Lors d’une conférence de presse ce jeudi 20 juin, le Premier ministre Gabriel Attal a appelé les Français à le « choisir » comme chef du gouvernement aux élections législatives et compte s’imposer dans le paysage politique de la Macronie, malgré son désaccord avec le choix de la dissolution.
« Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin (date du premier tour des élections législatives, NDLR), j’aimerais que les Français me choisissent », a affirmé Gabriel Attal devant la presse ce jeudi, alors qu’il était interrogé sur la nécessité ou pas de faire campagne avec le président de la République, compte tenu de l’animosité que ce dernier suscite parmi les électeurs.
« C’est la première fois depuis plus de 25 ans que les Français vont choisir un Premier ministre. Évidemment qu’il y aura un avant et un après (…) dans la pratique du pouvoir, dans l’équilibre des institutions », a appuyé le Premier ministre. Le tout, dans une allusion plus générale à la gouvernance présidentielle jugée très « verticale », ainsi qu’à la dissolution qui a suscité des remous dans le camp présidentiel.
Le jeune Premier ministre s’est déjà distancé de son mentor en prenant les rênes de la campagne, en lieu et place du président de la République, dont les propos font régulièrement polémique. Officiellement sous la pression des députés du parti Renaissance, qui lui ont encore demandé mercredi de venir les soutenir dans leurs circonscriptions. Le visage du Premier ministre est désormais imprimé partout sur les documents de campagne tant celui du président suscite le rejet, aux dires des élus.
Même pas six mois à la tête du gouvernement ?
« La page de Macron et du macronisme, elle est tournée. Elle est tournée parce que les électeurs le disent », témoigne un député sortant reparti en campagne. L’incompréhension est telle sur la dissolution que, si la majorité actuelle était reconduite, « ce serait presque une forme de cohabitation, tellement les députés vont revenir mécontents », estime le même élu.
« Vous n’êtes pas seuls et je serai avec vous jusqu’au bout de cette campagne », a promis Gabriel Attal à ses candidats réunis au siège de Renaissance mercredi. « Les Français ont besoin de nous pour tenir le gouvernail et c’est pour ça qu’on doit tenir ». Et comme si ses troupes devaient s’armer de patience, Gabriel Attal répète que les législatives sont un vote « pour le Premier ministre » et qu’Emmanuel Macron sera encore président jusqu’en 2027, quel que soit le résultat du scrutin.
La France est à l’heure du choix entre trois visions de ce qu’est la France.
Un choix historique car jamais un vote n'aura porté en lui autant de conséquences.
Qu’est-ce qui se joue lors de ces élections ?
C’est le choix de votre Gouvernement.
C’est le choix de votre Premier… pic.twitter.com/gKhnosbkuP
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) June 20, 2024
La dissolution n’a pas été une bonne nouvelle non plus pour le Premier ministre qui, s’il n’est pas reconduit à son poste, n’aura même pas eu le temps de planter un arbre à Matignon, comme il est de tradition de le faire au bout de six mois. « Pour l’égo, c’est toujours un peu compliqué », alors que le jeune homme de 35 ans « a de l’ambition », estime un député de la majorité.
Malgré son désaccord avec la décision du président, Gabriel Attal s’est lancé pleinement dans la campagne, misant sur le jour d’après pour devenir éventuellement le candidat naturel de son camp en 2027. En décembre, Emmanuel Macron avait salué chez son jeune ministre, chargé alors de l’Éducation, un responsable politique susceptible de « continuer le combat ».
Au Mont-Valérien mercredi, le potentiel successeur est passé du rang d’héritier à « petit frère ». Emmanuel Macron « a repris le terme d’un enfant. Vous savez, moi, je suis Premier ministre. J’aspire à pouvoir continuer à diriger l’action du gouvernement », a balayé Gabriel Attal, montrant que le président devra compter sur lui pour la suite. À condition toutefois de faire le plein d’un vote utile dès le premier tour, alors que la majorité est menacée par deux favoris, l’extrême droite d’une part et la gauche réunie dans le Nouveau Front populaire d’autre part.
Sur le marché d’Alençon (Orne) jeudi, dans la foulée de sa conférence de presse et avant une énième intervention média sur BFMTV, il a appelé à donner à son camp « une majorité absolue » à l’Assemblée le 7 juillet, pour éviter la paralysie d’une majorité relative.