(«Avec le président Talon, en ce qui concerne ‘’investir dans la femme’’, il y a eu un plus qui a été fait», déclare la DA de l’UP-R qui ambitionne «de porter le parti plus haut et mieux, le porter au pouvoir en 2026 et ce serait la concrétisation de nos rêves» )
Reçue sur l’émission «De vous à nous» de Peace FM le 10 mars dernier, dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale de la Femme autour du thème : « Investir en faveur des femmes », madame Christhelle Sègbèya Dossi Houndonougbo Alioza déclare: «Avec le président Talon, en ce qui concerne ‘’investir dans la femme’’, il y a eu un plus qui a été fait». Dans la vie, souligne-t-elle, il faut savoir être reconnaissant et saluer les efforts et les mérites . L’invitée de la radio Peace FM répond aux questions de la journaliste et parle de tout…
Journaliste Peace FM: Directrice de l’Administration du Parti Union Progressiste le Renouveau et ex-Directrice du Centre des œuvres universitaires et sociales, elle a été pendant plusieurs années conseillère technique au ministère des sports. Militante très active et prototype d’une femme leader et engagée, madame Christelle Sègbèya Dossi Houndonougbo Alioza, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, c’est elle que nous recevons sur ce numéro de l’émission «De vous à nous». Bonjour à toutes et bonjour à tous. Madame, merci d’avoir accepté notre invitation.
Christhelle Sègbèya Dossi Houndonougbo Alioza: C’est moi qui vous remercie. Bonjour aux auditeurs et auditrices qui m’entendent.
Nous sommes le 10 mars 2024, deux jours après la célébration de la date officiellement reconnue par les Nations Unies pour rendre hommage aux femmes et surtout sensibiliser au respect de leurs droits. La thématique de l’année 2024 c’est bien sûr «investir en faveur des femmes ; accélérer le rythme». Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Merci beaucoup, je voudrais d’abord souhaiter une très bonne fête à toutes les femmes: les femmes béninoises, les femmes africaines bien entendu et la femme citoyenne du monde. Quand nous regardons le thème de cette année, « investir en faveur de la femme » et le bout de phrase qui suit « accélérer le rythme », cela suppose donc que l’évaluation des multiples actions menées en faveur de l’épanouissement de la femme, nous constatons que nous avons encore du chemin à faire. Cela suppose que les résultats ne sont pas à la hauteur certainement des actions menées. Qu’est-ce qu’il faut faire aujourd’hui ? Il faut investir, investir plus, mais aussi investir dans des secteurs clés. Comme on le dit souvent, investir aujourd’hui sur la femme, ce n’est certainement pas aller faire des dons à la femme mais investir dans l’éducation de la femme. Mais quel type d’éducation ? Investir dans la formation de la femme, c’est investir dans la santé pour que la femme se porte bien, c’est investir dans sa sécurité, c’est investir dans la femme pour qu’elle s’épanouisse financièrement, c’est donc tout un paquet. Et quand on regarde chaque secteur, on se demande si vraiment nous investissons dans la femme.
L’autre domaine dans lequel nous allons aussi évaluer, c’est la position des femmes aux postes de responsabilité, ce que nous appelons souvent la représentativité des femmes à certains postes ou dans certains secteurs clés, par exemple le domaine politique. Et donc quand nous évaluons tous les efforts qui ont été consentis, il faut saluer le Bénin en Afrique et dans le monde. Des efforts énormes sont faits, d’énormes moyens sont mis dans l’épanouissement de la femme. Mais quand nous évaluons, est-ce que nous faisons de bons investissements ? Est-ce que nous mettons ces investissements au bon niveau ? quand nous ramenons cette question à notre pays le Bénin, comment est-ce que nous investissons dans la femme ? Est-ce que les investissements consentis par le passé ont donné des résultats probants ? Quels sont les leviers sur lesquels nous devons agir ? Que faisons-nous de la violence faite aux femmes et aux jeunes filles avec cette recrudescence de viol sur mineurs, cette recrudescence des violences de toutes formes sur les femmes dans tous les domaines ? Qu’est-ce que nous faisons ? Nous devons nous poser la question aujourd’hui de savoir quelles sont nos priorités au Bénin pour la femme béninoise ? Voilà un peu des questions sur lesquelles nous devons réfléchir après donc la célébration de la fête, dans les mois à venir, dans les années à venir et qu’au Bénin nous puissions nous asseoir et définir nos priorités pour la femme béninoise pour qu’elle puisse participer au développement de notre pays quel que soit le nom qu’elle porte, sa région, ses pratiques, sa religion, son bord politique, s’il s’agit d’une femme béninoise, nous devons définir une politique claire et précise pour permettre à la femme béninoise de jouer sa partition au côté de son pays, de sa communauté pour qu’elle s’épanouisse parce que la femme qui est épanouie, je pense c’est déjà la cellule familiale qui est épanouie, c’est la société qui est épanouie et c’est le pays qui est épanoui.
