(Du 1er janvier au 1er septembre 2021, 26 cas de viols sur mineures âgées de 4 à 15 ans ont été enregistrés dans la commune ; le mois d’août seul a connu 5 cas)
Sur convocation express de Madame Véronique TOGNIFODE, Ministre des Affaires Sociales et de la Microfinance, le Comité communal de protection de l’enfant d’Abomey-Calavi s’est réuni en session extraordinaire dans le jeudi 02 septembre 2021. À l’ordre du jour, un seul point : Que faire pour contrer efficacement la recrudescence des cas de viols sur mineures dans la commune. Étaient présents à cette session, le Préfet de l’Atlantique ; le Maire d’Abomey-Calavi ; le Procureur de la République près le Tribunal de Calavi ; les officiers de Police judicaires ; les responsables des organisations non gouvernementales opérant dans la commune, la société civile ; les têtes couronnées ; les élus communaux et locaux ; les groupes organisés des enfants et des cadres du Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance.
Au début de la séance, Madame Nadège AHOGA CODO, Directrice départementale des Affaires sociales et de la Microfinance a fait cas des statistiques liées aux cas de violences sexuelles dans la commune. De son exposé, il en ressort que du 1er Janvier au 1er septembre 2021, 26 cas de viols sur mineures âgées de 4 à 15 ans ont été enregistrés dans la commune. Le mois d’Août seul a connu 5 cas.
Des statistiques « inquiétantes » selon la Ministre qui a jugé utile de convoquer cette session afin d’analyser les causes profondes de la recrudescence de ces cas de viols sur mineure et réfléchir sur les actions urgentes à mener. « Malgré les actions menées ; malgré les dispositifs législatif et légal mis en place par le Bénin, la protection de l’enfant est toujours menacée par les violences de tout genre, devenues comme des fléaux installés dans nos communautés », a déploré la Ministre TOGNIFODE. Et pour elle, il y a lieu d’agir : « C’est une situation qui nous interpelle tous et devant laquelle nous ne devons rester silencieux car, comme on le dit, la violence s’épanouit encore plus quand il y a le silence. Donc, à un moment donné, il faut en parler et réagir. Réfléchir aux actions urgentes à mener pour freiner cette tendance douloureuse qui détruit considérablement la construction sereine des vies de nos enfants ».
L’engagement des acteurs
À la suite de la Ministre, tous les autres acteurs sont intervenus, d’abord pour saluer la démarche, déplorer la situation et faire à tour de rôle des propositions d’actions urgentes à mener. Certains parmi eux ont soulevé des préoccupations qui freinent souvent leurs actions devant des cas de dénonciation : « Quand un cas de viol survient, les parents de la victime saisissent la Police. Lorsque nous nous mettons en action, les mêmes parents viennent nous supplier demandant à régler l’affaire en famille au lieu d’aller au tribunal ; car, disent-ils souvent, on ne va pas détruire la famille à cause de ça », a déclaré Alirou AYAMOUDOU, Officier de Police judiciaire au Commissariat d’Abomey-Calavi à l’assistance pour ainsi pointer d’un doigt accusateur les parents.
Pour le Procureur d’Abomey-Calavi, il s’agit d’une « violence éternelle » devant laquelle il faudra des actions musclées. Le Président de l’association des cultes endogènes de la commune, le Maire, le Préfet, le Médecin-Chef de l’hôpital de la commune et tous ceux qui sont intervenus sont d’accord qu’il faut agir de toute urgence.
Il faut agir maintenant
Chacun s’est engagé à ne ménager aucun effort pour mener la guerre contre ce fléau et leurs auteurs dans la commune d’Abomey-Calavi. Monsieur Jeannot SEGLA SOHOU, Président du Conseil consultatif des enfants de l’Atlantique et Madame Agnès DOGO, Présidente du conseil communal des enfants d’Abomey-Calavi, présents à la session, ont pris la parole pour appeler tous les acteurs au secours des enfants face à ces cas de viols. « Si je n’ai pas été violée, c’est peut-être parce que j’ai eu de la chance », a dit Agnès pour inviter les parents à protéger les enfants.
Les interventions des uns et des autres ont ému la Ministre Véronique TOGNIFODE qui s’est réjouie de l’engagement spontané de tous. Elle a salué la mobilisation de tous : « Les stratégies mises en place sont pertinentes. Les sensibilisations en langues locales des groupes organisés, avec des élus locaux doivent se poursuivent pour expliquer de quoi nous parlons ? Que disent nos lois ? Ce qu’encourent les auteurs ».
L’implication nécessaire des mamans
Elle a lancé un appel particulier aux mamans de la commune : « Il leur revient d’attirer l’attention des petites filles sur la vigilance. Lorsque le chemin est sombre, par où ne pas passer ; qui touche quoi sur le corps la fille ? Les papas aussi peuvent le faire mais c’est d’abord les mamans qui doivent veiller à éveiller chez leurs filles, la connaissance du risque. Évidemment, chez la fille de 4 ans, qu’est-ce que nous voulons dire ? C’est là où la vigilance doit être partagée. Et que chacun veille sur les enfants des autres. C’est de la solidarité qu’il s’agit. Et nous en avons besoin, devant les statistiques inquiétantes des viols à Abomey Calavi ».
Véronique TOGNIFODE a fini son exhortation en rassurant l’assistance : « J’ai confiance en votre engagement et je sais que nous allons inverser la tendance et que ces statistiques qui parlent, se tairont ».
Avec gouv.bj