Vulgarisation du rapport 2024-2025 : Amnesty International dénonce la dégradation et la regression des droits humains au Bénin 

Société

Amnesty International a rendu public le rapport 2024-2025 sur l’état des droits humains au Bénin et dans le monde. En présentant son rapport, ce mardi 29 avril à Bénin Royal Hôtel de Cotonou, le Directeur Exécutif d’Amnesty International Bénin, Dieudonné Dagbéto, a fustigé les atteintes graves aux droits humains au Bénin et dans le monde qui présage un état piteux des droits de la personnes humaines dans un monde dominé par la violence, l’influence de la géopolitique et la multiplication des guerres.

Dans sa déclaration, le Directeur Exécutif de Amnesty international Bénin,  Dieudonné Dagbéto et les cadres Glory Cyriaque HOSSOU et Pricilia Acapovi ont étalé une batterie d’arguments, qui suscitent indignation et émoi quant au non respect des droits humains. Ils décrivent avec gravité les atteintes à la liberté de presse et d’expression et le rétrécissement de l’espace civique  au Bénin. Selon le Directeur Dagbéto, le Bénin a ratifié des accords internationaux visant à respecter les droits de la personne humaine. Mais doit-on remarquer que le code du numérique voté en 2018 est liberticide et promeut le baîllonnement de la presse et de la liberté d’expression et porte préjudice à l’exercice libre de la profession de journaliste au Bénin avec son corollaire d’emprisonnement des hommes des médias, des opposants politiques, pour avoir donné leur opinion. L’organisation Internationale de défense des droits humains condamne la restriction des droits à la liberté d’expression, la suspension des médias pour les obliger à adopter une ligne éditoriale qui colle à la volonté du politique, l’emprisonnement des journalistes, la répression des marches syndicales,. Dieudonné Dagbéto pointe du doigt le cas du groupe de presse la Gazette du Golfe, le procès du journaliste Steve Amoussou accusé d’être le “Frère Hounvi”. Le communiqué de la Haac qui restreint le traitement de l’information sur le terrorisme, la suspension des moyens de communication du groupe de presse la Gazette du Golfe etc.

Des détentions arbitraires d’acteurs politiques
Le Gouvernement du Bénin et son chef doivent autoriser la mise en liberté sans condition et le dédommagement du Professeur Joel Aïvo et de l’opposant Reckya Madougou en détention depuis 2021. Les chefs d’accusations requises dans la condamnation du Professeur Joël Aïvo à 10 ans de prison ferme pour ≪ complot contre la sûreté de l’Etat ≫ et celle de l’opposant Reckya Madougou, candidate à l’élection présidentielle de 2021, accusée pour ≪ complicité d’acte terroriste≫à 20 ans d’emprisonnement ferme, ne sont pas fondé, selon le groupe de travail de l’Organisation des Nations Unis en visite de travail au Bénin en novembre 2023. La condamnation et la détention du Professeur Joël Aïvo et de l’opposante Reckya Madougou sont jugées arbitraires et l’ONU exige leur remise en liberté, a déclaré le Directeur Dieudonné Dagbéto.

Le recours excessif à la force

Comparativement au rapport 2024 sur ce volet et qui justifie que le Gouvernement a retiré aux citoyens béninois le droit de saisir la cour africaine des droits de l’homme et des peuples, Amnesty International continue de tirer sur la sonnette d’alarme et de décrier les dispositions du nouveau code pénal adopté en 2018 qui restreignent les libertés de réunions.et des manifestations pacifiques dans le pays.  Un groupe de plaidoyer composé d’Amnesty International, Humans Rights Priority, la Coalition des Défenseurs des Droits Humains du Bénin, l’Association des blogueurs du Bénin, Changement Social Bénin, l’Association des Jeunes Juristes du Bénin etc.. a présenté une plaquette d’informations et de recommandations aux partis politiques tels que Moele Bénin, Les Démocrates et l’Union Progressiste le Renouveau. Un lobbying à l’initiative d’Amnesty International pour la révision du code pénal de 2018.
En dépit de tous ses efforts, le rapport 2024-2025 revient encore sur les actes de recours excessif à la force. Le rapport mentionne le cas de Samba Fayçal Ouorou Gani retrouvé mort à Parakou après un contrôle policier dans cette ville.  Dans cette affaire, rapporte le Directeur Dagbéto , le procureur de la République près le tribunal de Parakou a lancé l’ouverture d’une enquête. Le magistrat a annoncé également la mise sous mandat de dépôt de sept fonctionnaires de police mis en cause dans cette affaire. Amnesty International a dénoncé également dans son rapport la violente répression de la marche des organisations syndicales contre la vie chère le 26 avril 2024. Amnesty International travaille et fait le plaidoyer pour que la police cesse d’utiliser la force pour traquer les citoyens.

 

Des prisons sales et surpeuplées

« L’autorisation du monitoring dans les prisons nous a permis de constater presqu’un triplement de la population carcérale de 2016 à 2024 », a laissé entendre le Directeur Dieudonné Dagbéto. Ce fait est un indicateur de la privation tous azimut des libertés au Bénin. Il rapporte qu’en septembre 2024, plus de 19 000 personnes vivaient dans les prisons et maisons d’arrêt du Bénin. Ce qui représente plus de 300% de ses capacités., la plupart des détenus dormaient par terre, sur le côté, sans même pouvoir se retourner .
Dans la procédure de suivi et de visite, Amnesty International a formulé des recommandations allant à l’amélioration des conditions de vie carcérale, l’accès au soin de santé et l’approvisionnement en médicaments et l’intervention des médecins dans ces maisons d’arrêt. Amnesty International plaide pour une vie carcérale qui offre un minimum de conditions qui respectent les droits humains, surtout que les conditions de détention des personnes appartenant à des groupes présumés terroristes violent les règles Nelson Mandela dans la prison civile de Missérété, dixit  le rapport d’aôut 2024. Des préoccupations légitimes sur lesquelles est revenu le Directeur Exécutif Dieudonné Dagbéto.
Le coordonnateur médias et de la Surveillance des droits humains d’Amnesty International, Glory Hossou plaide pour la mise en application du décret d’octobre 2024 prise par le président Patrice Talon portant organisation et régime intérieur des établissements pénitentiaires. « Notre voeu, c’est que les dispositions sur le droit à la santé soient appliquées », a-t-il mentionné.
 
Des victimes d’expulsion non dédommagés

Sur ce volet, le cas des déplacés de Fiyégnon 1 dans le cadre de la réalisation des projets touristiques est alarmant. Les personnes déplacées n’ont pas obtenu un dédommagement convenable et d’autres ne sont toujours pas relogés. Amnesty International évoque les massacres des forces de défense et la population civile par des groupes armés dans le Nord du pays.

 

Valère C. HOUEKINON