L’application des dispositions du parrainage lors de l’élection présidentielle de 2020 et le financement des partis politiques sont les deux sujets importants abordés à la séance d’échanges entre la Commission électorale nationale autonome (Céna) et les partis politiques au siège de l’institution, ce mardi 29 septembre 2020 à Cotonou.
Les représentants des partis politiques Up, Br, Prd, Per, Fcbd, Fcbe, Udbn, Dud, et Moele-Bénin ont pris part à cette séance dirigée par Emmanuel Tiando, président de la Céna.
Selon les dispositions de l’article 44 nouveau de la Constitution du Bénin, une candidature aux fonctions de Président de la République ou de Vice-président de la République doit recevoir l’accord d’un nombre minimal d’élus dans les conditions fixées par la loi. Toutefois, le législateur n’a pas précisé les conditions de délivrance de l’acte de parrainage. Pour la Cena, le formulaire sera individuellement remis aux élus, au cours d’une rencontre, et en toute indépendance, ils feront leurs choix.
Débat houleux
Un débat houleux a eu lieu sur la question du parrainage. « A mon avis, c’est contraire à l’esprit de la réforme du système partisan. Ça peut ouvrir tout de suite un marché, à des marchandages de parrainage. Les risques de corruption. Aussi, cette procédure affaiblie le parti au profit de l’individu », a déclaré l’honorable Abdoulaye Gounou, du parti Bloc Républicain, au cours la rencontre. Il ajoute : « La Cena oublie que chaque parrain en l’état actuel de notre législation est issu des rangs d’un parti. Il est élu par le peuple sur la liste présentée par un parti. En conséquence, ce qui est normal, et que je suggère est que la Cena convoie les formulaires individuelles établies au nom de chaque parrain au siège national de chaque parti politique. Que tout le reste se fasse au niveau du siège de façon concertée ».
Le président du parti Mouvement populaire de libération (Mpl), Sabi Sira Korogoné, ne partage pas cette interprétation. « Nous avons entendu un député, un juriste de haut niveau, nous dire que le parrainage sera centralisé au niveau des partis politique. Si jamais ces collègues tombent dans le même piège que lui, cela n’est pas de nature à permettre le débat démocratique ».
La Céna « ne vote pas les lois et ne les interprète pas ». Elle les applique selon son « interprétation ». C’est la réponse du président de la Cena à cette polémique. Pour Tiando, il revient aux représentants des partis politiques d’intenter les recours auprès de la Cour constitutionnelle ou de la Cour suprême. Et pour l’honorable Abdoulaye Gounou, son parti avisera.
Eligibilité des partis politiques au financement public
Les représentants des partis politiques ont ensuite suivi l’exposé du Commissaire Boucary Abou Soulé Adam. Selon ce dernier, la Céna garantira l’anonymat du parrainage et ne publiera pas la liste des députés et maires ayant parrainé un candidat. Chaque candidature à l’élection présidentielle devra recueillir le parrainage de 16 députés et/ou maires. Ce parrainage se fera par un formulaire nominatif distribué aux 77 maires et 83 députés. Quant au financement public, seront éligibles seuls les partis politiques ayant un siège national et des locaux par département et qui tiennent une comptabilité régulière déposée à la Cour suprême. Le gouvernement a annoncé en conseil des ministres l’octroi de 1,5 milliard de francs Cfa aux partis politiques au titre de 2020 au prorata de 40% des députés et 60 % des élus communaux obtenus au titre des législatives de 2019 et des Communales de 2020. Seuls, trois partis seront bénéficiaires : UP, BR et FCBE. Les deux premiers sont les seuls aux législatives 2019 tandis que le troisième a fait élire des conseillers aux élections communales et municipales de 2020.
Emmanuel Amour T.