Condamné à 10 ans de prison : « Aujourd’hui c’est moi, à qui le tour demain ? », les propos de Joël Aivo à la barre

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Reconnu coupable de blanchiment de capitaux et de complot contre l’autorité de l’État, Joël Aivo a été lourdement condamné par la Criet, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Le constitutionnaliste et deux de ses co-accusés écopent de dix ans de prison. Avant le verdict rendu tôt ce mardi à Porto Novo, Joël Aïvo, à la barre, s’est défendu. « L’État m’a abandonné et livré à mes adversaires politiques », a-t-il dénoncé.

Quand la présidente lui a demandé avant la fin de l’audience: « qu’avez-vous à ajouter pour votre défense ? », Joël Aivo répond : « Madame la Présidente, Messieurs les accesseurs, j’ai fait don de ma personne au Bénin. Vous êtes aussi des enfants de ce pays, faites de moi ce que vous voulez ». Mais avant cela, quand il a pris la parole, il fait savoir à Madame la Présidente et messieurs les accesseurs : « Il ne revient pas à la justice criminelle d’arbitrer les adversités politiques. Ensuite j’aimerais vous faire remarquer que seule la démocratie est éternelle. On peut en sortir mais croyez-moi, on y revient toujours. La démocratie, c’est la sécurité et la sureté pour tous. Hors de la démocratie, c’est l’aventure pour nous tous. Aujourd’hui c’est moi, à qui le tour demain ?

Pour finir Madame la Présidente, Messieurs les accesseurs, j’ai fait don de ma personne au Bénin. Vous êtes aussi des enfants de ce pays, faites de moi ce que vous voulez ».

Au cours de son audition, Joël Aivo s’est défendu crânement : « Depuis huit (08) mois, l’État m’a abandonné et livré à mes adversaires politiques. Depuis huit (08) mois, je n’ai rencontré sur mon chemin de croix aucun serviteur de l’État soucieux de mes droits. Madame la Présidente, l’État m’a abandonné aux mains de mes accusateurs qui ont eu le loisir de faire de moi, ce qu’ils ont voulu et parfois en violant les lois de la République. En huit (08) mois, on m’a affligé toute forme d’humiliation : Me voici en gilet de prisonnier devant vous. J’en ai en bleu barré jaune fluor et en bleu barré rouge fluor. Je suis présenté devant le Procureur Spécial, je suis présenté au Juge d’Instruction, puis enfin en session criminelle.

Comme un criminel. J’ai connu la sirène hurlante de la Police et de la voiture des prisonniers. J’ai même connu les menottes, oui les menottes, car figurez-vous, que le Capitaine Rodrigue RIDAGBA, Régisseur de la Prison Civile de Cotonou m’a posé les menottes pour quelques minutes sur un trajet de moins de dix (10) mètres à l’intérieur de la prison avant de me les enlever une fois dans la voiture. Evidemment, chacun savoure le trophée qu’il tient en main. Madame la Présidente, j’ai dit que l’État m’a livré à la vengeance et à la punition de mes adversaires et que la justice ne s’est jamais préoccupée de mes droits.

Au contraire. En prison j’ai connu l’insalubrité de ma cellule, l’indignité, l’humiliation de recevoir mon épouse debout et parfois sous la pluie. Depuis huit (08) mois, je n’ai jamais pu m’asseoir avec ma femme pour régler les problèmes de nos enfants. Cette maltraitance que je subis depuis huit (08) mois, sans avoir rien fait à personne, c’est mon chemin de croix. Je porte ma croix depuis huit (08) mois et je serai prêt, si c’est votre décision, à reprendre ma croix et à la porter de nouveau avec dignité et patriotisme.

J’ai été arrêté le 15 avril en pleine circulation et à la BEF le Commissaire Allowanou me dit que je suis le père de 5 ans c’est 5 ans qui a déclenché des vagues de violences. C’est le lendemain à l’occasion du déferrement que j’entends parler de blanchiment », a déclaré le Constitutionnaliste.

Madame la Présidente, l’accusation me reproche d’avoir dit qu’il y aura alternance en 2021 et que le 6 Avril un nouveau Chef d’État prêtera serment à Porto-Novo. Je n’arrive pas à réaliser que j’ai été arrêté pour ça, que je fais la prison depuis 8 mois pour ça, et que je suis poursuivi par la justice de mon pays pour ces propos. Et pourtant c’est vrai et les juges instructeurs ont même pu écrire tout ça dans les actes de mise en accusation. C’est surréaliste. »

A.C.C.