Restitution d’un tabouret royal au Bénin : Comment Marie-Cécile Zinsou a percé le « mystère du 27è trésor » d’Abomey en Finlande

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Alors qu’il aurait dû faire partie des pièces restituées en 2021 par la France, sa trace a été retrouvée dans un musée à Helsinki, comme le révèle un podcast diffusé par Radio France internationale. Il s’agit d’un tabouret royal de l’ancien royaume du Dahomey, actuel Bénin, réclamé par son pays d’origine.

C’est l’histoire d’un trésor oublié. Un de ces trophées ravis à la fin du XIXe siècle par les troupes du colonel français Alfred Dodds lors de la prise d’Abomey, capitale du royaume du Dahomey, situé dans l’actuel Bénin. Une pièce, donc, qui aurait dû repartir vers sa terre d’origine en novembre 2021 avec les vingt-six œuvres restituées à l’époque par la France à son ancienne colonie. Sauf que cet objet, un tabouret royal appelé kataklè, se trouvait alors… à Helsinki ! Voilà plus de quatre-vingts ans qu’il sommeillait au Musée national de Finlande, sans que personne y prête véritablement attention.

Le kataklè est désormais le sujet d’un nouveau chapitre dans le feuilleton tumultueux des restitutions, comme le raconte un podcast publié lundi 4 novembre par Radio France internationale (RFI). En quatre épisodes, « Le Mystère du 27e trésor » nous emmène sur la piste de ce trône portatif, sorti de l’ombre grâce à l’enquête minutieuse du journaliste Pierre Firtion, de la conservatrice finlandaise Pilvi Vainonen et de l’historienne de l’art franco-béninoise Marie-Cécile Zinsou.

 « Au départ, je ne comprenais pas pourquoi Emmanuel Macron parlait de rendre vingt-six, œuvres, car je savais que vingt-sept pièces avaient été rapportées en France par Dodds, se souvient la présidente de la fondation Zinsou, créée au Bénin et dédiée à l’art contemporain. Mais alors, où se trouvait celle sur laquelle tout le monde faisait l’impasse ? », rapporte Le Monde.Ses interrogations, Marie-Cécile Zinsou choisit de les taire afin de « ne pas gâcher la fête ». Elle s’en ouvre tout de même au journaliste de RFI, rencontré le jour du retour des trésors royaux à Cotonou, la capitale économique béninoise.

Le tabouret tripode est en « résidence » en Finlande depuis 1939

Débute alors un travail de détective qui leur fera remonter le fil du temps et voyager plus qu’ils ne l’avaient imaginé. Premier indice : le vingt-septième trésor figure bel et bien dans les inventaires en ligne du Musée du quai Branly, où étaient exposés les trésors royaux

En menant ses investigations avec le journaliste Firtion, Marie-Cécile Zinsou découvre que cet objet sacré avait quitté la France des décennies avant la restitution des autres trésors royaux. Le kataklé selon Zinsou, avait été envoyé en 1939 au Musée national de Finlande ; une époque au cours de laquelle les musées échangent des œuvres de leurs collections sans débourser de l’argent. Ainsi, Boris Vildé, conservateur au Musée de l’Homme, cherchant à enrichir les collections françaises avec des « objets finnois et samis », échange le kataklé considéré comme un “doublon” par les autorités françaises. Il aura fallu l’engagement et la détermination de Marie-Cécile Zinsou pour que ce trésor sacré à l’instar des 26 autres, revienne au Bénin.