Les autorités maliennes de transition ont suspendu en catimini les indemnités des représentants des groupes armés siégeant au Comité de suivi de l’accord de paix de 2015 (CSA). Ces groupes avaient suspendu leur participation au CSA en décembre dernier, sur fond de tensions extrêmes avec le gouvernement de transition.
« Nous n’avons reçu aucune notification officielle, mais plus aucun versement n’a été effectué depuis [le mois de, ndlr] décembre », explique un cadre du CSP (Cadre stratégique permanent), qui rassemble tous les groupes armés signataires de l’accord de paix.
Sollicité par RFI, le ministère malien de la Réconciliation nationale, en charge de l’accord de paix, n’a pas donné suite.
Selon plusieurs cadres des mouvements signataires, les indemnités coupées représentent près d’un million de FCFA par mois, pour chacun des six représentants de la CMA, ex-rebelles indépendantistes, et des six autres de la Plateforme, qui ont toujours défendu l’unité de l’État malien. Ces représentants siègent au Comité de suivi et dans différentes commissions thématiques créées pour assurer la mise en œuvre de l’accord. Les fonctionnaires représentant l’État malien dans ces instances touchent les mêmes indemnités.
Les groupes armés ont suspendu leur participation aux instances de suivi de l’accord de paix le 22 décembre dernier, pour protester contre l’absence d’implication, selon eux, du gouvernement malien dans la mise en œuvre de l’accord.
« C’est normal », relativise un cadre du CSP, qui compare la situation à celle de travailleurs grévistes non payés. « C’est un acte de petitesse », juge un autre, qui rappelle que les deux derniers comités de suivi qui avaient été convoqués, en octobre et en novembre derniers, avaient été boycottés par le ministre malien de la Réconciliation, le colonel Ismaël Wagué, lui-même.
Il y a deux semaines, Bamako a officiellement écrit au médiateur algérien pour dénoncer de multiples violations de l’accord de paix par les groupes armés. Accusations rejetées par ces groupes. Depuis plusieurs mois, Alger, chef de file de la médiation internationale, s’efforce de rétablir le dialogue entre les deux parties et de sauver un accord de paix plus menacé que jamais.
RFI