Une audience atypique se tenait ce lundi 26 mars au tribunal de commerce de Paris : elle oppose le groupe Bolloré à France Télévisions. L’entreprise avait saisi la justice après la diffusion d’un reportage consacré, entre autres, à ses activités en Afrique (et qui a reçu le prix Albert Londres l’année dernière). D’ailleurs, Bolloré a également porté plainte pour diffamation au Cameroun, l’affaire est toujours en cours. Deux autres procédures ont été lancées en France, une pour diffamation, et une autre donc devant le tribunal de commerce. Bolloré dénonce un dénigrement et une concurrence déloyale.
Bolloré réclame 50 millions d’euros à la télévision publique française à cause d’un reportage de « Complément d’enquête » diffusé en 2016. On voyait notamment une séquence tournée dans des plantations de palmiers à huile au Cameroun. Les employés d’une société dont Bolloré est actionnaire dénonçaient leurs conditions de travail : le salaire très faible, l’absence de matériel de protection, ou encore la présence de mineurs parmi les travailleurs.
Des images fortes qui constituent un dénigrement de Bolloré, selon l’entreprise française. L’essentiel des débats a porté sur ce point hier au tribunal de commerce de Paris.
L’autre partie de la plainte repose sur l’accusation de concurrence déloyale. Il faut savoir que Bolloré est actionnaire majoritaire de Vivendi, propriétaire notamment de Canal +. Et le groupe affirme qu’avec ce reportage, France 2 cherchait en fait à gagner des parts d’audience.
« C’est une procédure qui n’a pas lieu d’être, commente le réalisateur du film. On a fait un reportage journalistique, pas un tract. »
Le réalisateur rappelle que France Télévisions est le quatrième média à comparaître devant la justice depuis le début de l’année, à la suite d’une plainte du groupe Bolloré. D’ailleurs, France 2 a contre-attaqué en dénonçant une procédure abusive et réclame 100 000€ de dédommagement.
Les juges rendront leur décision sur cette plainte, comme sur celle du groupe Bolloré, au mois de juin prochain