Collision aérienne à Washington : Ce que l’on sait de l’accident qui a fait 67 morts

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Un hélicoptère militaire et un avion de ligne sont entrés en collision à Washington, dans la nuit du 29 au 30 janvier, alors que le deuxième appareil était en approche de l’aéroport Ronald-Reagan. Le point sur la pire catastrophe aérienne aux États-Unis depuis novembre 2001.

Quelques heures après la collision entre un avion de ligne d’American Airlines et un hélicoptère Black Hawk, les enquêteurs préviennent : ils n’ont en l’état « pas assez d’éléments pour être en mesure d’établir » les causes de l’accident. Impossible « d’établir ou d’exclure » une erreur humaine ou un incident mécanique, a déclaré à la presse Todd Inman, responsable de l’Agence américaine de sécurité des transports (NTSB). « Nous avons des éléments, nous avons des données, en quantité substantielle. Nous devons les vérifier. Nous devons prendre notre temps pour s’assurer de l’exactitude », a ajouté Jennifer Homendy, directrice du NTSB. Un rapport préliminaire est annoncé dans les trente jours. En attendant les enquêteurs ferons connaitre les informations dont ils disposent.

Une manière peut-être d’atténuer les spéculations, alors que le président américain, Donald Trump, a déclaré que l’accident « aurait dû être évité ». Moins de 24 heures après la collision et alors que les secours repêchaient encore des corps dans le Potomac, le président américain a dénoncé les politiques de ses prédécesseurs démocrates. Pour lui, c’est l’occasion de mettre en avant son choix de mettre fin aux politiques de diversité dans le recrutement et il laisse entendre qu’il y a eu erreur humaine.

·         Le récit d’une catastrophe

Mercredi peu avant 21h (jeudi à 2h TU), un hélicoptère « Black Hawk » de l’armée américaine percute un avion de ligne opéré par PSA, filiale d’American Airlines, en approche de l’aéroport Ronald-Reagan, près de Washington. L’avion arrivait de Wichita et devait se poser quelques minutes après. L’hélicoptère effectuait un vol d’entraînement. Les deux appareils entrés en collision s’abîment dans le fleuve Potomac.

Plus de 300 secouristes sont mobilisés sur les lieux du crash dans des conditions difficiles, entre obscurité et froid. Une trentaine de corps sont retrouvés, avant que le bilan redouté soit confirmé par Donald Trump lui-même : il n’y a aucun survivant. Avec un total de 67 victimes, il s’agit de la catastrophe aérienne la plus mortelle aux États-Unis depuis le crash du vol American Airlines 587 le 12 novembre 2001. Deux mois après les attentats du 11-Septembre, cet avion s’était écrasé sur un quartier résidentiel du Queens à New York, faisant 265 morts.

·         Des stars du patinage parmi les passagers

Trois militaires étaient à bord de l’hélicoptère Sikorsky H-60 « Black Hawk ». L’avion de ligne transportait 60 passagers ainsi que quatre membres d’équipage. Parmi les passagers, on compte plusieurs patineurs de haut niveau, dont le couple russe Evgenia Shishkova et Vadim Naumov. Champions du monde en 1994, mariés en 1995, ils étaient âgés de 52 et 55 ans et revenaient de Wichita, où leur fils Maxim venait de prendre part aux championnats des États-Unis seniors.

Inna Volyanskaya, ancienne patineuse soviétique, était également parmi les passagers, affirment les agences TASS et Ria Novosti. Selon des informations de presse américaine, des patineurs artistiques américains se trouvaient aussi à bord. Dans un communiqué, la Fédération internationale de patinage fait part de son émotion : « Nous avons le cœur brisé d’apprendre que des patineurs artistiques, ainsi que leurs familles, leurs amis et leurs entraîneurs, se trouvaient à bord de l’avion. Nos pensées vont à toutes les personnes touchées par cette tragédie. Le patinage artistique est plus qu’un sport – c’est une famille très unie – et nous restons unis. »

·         Un seul contrôleur au lieu de deux au moment de la collision

Cela fait sans doute partie des éléments que la NTSB va regarder de près dans son enquête : selon des médias américains, les effectifs de la tour de contrôle de l’aéroport Ronald-Reagan n’étaient « pas » à leur niveau « normal » au moment de la catastrophe. Selon un rapport préliminaire du régulateur américain de l’aviation (FAA), cité par le New York Times puis par NBC News, l’effectif « n’était pas normal pour cette heure de la journée et ce volume de trafic ».

« Le contrôleur qui s’occupait des hélicoptères dans la zone de l’aéroport mercredi soir donnait aussi des instructions aux avions qui atterrissaient et décollaient. (…) Ces fonctions sont typiquement assignées à deux contrôleurs plutôt qu’à un seul », écrit la FAA. Les enquêteurs ne confirment cependant pas encore ces informations de presse. 

·         Pourquoi le système anticollision était désactivé

Les avions de ligne sont équipés d’un système anticollision. Celui-ci n’a pas fonctionné dans le cas de cette catastrophe, car il était désactivé… en toute logique. C’est ce qu’explique Gilles Diharce, contrôleur aérien et expert aéronautique, au micro de Daniel Vallot, journaliste au service international de RFI : « Ces systèmes sont désactivés en dessous d’une certaine altitude, pour éviter ces situations où les avions sont relativement proches les uns des autres : on aurait alors des déclenchements intempestifs d’évitements qui seraient encore plus dangereux pour la sécurité aérienne. »

Selon les transcriptions radio, Gilles Diharce remarque que l’information sur la présence d’un avion de ligne a bien été transmise à l’hélicoptère. « Toute la question est : est-ce qu’il a vu le bon appareil ? Parce que dans les retranscriptions radio, on entend qu’un autre avion se présente à l’atterrissage. Est-ce qu’il n’a pas le visuel sur ce deuxième avion ? C’est une question qu’on peut se poser », ajoute l’expert. Une question parmi de nombreuses autres auxquelles les enquêteurs sont appelés à répondre.