Alors que les Ghanéens subissent depuis des mois des coupures de courant, les opérateurs électriques du pays ont annoncé trois semaines de perturbations accrues à cause de « travaux de maintenance » au Nigeria. Le Nigeria fournit en effet du gaz à l’une des principales centrales électriques du Ghana. Mais cet approvisionnement est loin d’être fiable.
Depuis vingt ans, la grande centrale électrique de Takoradi sur la côte ghanéenne est alimentée par un gazoduc d’environ 700 km, le West African Gas Pipeline, alimenté par du gaz nigérian. Mais ce flux est tout sauf régulier, souligne Philippe Sébille-Lopez, géopoliticien du pétrole.
« Ce gazoduc n’a jamais été opérationnel à 100%. À certaines périodes, il n’y avait même pas besoin de faire de compression parce qu’il n’y avait pas assez de gaz à envoyer ! Il faudrait que le Nigeria parvienne à maintenir une capacité de production gazière constante, et ça n’a jamais été le cas. »
Deux tiers de l’électricité provient du gaz
Entre les problèmes de maintenance, comme cette fois sur un champ nigérian, et les pillages sur le parcours, l’approvisionnement en gaz nigérian n’est pas fiable, mais, souligne Jean-Pierre Favennec, consultant et professeur à l’IFP School, le problème vient aussi du Ghana. « Les sociétés ghanéennes d’électricité ont du mal à se faire payer leurs factures par les clients, donc elles n’ont pas d’argent quand elles achètent du gaz pour payer les factures. Les Nigérians préfèrent donc envoyer leur gaz se faire liquéfier à Boni parce que là, c’est du GNL qui est vendu en Europe et qui rapporte des recettes tout à fait conséquentes ».
Les aléas de l’approvisionnement nigérian sont d’autant plus problématiques que le Ghana dépend à près des deux tiers du gaz pour son électricité, sans avoir développé ses propres champs gaziers à cet usage. Et qu’un autre tiers du courant est d’origine hydroélectrique, or le barrage d’Akosombo subit la sécheresse et sa centrale électrique aurait besoin d’être modernisée.