Le budget 2024 qui sera présenté vendredi 29 septembre devant le Parlement russe prévoit une hausse inédite des dépenses militaires, faisant passer ce poste du budget devant les dépenses sociales pour la première fois de l’histoire de la Russie moderne.
La hausse est vertigineuse : plus 68%. Le budget russe pour 2024 qui sera présenté vendredi 29 septembre à la Douma affiche une explosion des dépenses militaires. Et encore, ce budget pour la défense qui équivaut à 106 milliards d’euros au cours actuel, ne tient pas compte des dépenses classées « secrètes ». On ignore évidemment dans quelles proportions, mais c’est par exemple sur ce poste que sont prélevées les primes exceptionnelles versées aux familles de soldats tués. Logique, cela permet à la Russie de garder le mystère sur les pertes russes sur le champ de bataille. Le dernier chiffre officiel du nombre de tués russes -5 397 selon Moscou- remonte à septembre 2022.
Le porte-parole du Kremlin n’a commenté cette explosion des dépenses militaires que très brièvement. « Il est évident qu’une telle augmentation est nécessaire, absolument nécessaire, a dit Dmitri Peskov. Parce que nous continuons l’opération militaire spéciale et que nous vivons dans un état de guerre hybride. Je parle de la guerre hybride qui est déclenchée contre nous. Cela nécessite évidemment des dépenses élevées. »
Autant pour la défense que l’éducation, la santé et l’environnement
Les dépenses de défense atteignent ainsi officiellement 6% du PIB, et 30% du budget fédéral. Soit l’équivalent de ce qui est prévu pour être dépensé pour l’éducation, la santé et la protection de l’environnement. Ce changement net de priorité est d’autant plus marquant que la Russie est en pré-élection présidentielle, une période habituellement propice aux primes sociales et cadeaux fiscaux.
Cette présentation des chiffres n’est en tout cas pas celle qu’on retrouve dans les médias, la presse écrite ou la télévision russe ni les communiqués gouvernementaux. « C’est pourtant l’éléphant dans la pièce » note la journaliste indépendante Farida Rustamova. Ce choix budgétaire et cette prudence médiatique reflètent le double arbitrage politique qui a cours en Russie depuis des mois : soutenir l’effort de guerre dans la durée, tout en tentant de démontrer le plus possible à la population que sa vie n’en est pour autant pas bousculée.
Le dernier rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm avait lui évalué qu’en 2022, l’Ukraine a consacré 34% de son budget aux dépenses militaires.