Tchad : Allamaye Halina nommé Premier ministre

Afrique

Le Tchad a un nouveau Premier ministre depuis le jeudi 23 mai au soir. Dans la foulée de son investiture, Mahamat Idriss Déby a nommé Allamaye Halina à la primature. Ambassadeur en Chine depuis janvier 2023, il avait auparavant servi comme chef du protocole à la présidence pendant treize ans. Ce choix est une surprise, mais sa loyauté à la famille Déby et son profil en font un relais de choix pour le nouveau président

« Nous étions tous loin du compte », reconnait un membre du gouvernement sortant, « c’est vraiment un choix très personnel du chef de l’État ».

Si le nom d’Allamaye Halina n’était pas prononcé lors des conversations des pronostiqueurs, sa nomination remplit plusieurs critères. Déjà, il permet de poursuivre l’usage d’un chef de gouvernement originaire du sud du pays, puisque Allamaye Halina est né en 1967 dans la petite ville de Gounou Gaya, dans la province du Mayo-Kebbi Est.

Ensuite, avec ce profil de technicien, « le président choisit quelqu’un pour tenir ses engagements en matière sociale, et pas se disperser dans les calculs politiques », estime un ministre. Un de ses anciens collaborateurs au protocole qualifie Allamaye Halina de « grand administrateur, avec une très grande expérience, et une personne très humble ».

Pour le sociologue Ladiba Gondeu, c’est un choix stratégique du président car le nouveau Premier ministre « est un homme neutre qui peut arbitrer le jeu entre les différents acteurs qui ont soutenu le candidat Déby ». Et d’ajouter : « C‘est un équilibriste qui va user de sa diplomatie, qui ne va pas trahir le président et qui n’a pas d’autres ambitions. Il n’est pas homme politique et n’a pas d’ambition présidentielle ».

Qualifié de « grand frère » par le président élu

C’est à la présidence que l’actuel ambassadeur du Tchad en Chine a fait l’essentiel de sa carrière, en servant longuement l’ancien chef de l’État Idriss Déby Itno, mort le 20 avril 2021, puis son fils Mahamat Idriss Déby.

Une loyauté louée par l’actuel dirigeant du pays dans son autobiographie. Mahamat Idriss Déby le qualifie de « grand frère » avec qui il entretient une « grande complicité ». « Il est fidèle parmi les fidèles. Servir le maréchal était plus qu’un travail, plus qu’une vocation », écrit-il.

Cette nomination interroge sur le futur de l’ancien Premier ministre Succès Masra. « Je pense qu’il y a beaucoup de raté dans la manière dont Masra a pris sa défaite car il était sûr de gagner et il n’a pas digéré. Il s’est exclu du jeu et je ne sais pas si demain il aura encore beaucoup de marge de manœuvre car il n’aura que la place qu’on voudra bien lui accorder », analyse le sociologue.