Bénin : Voici ce que revendiquent 03 partis et 02 mouvements de l’opposition pour restaurer la démocratie béninoise

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Dans un climat de tensions politiques, les principaux partis de l’opposition du Bénin se sont réunis à l’hôtel Bénin Royal le 10 novembre 2024, pour la création d’un cadre de concertation inédit. Cette rencontre, marquée par la présence de figures de l’opposition telles que Les Démocrates, la Nouvelle Force Nationale (NFN), le Mouvement Populaire de Libération (MPL), la Grande Solidarité Républicaine (GSR) et le mouvement Nous Le Ferons (NLF), vise à fédérer les énergies politiques pour un objectif commun : protéger la démocratie en danger et garantir un avenir pacifique pour les élections générales de 2026.

Face à un horizon politique assombri, où la démocratie béninoise semble vaciller sous le poids des répressions et des réformes contestées, les leaders de l’opposition ont décidé d’unir leurs forces dans une démarche historique de concertation pour redonner voix et espoir au peuple.

Prenant la parole, Eric Houndete, Premier Vice-président du parti Les Démocrates, représentant le président Boni Yayi, a abordé des préoccupations essentielles. Il a interrogé la mission même d’un parti politique, en affirmant que celle-ci consiste avant tout à « conduire les actions pour que les citoyens vivent en paix et qu’ils aient le pain quotidien ». Selon lui, face à la pénurie croissante et aux multiples menaces sur la paix des Béninois, une seule question mérite d’être posée : « Est-ce qu’il va partir ? Et qu’en a-t-il ?» Il a insisté, avec une conviction profonde, que si le départ du régime actuel peut sembler incertain pour certains, il est pourtant « inévitable, indéniable, inéluctable».

Et pour que ce départ se réalise, « ça ne doit pas être qu’une simple affaire de slogan, ça doit être les actions concrètes que nous menons pour le faire partir dans le calme, dans la paix. Il partira, assurément.» Dans la déclaration finale, Antoine Guedou Vissetogbe, président de la Grande Solidarité Républicaine (GSR), a exposé la gravité de la situation politique et économique actuelle, qu’il décrit comme un « système autocratique avec des relents d’instauration d’un régime monarchique ». Il a mis en garde contre les menaces qui pèsent sur les droits humains et les libertés fondamentales, soulignant des pratiques telles que « la chasse à l’homme, les arrestations arbitraires et la contrainte à l’exil ».

En plaidant pour une restauration de la démocratie et de l’État de droit, il a affirmé que ce cadre de concertation se veut être « un creuset de réflexion, de propositions d’idées et d’actions pour la restauration de la démocratie, de l’État de droit et des libertés fondamentales ». Il a aussi énuméré les principaux chantiers de ce cadre, parmi lesquels la relecture consensuelle du code électoral, l’audit du fichier électoral informatisé, la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés, et la protection du pouvoir d’achat des Béninois.

Des voix déterminées pour le changement se sont exprimées. Daniel Edah, président du mouvement Nous Le Ferons (NLF), a insisté sur le caractère « patriotique » de cette initiative, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une lutte personnelle mais bien d’une mobilisation « contre un système de gouvernance qui confond réalisation d’infrastructures et développement, alors que rares sont les Béninois qui peuvent se nourrir convenablement chaque jour ».

De son côté, Nourenou Atchade, président du parti Les Démocrates, a quant à lui rendu hommage aux « martyrs de notre combat contre la tyrannie depuis 2016 », exprimant l’espoir que cette coalition puisse guider le Bénin vers une « libération totale et une démocratie véritable ». Il a également évoqué les sacrifices consentis par ses camarades pour obtenir une représentation à l’Assemblée nationale, face à une majorité dominée par la mouvance au pouvoir, ajoutant que « la démocratie béninoise, jadis adulée de par le monde, vit une expérience pénible et désobligeante depuis 2016 ».

Apollinaire Avognon, président de la Nouvelle Force Nationale (NFN), a de son côté appelé à l’action, dénonçant des réformes politiques synonymes, selon lui, de « tueries, d’emprisonnement, et d’exil », qui auraient contribué à la violence et à la division au sein de la société béninoise. « Protester ne suffit plus. Dénoncer ne sert plus à rien. Il faut agir », a-t-il lancé, rappelant les sacrifices consentis par les Béninois pour la démocratie.

