Belgique : Dans l’attente de l’ouverture du méga procès à l’encontre de 129 prévenus dans un vaste trafic de drogue

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Un procès-fleuve, qui devait s’ouvrir ce lundi 4 décembre à Bruxelles à l’encontre de 129 prévenus dans un vaste trafic de drogue, a une nouvelle fois été reporté, cette fois au 18 décembre. Surnommé Sky ECC du nom de la technologie de télécommunication et de messagerie, c’est le plus vaste procès jamais organisé en Belgique

Ce méga-procès aurait déjà dû s’ouvrir le 6 octobre puis aujourd’hui et à chaque fois ce sont des manœuvres dilatoires des avocats de la défense qui sont en cause. Actuellement, c’est une requête en récusation des juges qui retarde l’ouverture, mais les avocats réclament des délais depuis le début car ce procès contient des milliers de pièces à conviction.

Pour mémoire, ce dossier Sky ECC est celui du démantèlement d’un énorme réseau criminel dont le cœur de métier était le trafic de drogue vers l’Europe en provenance d’Amérique du Sud et du Maroc. Un réseau dont le démantèlement a commencé le 9 mars 2021 lors d’une vague d’arrestations sans précédent coordonnée entre les polices française, néerlandaise et belge. Au total, 1800 policiers sont mobilisés et outre les arrestations réalisées, les perquisitions ont permis de saisir des armes en nombre, plus d’un million d’euros en liquide et surtout 17 tonnes de cocaïne, une mine d’or pour les trafiquants quand on sait qu’un gramme de cocaïne vaut entre 60 et 70 euros.

Un réseau criminel centré sur le Benelux est d’une ampleur considérable avec des ramifications mondiales 

Un réseau redoutable à la fois par sa violence et son envergure financière ainsi que par son étendue géographique. D’ailleurs, la moitié des 129 prévenus dans le box des accusés sont d’origine sud-américaine, en grande partie colombiens. C’est de là que provenait la cocaïne à destination des ports d’Anvers et de Rotterdam alors que le cannabis, dont 160 tonnes ont été saisies, provenait lui du Rif dans le nord du Maroc. On est toujours au centre de la lutte que mènent la Belgique et les Pays-Bas pour ne pas devenir des narco-États

Le parquet décrit ce procès comme le résultat de la plus vaste opération de cyberpolice jamais menée en Belgique

Tout a commencé en fait en 2020 avec le démantèlement d’encroChat, un système de messagerie cryptée très prisé des criminels et qui avait déjà permis de mettre la main sur beaucoup d’entre eux. La disparition d’encroChat a fait basculer les délinquants vers une autre technologie, SkyECC, une entreprise canadienne qui proposait à la fois une messagerie et des communications cryptées par « cryptographie à courbe elliptique » d’où l’acronyme ECC.

La police belge a réussi à craquer les communications cryptées, trois semaines avant les arrestations de mars 2021. À la mi-février, elle est entrée dans le système et les criminels avaient tellement confiance en Sky ECC qu’ils y mettaient des numéros de compte, des adresses, des lieux de rendez-vous, des photos d’exécutions sommaires. Et c’est cette confiance aveugle qui a permis à la police de mettre la main sur plus d’un milliard de messages dont plus de la moitié sont déjà décryptés.

Ce méga-procès n’est pas la fin de l’affaire Sky ECC

Effectivement, il y a déjà eu des condamnations individuelles car les messages décryptés ont permis d’alimenter d’autres procès. De fait, l’enquête continue et il y a encore eu par exemple cinq perquisitions fin octobre à Anvers et dans ses faubourgs grâce à des informations de Sky ECC dans le cadre d’une enquête sur un trafic d’armes et de blanchiment d’argent.