Vous avez commencé par le dire, quand on parle de politique, les femmes ne s’y intéressent pas même si au Bénin, dernièrement les choses ont changé. Néanmoins, il reste des choses à faire, n’est-ce pas ?
Quand on dit que les femmes ne s’intéressent pas à la politique, je sais que c’est parce que la politique porte un peu plus les femmes au-devant de la scène, elles sont publiques, elles s’affichent. C’est en cela qu’on essaie d’évaluer en nous disant que les femmes ne sont pas aussi nombreuses en politique. Quand on prend les autres domaines d’activités, je pense que le résultat sera aussi comparable. Déjà, je ne dirai pas que les femmes sont absentes sur l’échiquier politique mais c’est vrai aussi que le nombre que nous avons et surtout le problème ce n’est pas le nombre de femme que nous nous avons sur l’échiquier politique national mais c’est leur présence permanente. C’est cette présente permanente des femmes que nous déplorons. Nous avons des femmes qui, à des moments donnés, sont visibles sur l’échiquier politique national, parce que appelées à des responsabilités et dès lors qu’elles sont en fin de responsabilité, elles se retirent. C’est une question sur laquelle il faut réfléchir. Ce qui fait qu’à l’évaluation de la participation des femmes à l’action politique, nous avons toujours un faible taux ; et surtout que dans le domaine politique, le pan qui permet d’évaluer la présence de la femme sur l’échiquier politique c’est les postes électifs et donc c’est sur ces postes électifs qu’il faut agir, surtout que ce sont ces derniers qui, en réalité, permettent la présence permanente des femmes sur l’échiquier politique national. Puisque par rapport à cette position élective, les femmes sont peu nombreuses, nous concluons à cet effet que c’est là le baromètre, par conséquent nous retenons que très peu de femmes sont sur l’échiquier politique. Donc nous avons déjà un problème de quantité et puis quand nous observons un peu comment est-ce que les choses se déroulent, nous constatons, qu’on le veuille ou non, c’est en reconnaissant ses faiblesses qu’on s’améliore.
Nous avons aussi la question de qualité. Aujourd’hui notre république, à travers l’Assemblée nationale a pris une décision bien politique. Nous avons une loi discriminatoire qui permet aux femmes déjà au niveau de l’Assemblée nationale, que nous puissions avoir un nombre important de femmes. Nous avons déjà agi sur la quantité, quitte à nous d’agir sur la qualité et de permettre que la présence de ses femmes à l’Assemblée nationale soit qualitative.
Aujourd’hui, quand on a fini de régler la question au parlement, il faut aller donc régler ce problème au niveau des élections locales pour permettre une bonne présence en quantité et en qualité des femmes à la base dans les communautés pour aider à accompagner les populations dans les communautés, pour aider au développement des communautés. Je voudrais me résumer sur cette question en disant oui nous avons une faible présence des femmes sur l’échiquier politique national mais ces dernières années, il y a eu beaucoup d’efforts qui ont été faits surtout par l’Etat béninois, pour que nous sentions un peu plus la présence des femmes sur l’échiquier politique national. En dehors de cela, c’est vrai que nous avons aujourd’hui à des postes des femmes, dans l’administration béninoise, un effort est fait. Nous devons faire un plaidoyer pour le secteur privé. Nous devons aussi projeter un regard vers le privé et voir ce qui se passe avec la femme béninoise compétente, ce qui se passe avec elle dans le privé. Est-ce que les femmes qui sont dans le privé ont cette chance aussi d’être portées aux postes de responsabilité ? Et qui s’occupe de ça ? Qui regarde ? Qui essaie de les accompagner ? C’est des questions sur lesquelles nous devons réfléchir aussi dans notre république.
