Bénin : Exactement 12 ans que le Cardinal Bernardin Gantin a tiré sa révérence

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13 mai 2008 – 13 mai 2020. Cela fait exactement douze ans, que le Cardinal Bernardin Gantin a tiré sa révérence à l’hôpital Georges Pompidou à Paris

Au Bénin, l’Eglise catholique commémore, ce mercredi13 mai 2020, le douzième anniversaire de la disparition du cardinal Bernardin Gantin ; une commémoration qui intervient à une période où les églises sont fermées au Bénin pour éviter la propagation du coronavirus.

Le cardinal Bernardin Gantin  s’est éteint le 13 mai 2008. En 2018, une messe d’action de grâce a été dite à l’église St Michel de Cotonou. C’était une année qui a  coïncidé avec les 50 ans d’existence de la congrégation des sœurs de Saint Augustin du Bénin dont le cardinal est le père fondateur. « Cardinal Bernardin Gantin, l’expérience du quotidien en famille », telle était l’une des communications animée le samedi 12 mai 2018, par le journaliste Euphrem Quenum qui a côtoyé l’homme. A l’occasion, il a évoqué les traits de caractère du cardinal Bernadin Gantin. Selon lui, le prélat a suivi les pas de ses parents. Il est connu pour sa simplicité, aux qualités de la notion de service et de la fidélité en amitié. Né  le 08 mai 1922, il est nommé le 11 décembre 1956 évêque auxiliaire de Cotonou, il a été consacré le 3 février 1957 par le cardinal Tisserant et est revenu au Dahomey. Le 5 janvier 1960, succédant à Mgr Parisot, il est nommé archevêque de Cotonou, charge qu’il assume jusqu’en 1971. Il est investi cardinal par le pape Paul VI en même temps que Joseph Ratzinger, le pape Benoît XVI lors du consistoire du 27 juin 1977. En 1978, à la mort du pape Jean-Paul Ier, il est considéré comme un des papables. Le 5 juin 1993, le cardinal Gantin devient doyen du Collège des cardinaux. Il démissionne le 30 novembre 2002. Atteint par la limite d’âge, il ne peut participer au conclave de 2005. Aussi, l’adjectif qui le qualifie le mieux est celui de « Grand ». Il utilisait ce mot pour désigner des saints ou des missionnaires. Il est adapté pour lui, « grand cardinal » reconnu et vénéré par ses pairs qui ont fait de lui leur doyen.

A l’âge de 80 ans, alors qu’il ne pouvait plus rester à Rome, le cardinal Bernardin Gantin  a souhaité revenir dans son pays, le Bénin. Et il a vécu six années de retraite active, présidant la messe d’ordination épiscopale de Mgr Eugène Houndékon, évêque d’Abomey le 3 février 2008. Et c’est là, chez lui, qu’il a souhaité revenir pour reposer dans la chapelle du séminaire Saint Gall à Ouidah, près de la tombe de Mgr Parisot, l’évêque missionnaire dont il fut l’auxiliaire. Au Bénin, l’aéroport de Cotonou est baptisé aéroport international cardinal Bernardin Gantin.

 

 

S.E.

 

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Impressions de personnalités béninoises aux obsèques du prélat à Cotonou

 

Emile Derlin Zinsou/ ancien président du Bénin

« C’est un homme très proche de moi et un ancien ami. Pour moi, en dehors du deuil national, tous les Béninois se sentent un peu atteints par ce deuil. C’est un deuil personnel. On peut tout retenir de cet homme. Il est un grand homme dans tous les domaines, spirituel, culturel… Il a pratiqué la charité chrétienne de façon merveilleuse. J’ai appris son décès par téléphone depuis Paris puisque je suivais sa santé de près. Je l’ai accompagné jusqu’à l’aéroport quand on l’évacuait ».

 

Eric Houndété/ député à l’Assemblée nationale

« Je l’ai vu à l’oeuvre. Je l’ai vu en tant qu’homme d’église. Je l’ai vu pratiquement en tant qu’ambassadeur du Bénin parce que bon nombres de mes situations m’ont amené à solliciter ses services quand il était à Rome. C’est une grosse perte d’abord pour l’église, et aussi pour le Bénin tout entier. Je suis un peu dans la douleur ».

 

Guillaume Attigbé/ syndicaliste

« Je ne sais pas ce qui arrive à notre pays. Nous sommes encore en train de pleurer la mort de Mgr Lucien Agboka, il y a deux semaines quand maintenant, c’est le cardinal Gantin qui nous quitte. Il est un grand homme. Des hommes comme lui sont de plus en plus rares dans notre pays. Il sait quand il faut intervenir, comment parler aux gens, comment considérer les positions, les approcher. Quand il intervient dans une situation, on met toujours de l’eau dans son vin et on repart parce que c’est un grand responsable moral. Que la terre lui soit légère ».

 

Nicéphore D. Soglo/ maire de Cotonou

« C’est un sentiment de profonde tristesse pour quelqu’un de cette dimension exceptionnelle et historique, qui vient de nous quitter. Le cardinal Gantin aurait pu être le premier Pape noir. Pour le pays, il était le symbole de notre dignité pour toute l’Afrique. J’ai eu la chance de l’avoir dans les moments de joie et également de souffrance. C’est un confident, un ami, un bon conseiller. Dans les moments exceptionnels de la vie de cette nation, il était toujours là. C’est une perte d’un parent, d’un frère. Nous sommes croyants et de là où il est, il va continuer à nous guider. C’est le sentiment de tout le peuple africain, notamment du Bénin ».

 

Robert Dossou/ avocat à la cour

« Le cardinal Gantin est pour moi un rêve inachevé. Ensuite, c’est une gigantesque et inépuisable source d’humilité. A travers lui, j’ai rêvé de voir le premier pape africain de l’époque moderne ».

 

Abraham Zinzindohoué

« Le premier souvenir date de 1945 à la consécration de Mgr Lucien Agboka. Il y avait une marche impériale depuis le calvaire jusqu’à la mission catholique d’Abomey. Nous avons beaucoup voyagé ensemble. Vers la fin de son séjour à Rome, je lui ai fait avec ma famille une visite. Nous allons le voir dans son domicile et il en était très heureux. C’est un grand prélat, grand patriote, grand homme. Pour ma désignation à Ouagadougou, il m’a dit qu’il a un double sentiment : un sentiment de joie quand il y a promotion mais aussi de regret parce que toute séparation amène un sentiment de regret. J’ai aujourd’hui pour lui un double sentiment en tant que chrétien ».

 

Roger Gbêgnonvi/ ministre alphabétisation

« J’aurais préféré que cela se passe chez nous. Mais nous avons le droit et le devoir d’entretenir jusqu’au bout l’espoir de le conserver vivant à 90 ou 95 ans. Nous ne l’avons pas pu puisqu’il est parti. Je ne vois pas aujourd’hui ni en politique ni dans le clergé quelqu’un qui puisse prendre sa succession parce qu’il ne s’agit ni de l’église ni du clergé. Le Bénin a besoin constamment de quelqu’un qui l’amène à voir plus loin, à monter plus haut. Nous avons besoin d’une telle étoile pour la direction vers le haut ».

 

Réalisation : S.E.

 

 

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