Depuis l’attribution des JO 2024 à la capitale française, les promesses présentées dans le dossier de candidature de la ville ont parfois dû être revues, voire complètement abandonnées. Des sites de compétition aux aménagements, en passant par la cérémonie d’ouverture et la billetterie, décryptage de ce qui figurait dans le projet initial présenté en 2017 et qui sera finalement réalisé ou pas le 26 juillet 2024
Les sites de compétition
La promesse du comité d’organisation des Jeux olympiques, le CoJo, était claire : les Jeux de Paris 2024 se tiendront dans la capitale ou aux alentours. Mais surtout, les organisateurs de l’événement l’avaient affirmé lors de la présentation du projet dès 2017 : ces Jeux exploiteront les infrastructures déjà existantes en Île-de-France et en petite couronne.
Force est de constater qu’à moins de quatre mois de l’ouverture des JO, la promesse a été tenue. La U-Arena, à l’ouest de Paris, est sortie de terre dans les temps, tout comme l’Arena 2, située au nord, porte de La Chapelle. Même si ce bâtiment pouvant accueillir 8 000 spectateurs devait être situé au sud, près de sa grande sœur, l’Arena-Bercy, l’Arena 2 est déjà le lieu de nombreuses compétitions depuis son ouverture cet hiver.
Néanmoins, quelques ajustements ont dû être menés par le CoJo concernant plusieurs lieux de compétitions. L’avenue des Champs-Élysées à Paris devait être le théâtre de l’arrivée des épreuves de marathon et de cyclisme sur route. Finalement, la première se fera esplanade des Invalides, la seconde au Trocadéro, en face de la tour Eiffel. Autre changement, il concerne les épreuves de tirs : elles se dérouleront à Châteauroux (270 km au sud de Paris) au lieu du Bourget, où une grande salle devait voir le jour. Le projet a dû être annulé en raison de pollution des sols.
• La cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris se déroulera le vendredi 26 juillet 2024 dans un décor de carte postale, sur la Seine, au cœur de la capitale, sous forme de parade fluviale. La flotte parcourra six kilomètres d’Austerlitz au Trocadéro. Elle sera composée de 206 délégations à bord de 94 bateaux.
Côté spectateurs, plusieurs annonces avaient été faites pour cet événement inédit sur la Seine. Début 2022, la mairie de Paris envisageait deux millions de spectateurs sur les quais et les bords du fleuve pour assister à cette gigantesque cérémonie. Cette estimation a été revue à la baisse en octobre 2022 par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui annonçait 600 000 spectateurs.
Le 5 mars 2023, devant la commission des Lois du Sénat, Gérald Darmanin a fait état d’une nouvelle jauge de participants : 326 000 personnes, pour des raisons de sécurité. Entre les grandes annonces de 2022 et le 26 juillet 2024, le nombre de spectateurs pour la cérémonie a été divisé par six !
Par ailleurs, le comité d’organisation des Jeux avait promis un événement pour toutes et tous, grand public. Résultat : lors de la cérémonie, ce sont un peu plus de 100 000 personnes qui seront accueillies sur les quais bas de la Seine et certains ponts. Il s’agit là de billets payants, entre 90 et 2 700 euros la place. Le reste des spectateurs suivra l’événement sur la partie haute et les immeubles donnant sur la Seine. L’accès sera gratuit, mais il faudra avoir des tickets qui seront fournis sur invitation !
• La billetterie
Les autorités et les organisateurs des Jeux de Paris 2024 n’ont cessé de le répéter ces dernières années : ils veulent des JO populaires, grand public et accessibles (financièrement) à tous.
Pour ce faire, un tirage au sort a été mis en place pour espérer faire partie des heureux élus autorisés à réserver une place. Mais les tirés au sort ont très vite constaté que les billets pour différentes compétitions se vendaient à prix d’or. Il fallait compter au moins 525 euros pour assister à une épreuve finale d’un sport olympique. Les disciplines populaires, comme la natation ou l’athlétisme, ont suscité une forte demande. Les prix ont donc explosé.
Pour mettre fin à la polémique, l’ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait annoncé en mai 2023 le dispositif « Tous aux Jeux ». Il s’agit là d’une billetterie gratuite lancée par l’État et les collectivités, qui ont acheté 400 000 billets. Ils seront ensuite distribués gratuitement.
Le président du CoJo s’en défend également, affirmant que 10% des places (un million) ont été vendues au prix promis de 24 euros.
• Les transports et les aménagements
C’est l’enjeu principal de ces JO de Paris : les transports et l’accès aux sites via les lignes de métro, de bus et de RER. En 2017, les autorités étaient même optimistes, affirmant que le réseau francilien aura grandi avec des nouvelles lignes et des prolongements de tronçons. À la veille des Jeux, cet optimisme et cette ambition se sont confrontées à la réalité du terrain : (presque) aucune ligne ne sera en service à temps.
La construction des lignes du Grand Paris Express, qui devaient radicalement améliorer les mobilités de la région, font face à d’importants retards, notamment en raison de la crise du Covid. Les lignes de métro 15, 16, 17 et 18, qui devaient être mises en service en juin 2024, ne le seront pas avant, au mieux, fin 2025. Seul le prolongement de la ligne 14, qui dessert le nord, le centre de Paris et l’aéroport d’Orly, a été réalisé.
Dans le dossier de candidature de Paris 2024, une promesse forte avait également retenu l’attention, celle de l’accès gratuit à l’ensemble du réseau de transports publics franciliens durant les Jeux pour les détenteurs de billets pour les épreuves. La promesse ne sera pas tenue, bien au contraire, puisque le prix du ticket doublera du 20 juillet au 8 septembre 2024. Il atteindra les 4 euros l’unité. L’opérateur de transports de la région Île-de-France explique cette décision en raison du surcoût de ce projet. Par ailleurs, l’accès aux personnes à mobilité réduite est encore très compliqué dans la région.
La mairie de Paris s’était également engagée à créer près de 30 kilomètres d’aménagements cyclables d’ici les Jeux olympiques. Toutes ces pistes seront d’ailleurs aménagées avec une signalétique dédiée. En octobre 2023, 20% de ce réseau cyclable était encore manquant. En ce qui concerne la circulation automobile, les autorités l’annoncent compliquée, d’autant que des voies seront dédiées pour les JO (délégation, organisation, accrédités) sur le périphérique parisien déjà saturé.
Enfin, c’était aussi un projet phare pour les Jeux : la rénovation de la tour Montparnasse. Annoncé en grande pompe en 2017, ce renouveau de l’emblématique tour de 59 étages débutera finalement après les JO et durera quatre ans.
Beaucoup d’optimisme donc dans le dossier de Paris 2024 lors de son dépôt au CIO. Si les compétitions se dérouleront sur les sites initiaux, les promesses quant à la billetterie ou les accès aux transports ne sont pas tenues. Pour autant, les autorités le martèlent et s’en convainquent, cela n’entachera pas le succès de ces Jeux dans la capitale française.