Est-ce que vous ne pensez pas aussi qu’il y a une façon de base qui est peut-être ratée, la jeune fille à qui on inculque des histoires fausses et il y a aussi la société qui ne voit pas d’un bon œil la femme politique ?
Le regard de la société, c’est le regard que nous projetons de la femme publique, de la femme en politique et je pense honnêtement que ces dernières années, cela s’est amélioré. Bien entendu que nous avons nos us et coutumes, nous avons nos pesanteurs sociologiques sur lesquels nous travaillons depuis des années, c’est aussi vrai que demain 11 mars par exemple, nous n’aurons pas à régler complètement et définitivement cette question. Nous avons à travailler sur la question et surtout nous femmes qui aspirons à ces positions, nous femmes qui pensons que nous pouvons et que nous devons accompagner le développement de notre pays, nous avons le devoir de nous mettre dans des positions tel que le regard que la société projette sur la femme publique, que ce regard soit amélioré.
Qu’est-ce que nous devons faire ? C’est de par nos habitudes, nos réactions, nos comportements, nos propos et nos vécus au quotidien. Nous n’avons aucun intérêt en tant que femme politique à oublier que nous sommes aussi femmes. Nous avons aussi des devoirs vis-à-vis de notre communauté, nos cellules familiales, notre société et de notre pays et surtout quand nous sommes portées au-devant de la scène, nous devons projeter des valeurs, des valeurs qui permettent à la femme béninoise de se dire je peux, des valeurs qui permettent à la société béninoise de se dire nous pouvons laisser la femme s’engager politiquement.
C’est à nous de le faire et nous devons par la suite montrer aux uns et aux autres que la femme qui est engagée politiquement, qui s’affiche publiquement, reste une femme et elle reste une citoyenne qui peut donc être aux côtés des hommes, porter sa société, sa république, sa communauté. Nous avons le devoir de rassurer les jeunes filles, les jeunes femmes qui veulent venir en politique, leur dire que tout milieu est dangereux, le milieu politique est dangereux comme le milieu de la presse est dangereux, le milieu économique est dangereux comme le milieu de la santé est dangereux. Chaque domaine d’activité a ses deux côtés, les faces de la même médaille. C’est à nous de nous comporter de telle sorte que nous puissions faire l’équilibre et que les femmes n’aient plus peur aujourd’hui de venir en politique en disant que c’est une jungle. Je pense que même à 80%, les femmes ont un rôle à jouer et se donner du respect dans la bonne position pour qu’elles servent de modèles et soient des personnes inspirantes pour les autres générations.
Femme politique, vous en êtes une, comment vous vivez cette expérience ?
Mais écoutez, pour moi, femme politique béninoise, avec les hommes et d’autres femmes, je pense que je ne vis pas ma condition de façon particulière. Je mets ça dans les normes en réalité en disant ce n’est pas une chose extraordinaire que de trouver une femme en politique, ce n’est pas une chose extraordinaire que de trouver une femme engagée. Que n’importe quel Être qui aspire, qui a des visions, qui a des projets, ne peut que s’engager dans le milieu où il pense qu’il peut y arriver. C’est de ça qu’il s’agit en ce qui me concerne. Je ne me dis pas que c’est une particularité d’être dans le milieu politique.
Je me dis que j’ai aussi à contribuer au développement de mon pays, j’ai aussi à contribuer au travail qui se fait dans ma République, je suis citoyenne béninoise et que même si je n’ai pas l’extrême intelligence, j’ai quand même ma petite intelligence qui contribuerait à quelque chose dans la République. C’est pourquoi je ne voudrais pas prendre le milieu politique comme un milieu particulier, je ne voudrais pas me prendre comme une personne particulière dans un milieu particulier. Je suis dans un milieu où nous devons avancer ensemble pour le bien de chacun et de tous.
Sur cette longue route, qu’est-ce qui vous a marqué négativement et positivement ?