Des perspectives pour 2026

Le cadre de concertation marque ainsi le début d’une coordination renforcée entre les forces de l’opposition, résolues à œuvrer pour un scrutin démocratique en 2026 et à offrir au Bénin un avenir fondé sur les valeurs de justice et de liberté. Nourenou Atchade a conclu en lançant un message à la majorité en place : « Le Bénin n’ira pas à reculons dans l’histoire. La roue tournera, et bientôt, le peuple pourra peut-être dire avec fierté : Ici, c’est le Bénin. »

Des nominations pour une coordination unie

Pour structurer la coordination de ce cadre de concertation, les leaders ont procédé à des nominations : Eugène Azatassou (Les Démocrates) a été désigné coordonnateur, suivi d’Antoine Guedou Vissetogbe en tant que premier adjoint et porte-parole. Expérience Tebe (Mouvement Populaire de Libération), Apollinaire Avognon (Nouvelle Force Nationale), et Daniel Edah (Nous Le Ferons) occupent respectivement les postes de deuxième, troisièmes et quatrièmes coordonnateurs adjoints. Chabi Yayi (Les Démocrates) assumera quant à elle le rôle de secrétaire exécutive.

Mireine A. YAHOUNGO

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DECLARATION FINALE

La situation politique, économique et sociale de notre pays, le Bénin, devenue très préoccupante depuis 2016, ne laisse personne indifférent. Unanimement, les corps constitués de la nation s’accordent à déplorer le recul de notre système démocratique, dont nous nous vantions du label à la tribune des grandes rencontres internationales.

La mutation de notre démocratie, chèrement acquise à l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990, en un système ploutocratique avec des relents d’instauration d’un régime monarchique, interpelle tous les citoyens épris de paix et de justice.

La dégradation de l’Etat de droit, la confiscation des libertés fondamentales et la violation des droits humains qui se manifestent par la chasse à l’homme, les arrestations arbitraires, la contrainte à l’exil, les otages politiques, interpellent au plus haut point notre conscience collective, en tant que citoyens béninois, Chefs de partis politiques, personnalités politiques et publiques, Autorités religieuses et morales, acteurs de la société civile de tous ordres.

Au regard de la destruction méthodique de l’économie et des finances, de l’accaparement systématique du patrimoine national et de l’effilochement draconien du tissu social ; et

Au regard de la remise en cause des fondements de la République, qui affecte dangereusement notre vivre-ensemble, les partis et Mouvements politiques soussignés :

  • Grande Solidarité Républicaine (GSR-la main dans la main)
  • Nouvelle Force Nationale (NFN)
  • Les Démocrates (LD)
  • Mouvement Populaire de Libération (MPL)
  • Mouvement « NOUS LE FERONS »

ont décidé en toute liberté, de prendre date avec l’histoire en portant sur les fonts baptismaux, ce jour dimanche 10 novembre 2024, un creuset dénommé : « Cadre de Concertation des Forces politiques de l’opposition » au régime de la Rupture. Ce Cadre se veut un creuset de réflexions, de propositions d’idées et d’actions pour la restauration de la démocratie, de l’Etat de droit et des libertés fondamentales. Il est ouvert à toute personne physique et morale, et à toutes formations politiques et mouvements, qui adhèrent aux idéaux de ses membres fondateurs ainsi qu’aux contenus de sa charte et de son Règlement Intérieur.

Plusieurs chantiers se dressent devant ce cadre de concertation. Il s’agit notamment de :

  • la relecture consensuelle du code électoral
  • l’audit participatif du fichier électoral informatisé et l’extraction consensuelle de la liste électorale pour les élections de 2026
  • la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés politiques
  • la restauration du tissu social à travers l’amélioration du pouvoir d’achat des populations.

La Coordination du Cadre de concertation des Forces politiques de l’opposition se compose ainsi qu’il suit :

  1. Coordonnateur : Eugène AZATASSOU (LD)
  2. 1er Coordonnateur Adjoint et Porte-Parole : Antoine GUEDOU-VISSETOGBE (GSR)
  3. 2ème Coordonnateur Adjoint : Expérience TEBE (MPL)
  4. 3ème Coordonnateur Adjoint : Apollinaire W. AVOGNON (NFN)
  5. 4ème Coordonnateur Adjoint : Daniel EDAH (Nous Le Ferons)
  6. Secrétaire Exécutif : Chabi YAYI (LD)
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