A Lomé où il était en exil, « Frère Hounvi » était allé acheter de l’huile pour faire la cuisine quand il a été « capturé » . Deux de ses collaborateurs sont dans les mains de la justice béninoise et seront jugés en octobre prochain. Actuellement, c’est un branle-bas au sein de la mouvance. Certains partis d’opposition et leaders politiques ont réagit après l’opération qui a conduit « Frère Hounvi » au Bénin.
Au Bénin, l’arrestation ou le supposé enlèvement de Frère Hounvi fait le lit de l’actualité. La police n’a pas encore rencontré la presse sur le sujet. Ce qu’on sait de sa défense, Frère Hounvi est en garde à vue à la BEF. L’enquête est menée par l’ex-OCRC.
Journaliste de formation, Frère Hounvi rejoint en 2015 la cellule de communication de Sébastien Adjavon, alors candidat à l’élection présidentielle de mars 2016. Après les brouilles entre le pouvoir et son mentor, il fut contraint à l’exil et se mue en web chroniqueur politique. Ses chroniques, la plupart très critiques contre le régime du président béninois, Patrice Talon, sont partagées sur les réseaux sociaux. Sa page Facebook intitulée « Frère Hounvi Média de Combat » a plus de 39.000 « Like » et 73.000 « abonnés ». Sa dernière publication remonte au 2 août 2024 et sa dernière chronique porte sur l’opposante Madougou et a été diffusée le 31 juillet 2024. Elle était intitulée « Mes quatre vérités ».
Recherché depuis des lustres
Selon les informations, « Frère Hounvi » était recherché depuis des lustres par la police républicaine pour ses chroniques très critiques contre le président Talon et la rupture. La police est finalement tombée sur une « bonne » piste. Selon le média en ligne Le Patriote, elle a identifié Féréolle Akueson un des collaborateurs de « Frère Hounvi », un graphiste qui l’aidait dans le montage de ses chroniques.
Le dimanche 04 août, la police arrête Féréolle Akueson à l’église en pleine messe, rapporte le média. Après son interrogatoire, une deuxième personne Roméo de Montaguère, lui aussi collaborateur de « Frère Hounvi » est arrêté. La police procède aux perquisitions dans leurs domiciles et les fouilles de leurs ordinateurs et téléphones portables. Elle dispose alors assez d’informations qui ont permis de localiser « Frère Hounvi » à Lomé au Togo.
Entre temps, le frère jumeau de « Frère Hounvi » aurait été aussi arrêté, écouté puis libéré. Quant à ses deux collaborateurs, ils ont été mis sous mandat de dépôt le vendredi 09 août à la prison civile d’Abomey-Calavi. Leur procès est prévu pour le 7 octobre prochain, selon les mêmes sources. Les personnes arrêtées sont accusées de cybercriminalité, chantage au gouvernement et atteinte à la sureté de l’Etat.
C’est alors que débute l’opération de la police à Lomé. On connait les relations diplomatiques entre Lomé et Cotonou. Selon Le Patriote, en terre togolaise, un véhicule a été préparé pour l’opération avec des hommes . Trois jours avant l’opération, ils ont commencé la ronde autour de l’immeuble où résidait frère Hounvi. Tel le peuple israélite avec Josué autour des murs de Jéricho. Pour réussir la dite opération, l’option de la nuit a été prise afin de ne pas attirer trop d’attention et de réactions, fait savoir Le Patriote. Dans la soirée du lundi 12 août aux environs de 22 heures à Adidogomè soit 23 heures au Bénin, « Frère Hounvi » était allé acheter de l’huile pour faire la cuisine quand il a été pris en sandwich dans par des hommes puis jeté dans un véhicule 4 X 4 , plaque bleue.
« Frère Hounvi » en garde à vue à la BEF ( avocat)
Sur son chemin de retour, le véhicule aurait emprunté un itinéraire bien tortueux afin de brouiller les pistes. Entre temps, la police qui a été alertée aurait lancé une course poursuite du véhicule après l’arrestation de Frère Hounvi. En vain. Le trajet a duré toute la nuit et « Frère Hounvi » a été amené mardi 13 août au Bénin.
Selon les informations de Bip radio qui a rencontré l’un de ses avocats, Me Aboubakar BAPARAPE ce mercredi 14 août 2024, l’avocat et Président de l’Odph et quatre confrères, ont pu rendre visite à Steeve AMOUSSOU, en début d’après-midi, ce mercredi à la BEF où il est placé en garde à vue. Selon la même source, l’enquête serait menée par l’Office Central de répression contre la Cybercriminalité (Ocrc).
Réactions de partis politiques et branle-bas au sein de la mouvance
C’est la consternation dans le rang des opposants politiques, acteurs de la société civile, et autres depuis l’annonce de l’enlèvement de « Frère Hounvi » à Lomé. Les commentaires vont bon train. Dans leurs réactions, des partis politiques d’opposition, Les Démocrates, le NFN et autres leaders politiques de la diaspora dénoncent l’opération de la police. A ceux-là, on dénombre aussi des acteurs politiques proches du pouvoir. Il s’agit de frustrés de la rupture et certaines sources très bien introduites dans l’entourage présidentiel. Ils sont ceux qui donnaient des informations à Frère Hounvi, selon les mêmes sources. Les auditions du chroniqueur permettront d’en savoir plus. Il sera présenté devant le procureur spécial de la Criet lundi 19 août 2024.
Avec S.E.