Le gouvernement béninois s’est intéressé à la création, à la présidence de la République, d’une cellule d’analyse et de traitement des plaintes et dénonciations. Une mesure qui intervient suite à la recrudescence des cas de corruption. Sur la nationale, des acteurs ont donné leur avis. Ils font cas de quelques craintes et formulent des recommandations afin que la cellule une fois installée joue bien son rôle.
La création imminente d’une cellule d’analyse de traitement des plaintes et de dénonciations sonne comme le retour d’une ancienne structure qui avait joué le même rôle. Selon Nestor Avonoumandégbé, acteur de la société civile, « nous sommes juste à la renaissance de la cellule de la moralisation de la vie publique». Quant à Martin Assogba, président de l’Ong Alcrer, il salue l’avènement de cette cellule. « C’est une cellule de promotion de la lutte contre la corruption. Le gouvernement du président Patrice Talon a affiché sa volonté politique d’en découdre avec les corrompus et les corrupteurs », ajoute Martin Assogba.
Cette cellule d’analyse des traitements et de dénonciation des plaintes est une belle initiative mais pourrait créer un conflit d’attribution avec une autre structure prévue par la loi. Jean-Baptiste Elias, président du Front des organisations nationales contre la corruption (Fonac) rappelle que «la loi portant création des missions organisation et fonctionnement du Haut-commissariat à la prévention de la corruption en République du Bénin dispose à son article 2 entre autres que le Haut-commissariat va collecter, analyser et mettre à la disposition des autorités judiciaires chargées des poursuites, des informations y compris celles portées à sa connaissance aux fins de détecter et de réprimer les faits de corruption de fraude et de pratique assimilées ». Sur ce point, Martin Assogba n’y voit pas de problème. Sa crainte est plutôt liée au rattachement de la cellule à la Présidence de la République . C’est à juste titre qu’il déclare : «aller loger cette histoire à la Présidence, me pose quelques petits problèmes ; les problèmes de l’inefficacité. Les cadres ne se dénoncent pas entre eux, les cadres se protègent», dit-il. Nestor Avonoumandegbé n’est pas de cet avis. « Etant donné que la cellule est sous les projecteurs de la présidence de la République donc le numéro 1 de la nation, je pense qu’il y a du sérieux à faire» A en croire le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, toutes les dénonciations recueillies seront traitées. Les plus avérées seront rendues publiques, celles qui ne sont pas fondées seront classées, une tâche à exécuter par une équipe et un coordonnateur dirigés par un comité de supervision.
Mireine YAHOUNGO.