Le régime Talon boucle deux années d’exercice du pouvoir ! Me Abou Seïdou, acteur sociopolitique de premier plan au Bénin, a relevé, mardi dans un entretien accordé à News Afrika, des avancées notables et a rappelé les principales attentes à combler pour le reste du quinquennat.
24 mois sont passés après la prise du pouvoir au Bénin par la “coalition de la rupture “ et la mise en place du régime du “nouveau départ “, qu’incarne Patrice Talon. En marge de ce second anniversaire, le président du parti Liberté et Justice, Abou Seïdou a, selon sa lecture sociopolitique, fait le point des diverses réalisations, exprimant tout de même des attentes primordiales tout en gratifiant le régime en place de ses conseils.
Répression des pratiques corruptives
En sa qualité d’officier de justice, l’homme a fait remarquer comment la lutte contre la corruption a pris corps sous la houlette du régime en place, saluant les efforts méritoires et la détermination du Président Talon et de son gouvernement. A-t-il évoqué pour preuve, le démantèlement d’historiques réseaux de fonctionnaires fictifs et de faux diplômés qui pompent les caisses de l’État sans oublier, des autorités politico administratives interpellées pour fait de malversations économiques auxquels elles sont impliquées. “Constatons aujourd’hui que la tentation de détourner les fonds publics a déserté le forum puisque la réaction du pouvoir en place est sans état d’âme“, a-t-il déduit précisant, “notre économie est essentiellement fiscale, il faut que les citoyens paient les impôts afin que l’État trouve les moyens de fonctionnement “. “La réduction des dépenses de l’État à travers notamment, la suppression de certaines primes ; l’évacuation sanitaire ; les voyages officiels en classe affaires sont aussi des avancées salutaires“, a-t-il soutenu.
Au passage, il a apprécié en bien, les divers concours de recrutement au profit des ministères de la Justice, de la Fonction publique, et de l’Économie et des Finances qui se sont déroulés sans fraude.
Bien que la lutte contre les faux médicaments soit légitime comme fait grave de corruption, la méthode utilisée frise de “l’acharnement politique “, selon le justicier qui a estimé que le pouvoir en place est vite allé en besogne.
Renforcement de la sécurité
L’intervenant a tiré un coup de chapeau au pouvoir en place pour avoir réussi mieux que par le passé, la sécurité des biens et des personnes qui est l’une des missions principales assignées à l’État. À l’en croire, aucun braquage à main armée n’a été enregistré, courant 2017 et il a fait allusion au positionnement des forces de l’ordre à tous les points stratégiques et la promptitude de réponse qu’adopte ces dernières depuis un bon moment. Aussi, il a donné une mention spéciale à la fusion de la police et de la gendarmerie en raison des tâches républicaines que les deux unités sont appelées à abattre. Il a précisé être sidéré par la mobilisation des moyens de fonctionnement au profit de la police républicaine qui tient à cœur au pourvoir.
Ravip
Après avoir rappelé les avantages du Recensement à Vocation identitaire des Populations (Ravip), il a notifié son bien fondé s’agissant des renseignements fiables que ladite carte est sensée fournir pour le renforcement de la sécurité des citoyens et de l’État béninois. C’est pour lui l’une des réformes impérissables puisque cette carte devra servir pour tout. Son vœu est que les indécis sachent raison gardée et qu’ils aillent s’enrôler afin de se faciliter la vie dans les opérations très prochainement.
Libération des espaces publics
Cette opération est selon Me Abou, indispensable, si vraiment on veut améliorer l’image des villes du Bénin. “Il a suffi qu’on libère des espaces publics pour voir le vrai visage de Cotonou par exemple et nul ne dira le contraire de ce que nos rues sont désormais aérées ; on note en conséquence, un embellissement progressif et nous encourageons l’État à maintenir le cap “, a-t-il indiqué.
Les attentes à combler…
Le président Abou Seïdou a fait des critiques objectives sur le volet social qui tâtonne sous le régime “rupturien“. “C’est ici que la majorité du peuple béninois apprécie les actions du pouvoir en place et on observe une lenteur dans les mises en œuvre. D’abord, il faut savoir que le pouvoir d’achat a considérablement baissé, ces deux dernières années. L’argent ne tourne pas comme auparavant “, a-t-il déploré, dénonçant une sorte de conspiration à l’encontre de l’économie béninoise presque agonisante.
Logements sociaux
“Le régime Talon doit 8 000 logements sociaux sur ses deux années au pouvoir ; car, c’était inscrit dans le Programme d’Action du gouvernement, la construction de 4000 habitations l’an. Pour l’heure, rien n’est encore fait et nous n’avions aucun écho sur ce projet“, a-t-il rappelé, exhortant Patrice Talon et son équipe à tenir compte de leur feuille de route dans l’hypothèse de combler les attentes des citoyens sur la base de promesse tenue.
Crise sociale
“C’est l’État qui est le grand perdant des mouvements de grèves en cours “, a avancé M. Abou qui a pris l’exemple du secteur judiciaire, où il a fait toute sa carrière de justicier et a précisé qu’il y a assez à faire dans la maison justice, qualifiant de légitimes, les revendications en cours. “Une journée de perdu en prison n’est pas une bonne chose ; des citoyens attendent des jugements des mois, mais on reporte sine die en raison des mouvements de débrayage. Aussi, des décisions de justice interviennent dans le domaine portuaire. Imaginé un navire qui est bloqué en mer attendant la justice, ce sont des milliards perdus par l’État par jour “, a-t-il clarifié, ajoutant, l’État est une continuité, le régime Talon perd du temps et de l’argent en tenant tête aux partenaires sociaux.
“Les décisions de justice ne sont pas prises à la hâte ! Ce sont de bonnes décisions qui y sont prises, Patrice Talon en sait quelques choses ! En conséquence, ce secteur ne doit pas manquer de moyens. Ce sont les mêmes revendications. Le gouvernement fait bien en initiant le dialogue, mais il faut libérer les moyens pour le bon fonctionnement de la maison justice “, a-t-il ponctué.
“L’éducation pour nos enfants au titre de l’année scolaire 2017-2018 est visiblement hypothéquée à cause des mêmes motifs de grèves ; si ce régime veut aller de l’avant, il doit faire la part des choses et prendre des résolutions susceptibles de dégeler la crise “ a-t-il suggéré.
Conseil…
“La crise sociale de l’heure est le fruit de la mal-compréhension entre l’État et ses partenaires sociaux ; il urge que chaque partie se sacrifie parce que le Bénin, notre chère patrie est le grand perdant et ne participons pas à l’échec de la Nation. Talon le père de la Nation doit prendre le dessus de la mêlée ; les syndicats de travailleurs eux, doivent savoir aussi raison gardée. Il y a à faire pour le développement du pays, n’attardons nous pas sur cette crise qui n’arrange rien du tout “, a conseillé l’ex-greffier en chef du Tribunal de première instance de Cotonou. “J’exhorte tous les Béninois à la patience ; les retombés de la gouvernance du régime en place ne sont pas perceptibles à l’étape actuelle, mais il y a de quoi à espérer puisqu’il y a une bonne volonté de mieux faire“, a-t-il conclu.
Me Abou Seïdou connu pour ses œuvres charismatiques est le porte-flambeau du parti, Liberté Justice qu’il a créée au soir de sa carrière judiciaire dans la perspective de renforcer ses actions sur le champ social. Ledit parti sera en lice par l’entremise d’une coalition aux objectifs prioritairement sociaux pour les législatives à venir au Bénin.