité, qui sont extrêmement divisés et en compétition. »
RFI