Bénin : Des révélations sur l’affaire « Vol présumé de carburant à la base navale de Cotonou »

Société

Dans le dossier de vol présumé de carburant à la Marine béninoise, l’ancien commandant de la base navale de Cotonou s’est présenté une nouvelle fois devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), jeudi 18 juillet 2024.

Ils sont, au total, quatorze militaires de la Marine nationale poursuivis devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour des faits d’abus de fonctions, recel de carburant et blanchiment de capitaux.

Il est reproché aux prévenus d’avoir siphonné et mis en vente les réserves de la base navale de Cotonou. Six militaires sont poursuivis sans mandat de dépôt et les huit autres dont l’ex-patron de la base navale mis sous mandat de dépôt.

La version des faits de l’ex-commandant de la base navale de Cotonou

À la barre ce jeudi, l’ex-commandant de la base navale de Cotonou qui a pris service en août 2023 et mis aux arrêts en mars 2024 dans le cadre de ce dossier trouve que son incarcération dans ce dossier n’est pas justifiée. « Est-ce que la base navale de Cotonou dispose de stations services », lui lance le juge. «Non, la base navale de Cotonou ne dispose pas de stations services», répond-il selon les informations rapportées par Libre express. A l’en croire, la base navale de Cotonou dispose de tanks pour stocker du carburant. A cette base, les bateaux et les patrouilleurs sont approvisionnés au cas par cas. Il confie que la base navale de Cotonou est ravitaillée en fonction des besoins. Pour ce ravitaillement, l’ex-commandant indique deux cas. Dans le premier cas, il saisit le chef d’état-major de la Marine qui décide du ravitaillement des patrouilleurs. « Quand il valide, les militaires reçoivent des tickets-valeurs pour ravitailler les patrouilleurs », précise-t-il. Dans le second cas, l’officier souligne qu’il s’agit de missions exécutées dans le cadre de contrats entre la marine béninoise et des tiers. Ces tiers en réalité sont des bateaux civils qui mettent du carburant au profit de la base navale dans le cadre de ces missions.

Au cours de l’interrogatoire, le juge a procédé immédiatement à la lecture des messages extraits du téléphone de l’ex-commandant de la base navale de Cotonou lors de son interpellation. Il s’agit de discussions portant sur un montant de 45 millions FCFA entre le commandant et le gestionnaire de carburant de la base navale. « Est-ce que vous avez appris les transactions illégales entre lui et des trafiquants », lui demande le juge. « Non, je n’ai rien appris », a déclaré l’officier au sujet de ces discussions. L’ex-commandant indique qu’il s’agit des frais payés par les trafiquants de carburant lors de leur passage sur l’embouchure entre l’océan et la lagune de Cotonou. Ces frais serviraient aux besoins internes de la base navale de Cotonou, selon sa déposition, rapporte Libre express.

La base navale de Cotonou dispose-t-elle de budget ? « Non », répond l’officier. Il précise qu’il n’a jamais reçu de l’argent provenant de son gestionnaire de carburant. Alors, comment se fait-il que le gestionnaire de carburant cite son nom comme celui avec qui il partage l’argent issu du vol de carburant ? L’ex-commandant dit être surpris par ces déclarations de son gestionnaire. Combien de quantité de carburant a été volé à la base navale de Cotonou ? L’officier déclare n’avoir pas idée jusqu’à ce jour de la quantité volée.

Le gestionnaire de carburant  fait des révélations

Après les dépositions de l’ex-commandant, le gestionnaire de carburant de la base navale de Cotonou a été appelé à la barre. Il est manœuvrier, proche collaborateur de l’ex-commandant. « Est-ce que vous vendez du carburant illicitement », lui demande le président de céans. « Je n’ai jamais vendu de carburant à qui que ce soit. Tout ce que j’ai fait sur la base navale de Cotonou est sur ordre de mon commandant », a-t-il déclaré.

Le prévenu explique qu’il a été nommé gestionnaire en novembre 2023 et que c’est le commandant qui lui ordonne de stocker du carburant de gasoil dans les tanks après les opérations des patrouilleurs. Il apprend qu’il vend ces stocks de gasoil sur ordre du commandant.

Le juge fait lecture des extractions des messages de son téléphone portable et indique qu’il échangeait avec de présumés trafiquants de carburant. « Quel trafiquant vous a contacté pour acheter du carburant », demande le juge. « Je leur ai répondu que je ne vends pas du carburant moi-même et que c’est sur ordre que je vends », a répondu le gestionnaire de carburant. « Pour nous, ce n’était pas des vols. C’est des ordres qu’on reçoit et qu’on exécutait », a déclaré le militaire. Il fait savoir que c’est une pratique courante à la base navale de Cotonou. Tous ceux qui ont officié avant lui l’ont également fait, dit-il. Après chaque opération, l’argent est remis à son subalterne qui se chargeait de remettre à qui de droit, confie-t-il.

Selon sa déposition, au total, vingt-huit (28) tonnes de carburant sont concernés par ce présumé vol. Il fait savoir qu’il notait chaque chargement de ce carburant dans des cahiers pour leur traçabilité. Le militaire déclare ensuite que le montant de ces ventes de carburant de gasoil pourrait être évalué entre 15 et 16 millions FCFA. « Savez-vous comment ces sous étaient réutilisés par le commandant », lui demande le juge. « Je ne saurai le dire », répond-t-il. Selon les propos du militaire, le commandant aurait fait d’importants travaux de réparation sur les patrouilleurs et il pourrait s’agir de l’argent issu de la vente du carburant.Le dossier a été renvoyé au 14 août 2024 pour continuation

 

S.E. ( Avec Libre Express)