Écoutez, je ne sais pas si je me rappelle, si je dois citer des faits marquants positivement ou négativement. Je pense quand même que dans ma modeste position, je suis dans un milieu où vous avez de bons résultats aujourd’hui, demain, c’est d’autres résultats, vous compensez, vous équilibrez et vous avancez.
De toutes les façons, vous savez que la vie c’est cet endroit où on vous bouscule, vous essayez de bousculer, on vous prend au sentiment et parfois c’est le contraire, vous faites l’équilibre et vous continuez. De façon particulière, j’avance et bon voilà.
Vous avez parlé de résultats, vous étiez candidate aux législatives de 2007, 2011, 2019 et 2023, vous n’avez pas pu être élue, un sentiment de désespoir est peut-être né ?
Non, non, non. Je dois clarifier les choses. C’est vrai que j’ai été aux élections quatre fois, deux fois comme suppléante et deux fois comme titulaires. En 2007, c’est vrai que j’étais suppléante et nous avions été aux élections dans des conditions particulières. Ça n’avait pas marché. En 2011, on est reparti nous deux de toutes les façons dans notre circonscription électorale, la neuvième dans les Collines et donc on a gagné les élections parce que mon titulaire était élu député à l’Assemblée Nationale. En 2019 avec la réforme du système partisan, nous nous sommes retrouvés à l’Union progressiste.
Nous étions allés aux élections dans les Collines, neuvième circonscription électorale, deuxième titulaire sur la liste, nous n’avons pas eu gain de cause parce que nous avons passé des élections particulières bien entendu. Je n’ai pas été élue et bon voilà. En politique, quand vous allez aux élections, soit vous êtes élu ou vous n’êtes pas élu. Dans les circonscriptions électorales, les réalités ne sont pas toujours les mêmes. En tant que politique, toutes les fois que je peux aller aux élections, j’irai. En 2023, on a été. Aujourd’hui, c’est le parti politique qui décide de qui va aux élections dans quelle zone. Si en 2026, le parti me dit vous allez dans la 19è, la 5è ou la 20è circonscription électorale, je le ferai certainement. Nous travaillons pour que le parti soit national et quand nous prenons les personnalités du parti, on peut les positionner dans certaines zones particulières. Les élections restent les élections. Nous avons vu dans d’autres pays où des gens ont été aux élections présidentielles ‘‘n fois’’ avant d’être élus. Qui vous a dit qu’un jour, je ne pourrai pas être au perchoir en train de diriger une plénière à l’Assemblée nationale ? Tout est une question de conviction. Je n’ai pas fini d’aller aux élections au Bénin, je continuerai à aller aux élections et je serai élue.(sourire)
Vous ne pensez que le fait de faire les choses de cette façon où le parti décide de mettre qui il veut dans telle circonscription, est-ce que cela ne réduit pas les chances ? Quand on parle de Christhelle Houndonougbo à Cotonou, peut-être que ça ne sonne pas de la même manière quand on parle de Christhelle Houndonougbo à Ouidah par exemple ?
C’est vrai que vous avez raison quand on parle de Christhelle Houndonougbo à Cotonou c’est autre chose que quand on parle de Christhelle Houndonougbo à Ouidah et c’est encore tout autre chose lorsqu’on parle de Christhelle Houndonougbo dans les Collines dans la neuvième circonscription électorale. Mais quand vous êtes au sein d’un groupe, un parti politique et vous êtes à un niveau de responsabilité, vous êtes obligés d’aller dans la même direction. C’est aussi vrai qu’à un moment donné vous trouvez les arguments nécessaires pour expliquer au parti qu’il serait mieux que vous soyez positionné à tel ou tel endroit. De toutes les façons, ce que nous avons fait en 2023, c’est une expérience.
Quand on parle des élections, le mardi 5 mars dernier, les députés ont voté la loi portant relecture du code électoral, en tant que femme, qu’est-ce que vous attendiez de cette modification ?
