Activité de la commission santé de l'Ansalb : Des experts parlent de l’intégration de la phytothérapie dans la pratique médicale

Société

Des experts béninois et étrangers, spécialistes des pratiques médicales, ont exposé les questions relatives au renforcement du dispositif de la promotion de la phytothérapie et au renforcement de la collaboration entre la recherche, les acteurs de la médecine traditionnelle et conventionnelle. C’était au cours d’un atelier de la Commission santé de l’Académie Nationale des Sciences Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) organisé ce 26 juillet 2024 à l’ISBA à Cotonou.

Le thème central de cet atelier est intitulé : « Place de la phytothérapie dans la pratique médicale, réflexion sur son intégration dans le système sanitaire » . Du fait de la pertinence et l’importance de cet atelier, des experts du Bénin, du Burkina, et du Mali spécialistes des questions de pratiques médicales, des pharmaciens et des professeurs de haut rang d’universités ont participé aux travaux. A travers des sections ponctuées de communications, les questions liées à l’État des lieux de la recherche scientifique sur la phytothérapie au Bénin ont été épluchées.

De même, celles relatives à la tolérance à l’intégration de la médecine traditionnelle dans les soins de santé ont été exposées au public à travers une communication animée par Rock HOUNGNIHIN, Professeur d’anthropologie médicale à l’Université d’Abomey Calavi.

Dans son exposé, le communicateur a expliqué qu’à travers le monde, quatre types de statut prévalent dont le système de santé exclusif, tolérant, inclusif et unique. Selon le Professeur Roch HOUNGNIHIN, le Bénin reste dominé par le système tolérant, avec une médecine traditionnelle toujours stigmatisée par sa soi-disant incapacité à apporter des preuves scientifiques, mais qui résident en raison du contexte de pauvreté et des représentations sociales de la maladie.

Une situation qui confine les guérisseurs traditionnels dans un rôle d’auxiliaires du système de santé. Les offres de soins s’adaptent plus aux maladies de la ville en situation d’épidémie.

Parlant des points d’achoppement, une perception différente des soins majeurs, un cadre législatif non adapté et une procédure d’homologation dit allégé mais toujours complexe sont observés. Aussi construire un système de santé qui offre de meilleurs soins aux personnes à un coût abordable, et basé à la fois sur les deux types de médecine reste le défi majeur.

Docteur A. Léopold AZAKPA, Chirurgien pédiatre de l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta, Chef service de chirurgie pédiatrique, prescripteur de phytomédicaments a exposé sur le thème de « l’intégration de la phytothérapie dans le système sanitaire béninois : expérience de l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta ».

Selon le communicateur, la phytothérapie a débuté à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta en 1980. Les plantes utilisées proviennent des monastères puis d’une ferme de 15 hectares acquise par l’hôpital en 2008. Aujourd’hui, 186 médicaments traditionnels sont améliorés au Bénin. Les plantes de l’hôpital ont fait l’objet d’une étude dans les universités de Pavie et de Milan en Italie. Parlant des laboratoires de l’hôpital, un laboratoire de phytothérapie a été construit et équipé en 2002. Cinq agents formés y travaillent dont un pharmacien italien. La production des médicaments traditionnels est soumise à un processus de contrôle de qualité, et les phytomédicaments régulièrement produit proviennent du Moringa Oleifera, Aloès Vera, Aloès Arborescens, la Spiruline, le Pedilanthus, et diverses autres plantes.

Des opportunités de validation au remède s’offre à l’hôpital. Comme défis, il faudra développer des mécanismes plus simplifiés d’homologation des médicaments traditionnels, accroître les ressources accordées au moins de 2% du budget santé du secteur de la médecine traditionnelle.

Quant à Jean Robert KLOTOE, enseignant, chercheur, maître de conférences de physiologie et pharmacologie à l’Université National des sciences, technologies, ingénierie et Mathématiques (UNSTIM ), il a exposé le thème: « l’Etat des lieux de la recherche scientifique sur la phytothérapie au Bénin ». Professeur KLOTOE explique que la recherche scientifique sur la phytothérapie au Bénin est plus concentrée sur les plantes médicinales. Au cours de ces vingt (20) dernières années, 272 recherches ont été faites sur les plantes médicinales, les herboristes, chercheurs, sont des acteurs impliqués dans cette recherche.

La Faculté des sciences et techniques effectue plus de recherches sur les plantes médicinales surtout. Ses études s’intéressent à la composition ethnobotanique et aux activités anti microbiennes, mais le mécanisme d’action des activités anti microbiennes ne sont pas trop étudié. Aussi, il a proposé comme solution face aux limites en lien avec les activités biologiques explorées, d’améliorer des pratiques de recherche en lien avec les activités biologiques explorées et renforcer les capacités sur les tests avancés.

Emmanuel Amour T.