L’ordre des avocats du Bénin a rencontré la presse dans la soirée de ce jeudi 23 novembre 2017 à la salle de conférence du Centre de Documentation et d’Information Juridique sis à la Cour d’Appel de Cotonou. Cette rencontre qui intervient dans le cadre de la rentrée solennelle qu’effectuent les hommes en toge, se veut de présenter le rapport de la mission d’immersion des avocats dans les prisons du Bénin.
Selon ce document qui fait suite à une mission dépêchée du 25 au 29 septembre 2017 par l’Ordre, les populations vivantes dans les maisons d’arrêt au Bénin sont privées de leur droit. Elles vivent dans des situations déshumanisantes et fortes déplorables. Ayant pour but de s’imprégner des problèmes que vive la population carcérale afin de proposer les solutions idoines, cette mission a révélé plus que les initiateurs ne s’y attendaient. Cet état de chose doit interpeller la conscience de chacun et surtout la responsabilité du pouvoir public.
Au nombre de 7.358 personnes dont 7023 hommes, 243 femmes et 83 mineurs, les prisonniers béninois sont repartis dans les dix (10) maisons d’arrêts que compte le pays. 2% de cette population ont entre 15-18ans ; 92% sont comprises entre 19-50 ans tandis que 6% sont ceux qui ont plus de 50ans. Le monde carcéral est donc à majorité composé de jeunes. « L’hyper majorité, 96%, n’a pas encore été jugé. Ils sont en attente de jugement », a déploré le présentateur.
D’autres ont passé plus de cinq (5) années alors que le code de procédure pénal en vigueur au Bénin prévoit 5ans au maximum pour qu’un mis en cause soit fixé sur son sort ; jugé et être condamné ou relaxé, et le cas le plus criard est celui qui est détenu depuis dix sept (17) ans et n’est pas jusqu’à ce jour fixé sur son sort. Aussi, ces maisons d’arrêt sont surpeuplées à plus de 50% selon le rapport. Généralement, la population carcérale béninoise est criarde. Les personnes vivent sans distinction. Ceux qui ont commis des crimes de sang cohabitent avec ceux qui ont volé des paquets de sucre, moutons… l’insalubrité règne en maître et les enfants se retrouvent prisonniers sans commettre de crime. Les prisons béninoises dans leur ensemble sont donc des lieux de déshumanisation. Mais l’ordre des avocats pense assumer son rôle pour relever le défi. « Pour chaque détenu provisoire, un avocat. Cette opération va commencer dans les semaines qui viennent » a affirmé le bâtonnier Me Yvon.