Le procès Dangnivo se poursuit au Tribunal de première instance et de première classe de Cotonou. Alofa et son co accusé font de troublantes révélations que les magistrats analyseront et étudieront avec perspicacité. Si c’est pas des noms d’anciens ministres et d’autorités qui sont cités, c’est des promesses qui leur ont été faites que les deux accusés livrent aux assises de ce procès deux fois reportées et qui ont commencé ce mardi 10 novembre 2015.
A la barre ce mardi 10 novembre, Alofa Codjo Cossi, présumé assassin de Pierre Urbain Dangnivo a affirmé avoir eu la promesse de 25 millions de francs Cfa pour porter le chapeau de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo, ce cadre du ministère de l’économie et des finances porté disparu depuis plus de cinq ans et dont l’affaire fait grand bruit actuellement. Alofa Codjo Cossi accusé d’avoir commis le meurtre dit avoir reçu la promesse par l’entremise d’un certain commissaire Aledji.
Alofa, affirme avoir par ailleurs reçu des menaces du commissaire Aledji et d’un directeur général de la gendarmerie en son temps. « Ce que je n’ai pas réussi à faire à Hamani Tidjani et dont on m’accuse, je te le ferai. Il me reste deux ans avant ma retraite. Je vais t’attacher des pierres et te jeter dans la mer… », lui aurait dit ledit commissaire Aledji que cite Alofa. Un commissaire qui serait admis à la retraite depuis 04 ans et serait hors du territoire national. Alofa a aussi cité les noms d’officiers de la gendarmerie.
Alofa dit avoir été déposé au Togo pour fuir après son évasion de la prison de Missérété
Autres révélations faites aux assises de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo au Tribunal de première instance de Cotonou l’évasion spectaculaire de Alofa de la prison de Missérété. « Ils m’ont déposé à la frontière du Togo et m’ont donné 50.000 Fcfa pour fuir », fait croire Alofa Codjo Kosssi, le présumé assassin. Il s’est évadé en février avant d’être retrouvé au Togo voisin. Mardi au tribunal, la défense avait remis en cause son évasion et demandé des explications. « S’il s’est trouvé des gens qui l’ont fait sortir de la forteresse avancée de Missérété pour des raisons qu’eux seuls savent, dans l’intérêt de la justice, je me dois de vous réclamer tout ce qui peut contribuer à l’éclosion de la vérité » avait tempêté son avocat, Me Théodore Zinflou. Il a d’abord demandé : « Où se trouve le dossier pour qu’on sache les raisons qui justifient que dans une forteresse comme celle de la prison de Missrété, quelqu’un -comme Alofa- arrive à s’évader ».
Des noms d’anciens ministres cités
Des noms de personnalités sont cités dans l’affaire Dangnivo au Tribunal. Un ancien ministre aurait joué l’entremetteur selon Donatien Amoussou dit Dona, présumé complice de l’assassinat. Dona affirme avoir reçu d’un ministre qui est venu lui dire de collaborer. « Davo m’a donné 20.000 F Cfa, puis 80.000 F Cfa le lendemain et 200.000 F Cfa plus tard afin que je collabore », a laissé entendre Dona. Un ancien ministre de Kérékou, l’aurait aussi contacté pour la même cause. « (…) ancien ministre de Kérékou m’a donné 250.000 F Cfa pour que je collabore », a-t-il fait croire. Donatien Amoussou dit que c’est « un scénario…» et qu’il lui a été proposé une somme de 150 millions en plus d’une protection assurée.
« Cette affaire est du théâtre », selon Alofa
Alofa Codjo Kossi le présumé assassin de Dangnivo regrette son implication dans cette affaire qu’il qualifie de « théâtre ». «Cette affaire de Dangnivo est du théâtre » ; a-t-il déclaré. L’homme accusé d’assassinat par le ministère public est au regret : « Si je savais que ça allait prendre cette tournure, je n’allais jamais accepter». Depuis ce mardi matin, on assiste à une série de révélations aux assises qui ont commencé dans la matinée après deux ajournements successifs.
« Si je n’accepte pas, on va m’abattre…me jeter à la mer »
Alofa Codjo Kossi dit n’avoir pas commis le crime dont on l’accuse et affirme avoir reçu une promesse de 25 millions de francs Cfa pour porter le chapeau de l’assassinat. Des promesses accompagnées des pressions et des menaces de mort lui auraient été faites. « Si je n’accepte pas, on va m’abattre, on va me gifler et me jeter à la mer » révèle-t-il citant ainsi un certain commissaire Aledji, admis à la retraite.
Les révélations du présumé assassin au tribunal où s’est amassé un monde fou pour ce procès tant attendu vont sans doute faire couler beaucoup d’encre et de salives dans les heures et les jours à venir.