Une attaque massive de drones imputée à l’Ukraine a frappé, pendant la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 mai, le sud-ouest de la Russie, tuant deux civils, incendiant au moins une raffinerie et privant de courant une partie de Sébastopol en Crimée annexée. Au sol, les forces ukrainiennes restent soumises à une forte pression dans la région de Kharkiv
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a détaillé avoir neutralisé 51 drones aériens attaquant la Crimée, 44 au-dessus de la région de Krasnodar, six au-dessus de celle de Belgorod et un autre au-dessus de celle de Koursk. Certains ont tout de même atteint leur cible. En effet, le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, a annoncé pendant la nuit la mort d’une mère et de son enfant de quatre ans lors d’une attaque ayant touché le village d’Oktiabrski.
Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités locales ont également affirmé sur Telegram que deux drones ukrainiens avaient frappé et incendié une raffinerie à Touapsé, au bord de la mer Noire, sans faire de victime. Plusieurs médias russes ont diffusé des vidéos, non authentifiées, montrant cette attaque. Les autorités du district ont indiqué en début de matinée que le feu avait été éteint. Le gouverneur de la région de Krasnodar, Veniamine Kondratïev, a, de son côté, informé pendant la nuit qu’une attaque de drones avait touché des « infrastructures civiles » à Novorossiïsk, un grand port sur la mer Noire et causé des incendies.
Le média russe Astra, citant des sources anonymes, a affirmé que l’attaque pourrait avoir touché à Novorossiïsk deux dépôts de pétrole et deux terminaux dans la zone du port. Enfin, le ministère russe de la Défense a également affirmé avoir détruit six drones navals dans les eaux de la mer Noire.
Coupures de courant
L’attaque a par ailleurs provoqué des coupures de courant ayant affecté l’armée russe et la société civile. En Crimée, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été « en partie » privée de courant, car une sous-station électrique a été endommagée par des « débris de drones abattus », a affirmé sur Telegram Mikhaïl Razvojaïev, le gouverneur local désigné par Moscou. Ce responsable, dans un message distinct, a annoncé la fermeture temporaire à Sébastopol des établissements scolaires et jardins d’enfants, du fait de ces coupures d’électricité. Les réparations devraient prendre une journée, selon les autorités.
L’armée russe assure très régulièrement repousser des attaques de drones ukrainiens, mais revendique rarement en avoir abattu autant. L’Ukraine n’a pour l’heure pas commenté l’attaque. Ces derniers mois, Kiev a continuellement revendiqué des frappes contre des sites industriels et énergétiques en Russie. Cette vague de drones intervient alors que les forces russes ont lancé une offensive dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, notamment pour faire cesser les attaques contre le territoire de la région russe de Belgorod.
Le martyr de Vovtchansk
Ce 17 mai, l’Ukraine a dit que les forces russes étaient en train de détruire la ville de Vovtchansk, et qu’elles continuaient d’avancer dans la région du nord-est de Kharkiv, où Moscou a lancé un nouvel assaut d’ampleur le 10 mai. Le président russe Vladimir Poutine a justifié vendredi cette offensive en affirmant répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe. Selon lui, ses forces avancent « comme prévu ».
Quelque 200 civils restent sur place, d’après le gouverneur de la région de Kharkiv, alors que la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale Kharkiv, comptait quelque 18 000 habitants avant-guerre. L’armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, à l’instar de Bakhmout l’an passé ou Avdiïvka en février 2024, en recourant à des bombardements massifs pour en chasser les défenseurs.
Un peu plus à l’ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d’assaut dans la région. Elles visent cette fois le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, autre localité sur la route de Kharkiv.
L’objectif de l’offensive, selon Vladimir Poutine, est de créer une zone tampon pour empêcher des frappes de Kiev en territoire russe. « En une semaine, les unités du groupe Nord […] ont libéré douze localités de la région de Kharkiv […] et continuent d’avancer en profondeur dans les défenses de l’ennemi », a indiqué dans un communiqué le ministère russe de la Défense.