Je pense que par rapport à tout ce qui a eu lieu à l’Assemblée nationale ces derniers temps que ce serait l’occasion pour nous, et les députés et d’autres acteurs politiques, d’aller un peu plus loin en ce qui concerne les mesures discriminatoires en faveur des femmes pour leur représentativité au sein donc des instances de prise de décisions et surtout au niveau de la gestion de nos communautés, c’est-à-dire les élections locales. Il s’agit du code électoral et nous sommes encore à deux ans des élections de 2026 et il y a encore des questions qui sont restées en suspense. Si nous faisons l’organisation nécessaire, je voudrais bien espérer que nous aurons une solution en ce qui concerne cette question de représentativité des femmes.
Est-ce que vous pensez qu’il faut toutes les fois discriminer positivement la femme quand on parle politique ? Ça ne frise pas quelque chose ?
Je suis d’accord avec vous, je comprends votre question. Il y a de cela une dizaine d’années en arrière, j’aurais eu la même position que vous. Je vous ai dit tout à l’heure que nous avons réglé le problème de la quantité à l’Assemblée nationale, il ne reste que le problème de la qualité et cela reste valable pour moi. Aujourd’hui, il faut qu’on accompagne les efforts qui se font pour une meilleure représentativité des femmes dans les organes de prise de décision. Nous continuons par travailler pour amener nos partis politiques à reconnaître les mérites de la femme et à être un peu regardant par rapport à la présence des femmes. La République se doit de faire un effort pour qu’on ramène la femme à un certain niveau.
Parlant des actions du gouvernement, voilà environ 8 ans que le président Patrice Talon essaye de mettre en œuvre le programme d’action du gouvernement, qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans la gouvernance du pays et qui vous fait croire que la gouvernance Talon sera un succès en 2026 ?
Je ne parle pas du futur en ce qui concerne la gouvernance du président Talon, je vais parler au présent. Dans la gouvernance d’un pays, nous ne pouvons jamais dire que tout est rose. On ne le dira pas tout simplement parce que nous avons une société qui est la nôtre que nous connaissons. Nous sommes un peuple têtu et le fait qu’on soit têtu et qu’on nous ait laissé dans certaines pratiques et habitudes, nous sommes devenus un peu ‘’indisciplinés’’. Il vous est déjà arrivé de conduire en contre-sens, de brûler plusieurs fois les feux tricolores; nous avons pendant longtemps cultivé cette indiscipline en nous disant que personne n’est là pour nous ramener à l’ordre.
Quand on veut le développement, il faut accepter faire le sacrifice. L’être humain demeure l’être humain et quand on lui demande de changer d’habitude, systématiquement, il pense qu’on lui fait du mal. Si aujourd’hui les Béninois disent que le président Patrice Talon les taquine, cela veut dire que quelque chose change. C’est ensemble que nous allons améliorer notre confort. Je pense que sur la gestion de certaines questions de la République le chef de l’Etat est bien conscient de ce que les populations ne sont pas d’accord. Reconnaissons que nous avons eu des résultats au cours des huit années que le président Talon est en train de passer à la tête du pays avec son gouvernement.
En parlant des actions du gouvernement, il y a eu beaucoup d’actions en faveur des femmes, vous avez commencé par le dire, représentativité des femmes à l’Assemblée nationale, il y a aussi cette loi discriminatoire en faveur des filles des lycées et collèges du Bénin, qu’est-ce que vous avez à dire sur ce point particulier ?
A plusieurs reprises, je disais que dans la vie il faut savoir être reconnaissant et saluer les efforts et les mérites. C’est en cela que nous saluons les efforts qui ont été faits par les gouvernements successifs de notre pays. Avec le président Talon, en ce qui concerne «investir dans la femme», il y a eu un plus qui a été fait. Il y a eu aussi des lois qui ont été votées pour protéger la femme en matière des violences faites aux femmes. Nous avons l’Institut national de la femme qui a été restructuré et est au quotidien au côté de la femme béninoise. Plusieurs actions sont menées et d’autres sont en cours pour améliorer les conditions de la femme dans notre pays. Les jeunes filles béninoises ont aujourd’hui de la chance. L’Etat essaie de faire des discriminations parce que c’est la jeune fille qui deviendra la femme de demain.
L’avènement de l’INF a vu le jour il y a quelques années dans notre pays, que dites-vous des multiples actions qui sont faites ?
