Dérapage verbal de AboubakarYaya à Parakou : Daniel Edah appelle à « combattre » et à « guérir » ce mal qui n’est pas « nouveau »

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Dans un post sur sa plateforme digitale de prédilection, ce 25 février 2020, le président Daniel Edah, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, est revenu sur les propos du ministre Aboubakar Yaya à l’endroit de la Communauté Somba. Il se rappelle des propos xénophobes contre un candidat de l’ethnie adja en 1996 et appelle à « combattre » et à « guérir » ce mal qui n’est pas « nouveau ».

 

Ces propos du ministre Aboubakar Yaya à l’endroit de la Communauté Somba, au-delà d’un acte isolé ou d’une lutte politique partisane, ne constituent pas un phénomène nouveau, mais l’illustration d’un mal profond longtemps entretenu ou ignoré dans le pays, en l’absence des réseaux sociaux pour le dénoncer et faute de victimes suffisamment révoltées et en position de pouvoir, pour faire plier les coupables. « C’est un mal qui entrave l’unité nationale et la construction d’une véritable nation béninoise, un mal que nous devons tous combattre et dont nous devons tous ensemble guérir ». , souligne-t-il.

En dehors des qualificatifs peu valorisants souvent utilisés par certains pour désigner leurs compatriotes d’autres régions ou ethnies, « je me souviens qu’en 1996 lors de la présidentielle, alors qu’il était en campagne dans le fief d’un de ses challengers du premier tour qui était Adja, le Président de la République Candidat à sa propre succession avait malheureusement déclaré en langue mina ce qui suit : Adjato la douga, mêkê la déagbléo », ce qui signifie en français: « qui cultiverait la terre si l’Adja (ethnie du sud-ouest du Bénin, ndlr) devient Président ? », donne-t-il en témoignage.

Ces propos aux dires de Daniel Edah, l’avaient personnellement blessés. « J’étais choqué et révolté mais je ne pouvais manifestement rien faire et les aînés Adja politiquement plus engagés n’avaient pu, eux aussi, rien faire. Ma fierté de jeune leader Adjavi s’en trouva affectée mais au lieu de répondre par un repli identitaire qui conforterait l’esprit du dérapage du président candidat, je redoublai plutôt d’effort dans la campagne électorale pour la victoire au second tour de mon Candidat », explique-t-il.

 

Edah félicite  ceux qui ont décrié le phénomène

 

Dans l’intérêt supérieur de la nation, suggère Daniel Edah, nous devons pouvoir nous élever au-dessus des considérations ethniques pour élire, nommer, promouvoir, soutenir ou nous associer à tout candidat politique ou cadre d’une autre ethnie que nous jugeons réunir, à un moment donné, l’intégrité, l’intelligence et l’énergie nécessaires à l’occupation d’une position publique pour le relèvement de nos défis du moment. Contrairement au silence relatif observé en 1996, poursuit-il, la levée de boucliers en 2020 à travers tout le pays contre ce dérapage jusqu’à amener l’ancien ministre Yaya à présenter des excuses est un motif de fierté nationale et l’illustration de l’éveil collectif contre le régionalisme et l’ethnocentrisme.

Par ailleurs, il félicite  les lanceurs d’alerte qui ont provoqué les vives réprobations. Il invite aussi les compatriotes Somba et toutes les victimes directes des propos du ministre Yaya à le pardonner et à ne pas baisser les bras dans leur contribution nécessaire pour faire de Parakou une grande ville moderne, économiquement prospère et socialement stable. « Ce qui vient de se passer à Parakou alerte sur l’urgence de nous mobiliser contre le régionalisme politique, contre les règlements de compte entre ethnies et d’œuvrer plutôt ensemble pour une gouvernance inclusive en vue de la construction d’une vraie nation béninoise »,  conclut-il.

 

S.E.

 

L’intégralité du texte du président Daniel Edah

 

À PROPOS DU DÉRAPAGE VERBAL DU MINISTRE ABOUBAKAR YAYA CONTRE NOS COMPATRIOTES SOMBA ET LES AUTRES CITOYENS NON AUTOCHTONES DE PARAKOU

Au-delà d’un acte isolé ou d’une lutte politique partisane, le dérapage observé n’est pas un phénomène nouveau mais une illustration d’un mal profond longtemps entretenu ou ignoré dans notre pays en l’absence des réseaux sociaux pour le dénoncer et faute de victimes suffisamment révoltées et en position de pouvoir pour faire plier les coupables, un mal qui entrave l’unité nationale et la construction d’une véritable nation béninoise, un mal que nous devons tous combattre et dont nous devons tous ensemble guérir.

En dehors des qualificatifs peu valorisant souvent utilisés par certains pour désigner leurs compatriotes d’autres régions ou ethnies, je me souviens qu’en 1996 lors de la présidentielle, alors qu’il était en campagne dans le fief d’un de ses challengers du premier tour qui était Adja, le Président de la République Candidat à sa propre succession avait malheureusement déclaré en langue mina ce qui suit : « Adjato la douga, mêkê la déagbléo » qui signifie en français: « qui cultiverait la terre si l’Adja devient Président ? »
J’étais choqué et révolté mais je ne pouvais manifestement rien faire et les aînés Adja politiquement plus engagés n’avaient pu, eux aussi, rien faire. Ma fierté de jeune leader Adjavi s’en trouva affectée mais au lieu de répondre par un repli identitaire qui conforterait l’esprit du dérapage du président candidat, je redoublai plutôt d’effort dans la campagne électorale pour la victoire au second tour de mon Candidat, le Général Mathieu KEREKOU, un Somba qui incarnait le mieux, à mes yeux, la chance pour la gouvernance inclusive et la consolidation de l’unité nationale.

Tout en étant fier d’être Adja, j’ai toujours estimé que, dans l’intérêt national, nous devons pouvoir nous élever au-dessus des considérations ethniques pour élire, nommer, promouvoir, soutenir ou nous associer à tout candidat politique ou cadre d’une autre ethnie que nous jugeons réunir, à un moment donné, l’intégrité, l’intelligence et l’énergie nécessaires à l’occupation d’une position publique pour le relèvement de nos défis du moment.

Contrairement au silence relatif observé en 1996, la levée de boucliers en 2020 à travers tout le pays contre ce dérapage jusqu’à amener l’ancien ministre Yaya à présenter des excuses est un motif de fierté nationale et l’illustration de l’éveil collectif contre le régionalisme et l’ethnocentrisme.

Je félicite tous les lanceurs d’alerte, journalistes et activistes des réseaux sociaux de notre pays qui y ont contribué et les encourage à n’épargner aucun aspect de la vie publique dans leur rôle de veille, d’information et de dénonciation salutaire.

J’invite nos compatriotes Somba et toutes les victimes directes des propos du ministre Yaya à lui pardonner et à ne pas baisser les bras dans leur contribution nécessaire pour faire de Parakou une grande ville moderne, économiquement prospère et socialement stable.

Ce qui vient de se passer à Parakou alerte sur l’urgence de nous mobiliser contre le régionalisme politique, contre les règlements de compte entre ethnies et d’œuvrer plutôt ensemble pour une gouvernance inclusive en vue de la construction d’une vraie nation béninoise économiquement prospère et socialement stable dont l’amour, la justice sociale et la prospérité partagée sont les ciments et dans laquelle aucun groupe ethnique n’est supérieur à un autre et où nos identités ethniques se soumettent à notre citoyenneté béninoise.

Ensemble, nous pouvons le meilleur pour le Bénin !

IL FERA BEAU

Dieu bénisse le Bénin !

Fait le 25 Février 2020,

Daniel Edah

 

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