Des députés dissidents ont formé ce mardi 19 mai un nouveau groupe parlementaire. Fini de tanguer : les jours de la majorité absolue pour La République en marche (LREM) à l’Assemblée sont officiellement révolus.
Affaibli depuis quelque temps, le parti fondé par Emmanuel Macron ne compte désormais plus que” 288 députés, “contre 314 au début de la législature. C’est juste “en dessous de la majorité qui a fait la gloire du mouvement après son hold-up aux élections législatives de 2017”. Cela s’explique par la formation d’un nouveau groupe parlementaire baptisé “Écologie Démocratie Solidarité”. Un neuvième ensemble, composé de 17 députés, pour l’hémicycle.
“Terminée” donc “l’unité de façade des marcheurs. Les profils de ces frondeurs sont assez variés. On y trouve notamment Cédric Villani, exclu du parti en raison de ses ambitions municipales à Paris”, mais aussi Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, et Paula Forteza en coprésidents du groupe, Aurélien Taché, ex-socialiste et élu dans le Val-d’Oise ou encore l’ex-ministre socialiste (PS) à l’Écologie Delphine Batho. Globalement, il s’agit de l’aile sociale et écologiste de LREM.
Une perte symbolique
Il faut dire, que “le parti a clairement déçu certains marcheurs de la première heure, qui le disent depuis un certain temps”. “Les réformes libérales, une politique économique plus proche du centre droit que du centre gauche, les tensions avec les syndicats et le choc des mouvements sociaux, sans oublier une politique environnementale qui, selon les écologistes, n’est pas à la hauteur des enjeux actuels : voilà autant de facteurs qui ont érodé la confiance de ce groupe.
Pourtant “ce défi de gauche lancé à Macron est paradoxal, car il se produit au moment précis où le chef de l’État sous-entendait un éventuel virage à gauche”. En effet, “la pandémie a poussé le président à suspendre des éléments clés du programme électoral grâce auquel il a gagné en 2017”. Comme la très contestée réforme des retraites, par exemple.
Il est toutefois important de rappeler que “cette dissidence ne change pas grand-chose pour les affaires courantes du pouvoir. Certes, elle représente une “nouvelle épine dans le pied de la formation d’Emmanuel Macron. Cette perte reste symbolique puisque le parti présidentiel peut compter sur les 46 députés du Mouvement démocrate (MoDem) et la dizaine d’élus d’Agir”, les formations centristes. Par conséquent, “les équilibres seront peu secoués à l’Assemblée” et LREM bénéficie “toujours d’une latitude confortable pour faire avancer son agenda”.
Il n’empêche “qu’Emmanuel Macron devra composer avec un Parlement moins docile. Jusqu’alors, “l’Assemblée nationale a eu parfois des allures de caisse enregistreuse des décisions gouvernementales. Le danger est moins cette nouvelle sous-chapelle partisane que le mécontentement populaire”. Le danger serait davantage “la cocotte-minute sociale qui siffle toujours, avec une pression décuplée par le confinement et la récession économique à venir”
S.E.