Le Président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire et de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Amadou Ben Soumahoro, n’est plus. Il est décédé ce samedi 6 mai 2022 des suites d’une longue maladie. Cette disparition est une lourde perte pour la famille francophone et l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire, selon son collègue Louis Gbèhounou Vlavonou, Président de la 8ème législature de l’Assemblée nationale du Bénin, dans une interview qu’il a bien voulu accorder à la presse parlementaire.
Comment avez-vous reçu la nouvelle de la disparition de Amadou Ben Soumahoro, Président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire ?
Louis Gbèhounou Vlavonou : J’avoue que j’étais très surpris parce que nous avons gardé un contact permanent. A chaque instant on s’appelait et je lui demandais comment il se portait. Il me disait souvent qu’il rend grâce à Dieu pour le don de la vie et pour sa présence encore parmi nous. J’étais à mille lieux d’imaginer cette nouvelle. Je suis donc encore sous le choc et dans l’émotion parce que celui qui est parti est un grand ami, un de mes soutiens au niveau de la famille des Parlements francophones.
On le connait très proche de vous. On l’a vu à vos côtés lors de la cérémonie qui a consacré votre investiture comme Président de la 8ème législature de l’Assemblée nationale. On l’a aussi vu conduire ici au Bénin une mission d’information et de contacts de l’Assemblée parlementaire de la francophonie. Que pouvez-vous nous dire sur la nature des relations qui vous lient ?
La nature de nos relations est partie des difficultés que lui-même avait connues avec son prédécesseur Guillaume Soro. Pour accéder au perchoir, il avait eu lui-même assez de difficultés. Et dans ces genres de situation, vous devez avoir des collègues sur qui vous pouvez vous appuyer. Je pense qu’à ce moment-là, j’avais envoyé le vice-président de la section béninoise de l’Assemblée parlementaire de la francophonie en la personne de l’honorable Assan Seibou pour assister à une réunion déterminante qui a permis de décanter la situation entre Guillaume Soro et lui à la tête de l’APF. Les consignes données à mon vice-président à ce niveau ont fait qu’il a senti un appui sincère, fraternel et amical du Bénin et depuis, nos relations ont pris une nouvelle tournure. Lors de mon investiture, il est arrivé me remercier pour ce soutien qu’il avait reçu de ma part. Cela a donné une nouvelle orientation désormais à nos rapports. Voilà donc d’où nous sommes partis et depuis, nous nous comportons comme des frères et amis.
Quel est Monsieur le Président, le plus grand souvenir que vous retenez de votre défunt frère et ami Amadou Ben Soumahoro ?
C’est le soutien inconditionnel qu’il a apporté à la 8ème législature de l’Assemblée nationale du Bénin que j’ai l’insigne honneur de présider. Lorsqu’au lendemain des élections législatives de 2019, il y a eu un tôlé général au niveau de la famille francophone et qu’il a été décidé qu’une mission de haut niveau arrive au Bénin pour constater par elle-même tout ce qui se dit, j’ai exigé que cette mission soit conduite par le Président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie. Paradoxalement. Toute la famille francophone n’était pas totalement d’accord au motif que cela n’a jamais existé et que c’est la commission politique qui vient sur le terrain constater les choses. Que le Président de l’APF en personne conduise une délégation au Bénin était pris par le Président de la commission politique de l’APF comme si son rapport a été désavoué. Compte tenu de nos relations et en tant que Président de l’APF, le Président Soumahoro a tranché et a conduit lui-même la délégation. De plus, j’avais exigé que tous les Représentants des continents fassent partie de cette délégation pour des raisons de représentativité et d’impartialité. Ce que le Président Soumahoro a accepté. J’ai alors compris que le Président Soumahoro était un vrai défenseur de la démocratie. C’est en effet la toute première fois qu’une mission de Contact de l’APF a été conduite par son Président lui-même depuis que je suis au niveau de la famille francophone. C’est vraiment trop fort et plein de sens. D’ailleurs, la déclaration qui a été lue à l’issue de cette mission montre à bien des égards que feu Président Amadou Ben Soumahoro est un ami du Bénin, un ami de la 8e législature de l’Assemblée nationale du Bénin.
Avez-vous un message particulier à l’endroit du peuple ivoirien endeuillé et des membres de l’Assemblée parlementaire de la francophonie ?
Je pense que la disparition de notre collège Amadou Ben Soumahoro est une perte énorme pour la famille francophone. Il était très respecté. C’est quelqu’un de très pondéré. Il avait une qualité qui force l’admiration : allier les positions contradictoires pour en dégager un consensus. Sa disparition est aussi une perte pour le Parlement ivoirien. Je voudrais me joindre à mes frères et confrères de la famille francophone pour présenter au peuple ivoirien, à sa famille politique et à sa famille biologique mes sincères et vives condoléances. Et pour la 8ème législature de l’Assemblée nationale du Bénin qui vient de perdre un soutien, un allié, un ami, un frère, j’ose croire que nous allons puiser dans ce que nous traversons pour transformer cette douleur en opportunité afin que cela n’affecte nullement la famille francophone et le Parlement béninois de la 8ème législature en cette veille où nous préparons l’Assemblée générale de la francophonie qui aura lieu à Kigali au mois de juillet 2022.