Je voudrais reconnaître à l’Institut National de la Femme ses actions et dire qu’aujourd’hui nous avons droit à des réflexions. La période des réflexions ne doit pas prendre le pas sur les actions. La femme béninoise, ce n’est pas seulement la femme de Cotonou, c’est aussi la femme qui est quelque part à Djigbé, Soclogbo, partout dans le pays. L’Etat doit doter l’Institut de moyens pour la mise en œuvre de ses actions en faveur des femmes. L’Institut a besoin de moyens techniques et financiers pour dépasser ce qu’il fait aujourd’hui.
Quelle est la femme qui vous inspire le plus ?
Il y a une femme inspirante que j’ai suivie pendant sa gestion quelques années à la tête de son pays, elle a été chancelière. Angéla MERKEL a été une femme qui m’a beaucoup inspirée. Elle m’a inspirée par son parcours, par rapport à sa gestion des choses, une femme politique, une femme de pouvoir, une femme de consensus mais qui est restée dans sa simplicité, qui est restée femme, qui est restée humaniste. C’est une femme qui m’a toujours inspirée. Elle a quitté les affaires de la plus simple des manières. Elle est restée compétente.
Et ici au Bénin ?
Femme inspirante, ici au Bénin, on en a eue quelques-unes. Celle pour qui j’ai une pensée, c’est madame Vieyra Soglo. Elle a eu des côtés que j’ai toujours appréciés en restant jusqu’au bout. J’ai connu d’autres femmes dans leur militantisme et dans leur humilité et je cultive moi-même cette humilité qui fait de moi une femme inspirante.
Est-ce que vous vous définissez comme une féministe ?
Sur cette question, je vais décevoir plus d’un. Je ne m’inscris pas sur la liste des féministes pures et dures. Je suis une femme qui demande qu’on puisse aider la femme. Je ne suis pas dans le combat homme et femme. Je suis dans le combat qui consiste à positionner la femme où elle peut rester pour permettre qu’en complicité, homme et femme puissent gérer la cité.
La façon dont certains font leur féminisme aujourd’hui, on fait le féminisme parce qu’on a des intérêts derrière, qu’est-ce que vous avez à dire sur ce point ?
Je ne veux pas rentrer dans des polémiques. Chacun essaie d’avoir ses intérêts dans une action particulière et je ne veux pas apprécier l’intérêt des autres.
Vous êtes sur les réseaux sociaux et vous suivez tout ce qui se passe avec la dépravation de la femme, comment appréciez-vous ça ? Est-ce que c’est une question d’éducation ?
Dans nos foyers, dans nos cellules familiales, nous devons reprendre en main l’éducation des enfants qu’ils soient filles ou garçons. Nous devons échanger avec les enfants. Nous sommes en Afrique et les propos qu’on peut tenir dans un rayon X du monde on ne peut pas les tenir dans un rayon Y du monde. Malheureusement, avec l’intelligence artificielle aujourd’hui, nous nous permettons tout.
Il y a quelques années vous avez mené des luttes contre les conditions de détention dans les prisons du Bénin, où en êtes-vous ?
Je continue de le faire même si je ne le fais pas avec beaucoup de couvertures médiatiques. A travers mon ONG Défense Sans Frontière, je reste toujours proche de certaines personnes en détention. Avec la même ONG, nous continuons de tendre la main aux plus démunis, aux orphelins. Avec le combat de certaines organisations, nous constatons aujourd’hui une amélioration des conditions de vie dans le milieu carcéral.
Quels sont vos projets dans le futur ?
Je suis membre du parti Union progressiste le Renouveau. La première chose c’est de porter le parti plus haut et mieux, le porter au pouvoir en 2026 et ce serait la concrétisation de nos rêves.
Vous avez occupé le poste de Directrice du Centre des œuvres universitaires et sociales de l’Université Abomey-Calavi; y a-t-il amélioration des conditions d’étude des étudiants?
J’avoue qu’il y a longtemps que je suis encore allée sur le campus. Mais je pense qu’il y a des problèmes au centre des œuvres universitaires et sociales et il y en aura toujours parce que les étudiants ont mille et un besoin. Les étudiants ont besoin d’être écoutés même si tous les problèmes ne peuvent pas être réglés, il faut qu’ils soient écoutés.
Transcription: F. KOUWAFIN
Réalisation: La Rédaction