Les représentants de 198 pays, dont une centaine de chefs d’État, se réunissent à partir de ce lundi 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, pour la 29e conférence de l’ONU sur le changement climatique. Alors que les températures mondiales battent cette année encore tous les records et que les catastrophes climatiques s’enchaînent, la COP 29 est qualifiée de « COP de la finance ».
C’est le principal objectif de cette COP29: se mettre d’accord sur un nouveau montant d’aide aux pays en développement pour financer à la fois leur transition énergétique et éviter au maximum les émissions de gaz à effet de serre, leur adaptation face au changement climatique, et enfin, financer les réparations après des catastrophes qui n’ont pu être évitées.
Jusqu’à présent, les pays riches avaient promis une aide de 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025, une promesse qui n’a pas été tenue dans les temps, ce qui a beaucoup crispé les relations Nord-Sud et qui laisse, encore, aux pays vulnérables un goût amer.
Des négociations qui s’annoncent déjà tendues
Pas de quoi entamer les négociations avec beaucoup de sérénité pour déterminer un nouvel objectif financier pour 2025-2030. Surtout qu’entre-temps, les besoins ont explosé. Ils se chiffrent désormais en milliers de milliards de dollars chaque année. Si les États sont d’accord pour faire plus, les pays du Nord, responsables historiques de la crise climatique ont bien du mal à sortir le portefeuille. L’Union européenne et les États-Unis veulent que d’autres pays contribuent, comme la Chine et les pays du Golfe notamment, qui sont aujourd’hui eux aussi de grands émetteurs de gaz à effet de serre et qui ont les moyens de payer.
Les talibans afghans attendus à Bakou
Particulièrement exposé aux conséquences du réchauffement climatique, l’Afghanistan doit pouvoir participer aux négociations malgré sa mise au ban de la communauté internationale, plaidait la Nepa, l’agence environnementale nationale. En tant que signataire de l’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015 par un régime alors soutenu par l’Occident, Kaboul est tenu de respecter certains engagements, comme la mise à jour tous les cinq ans d’un plan climat national. Et malgré le retour des talibans, ces obligations sont plutôt respectées.
Particulièrement exposé aux conséquences du réchauffement climatique, l’Afghanistan doit pouvoir participer aux négociations malgré sa mise au ban de la communauté internationale, plaidait la Nepa, l’agence environnementale nationale. En tant que signataire de l’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015 par un régime alors soutenu par l’Occident, Kaboul est tenu de respecter certains engagements, comme la mise à jour tous les cinq ans d’un plan climat national. Et malgré le retour des talibans, ces obligations sont plutôt respectées.
Le statut officiel de la délégation afghane à Bakou est encore flou. Il semble cependant qu’elle ne sera qu’observatrice, sans voix aux discussions. Le pays tient pourtant à rappeler qu’il n’est en rien responsable du réchauffement climatique, avec seulement 0,08 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sixième pays le plus vulnérable, il en subit pourtant fortement ses conséquences et peine à faire face aux violentes inondations et épisodes de sécheresse qu’il subit de plus en plus fréquemment.
D’autres propositions sont sur la table comme taxer les gros pollueurs et les ultrariches, une plus grande participation des pays, des banques ou des entreprises. « La fortune des milliardaires a augmenté de 3 300 milliards depuis 2020. Pendant ce temps, l’industrie des énergies fossiles continue à amasser des profits faramineux. Shell, Chevron, Total ou BP, pour ne parler que d’eux, ont amassé plus de 280 milliards de profits, notamment grâce à la guerre en Ukraine. Donc il faut taxer », réclame Fanny Petitbon, responsable France de l’ONG 350.org. Plusieurs pistes sont évoquées pour rassembler l’argent nécessaire, reste encore à trouver la volonté politique pour les faire entrer en vigueur.
Publication des plans climats de chaque pays
Un autre enjeu de cette COP29, ce sont les nouveaux plans climats des pays qui doivent être publiés d’ici février 2025. Dans trois mois à peine, les États se sont engagés à publier toutes les mesures qu’ils comptent mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Cela signifie réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici 2030, alors qu’elles continuent à augmenter avec un nouveau record cette année.
Les nouveaux plans climat devront donc être très ambitieux avec au moins, un début de sortie des énergies fossiles, comme cela avait déjà été promis l’année dernière à la COP28. On attend aussi enfin la finalisation de l’article 6, le seul article de l’Accord de Paris toujours en négociations depuis presque dix ans. Les pays ou les entreprises polluantes échangent leurs émissions de gaz à effet de serre contre des projets verts, souvent dans les pays du Sud. L’idée est de mettre de l’ordre dans ce marché carbone pour éviter le « greenwashing ».
Reste que parmi la centaine de chefs d’Etat attendus à Bakou cette semaine, de nombreux poids lourds seront absents : ni Emmanuel Macron, ni Xi Jinping, ni Joe Biden, ni Vladimir Poutine, ni même Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, n’ont prévu de s’y rendre, ce qui provoque l’exaspération des militants écologistes. « Cela n’a aucun sens car ce que nous devons montrer aujourd’hui, c’est que nous sommes tous engagés dans la lutte contre le changement climatique pour limiter au maximum la hausse des températures. Or pour cela, il faut que tout le monde soit là et montre son soutien à cette cause importante », déplore Jonas Haller, un militant suisse qui est de tous les sommets sur le climat depuis dix ans. « Alors que nous sommes parvenus à un point de bascule, c’est un gros problème si les COP ont perdu leur réputation. Qu’Ursula von der Leyen, qui représente pourtant des millions de personnes au sein de l’Union européenne, ne vienne pas, c’est un symbole bien regrettable, elle ne remplit pas ses obligations », regrette pour sa part Philip MacCaster, venu lui du Canada.
Jusqu’à un tiers du PIB mondial pourrait être perdu d’ici 2100 en raison des dégâts occasionnés par les catastrophes climatiques
La littérature scientifique en économie est généralement jugée très optimiste par beaucoup d’observateurs, quant aux conséquences du réchauffement climatique. Les prévisions utilisées jusqu’à présent anticipent en effet que pour un réchauffement de trois degrés, les dégâts causés par les événements extrêmes ne s’élèveraient qu’à 2 % du PIB mondial. Un chiffre grandement sous-estimé selon un rapport réalisé par un groupe de banques centrales internationales qui réévalue le cout à un tiers de la production économique mondiale.
En clair, en 2100, 33 % des richesses produites sur la planète serviraient à payer les dégâts du réchauffement. Cette estimation est, elle aussi, optimiste, les auteurs en conviennent. Elle ne couvre en effet qu’une partie du cout réel, puisqu’elle ne prend pas en compte les effets du changement climatique sur la création de richesse, des secteurs comme l’agriculture seront par exemple lourdement touchés.
L’objectif principal de la COP29 qui débuté ce lundi à Bakou est d’augmenter l’enveloppe consacrée à aider les pays en développement afin qu’ils financent la lutte contre le réchauffement. L’ordre de grandeur aujourd’hui est de 100 milliards d’euros annuels, mais il faudrait au moins multiplier cette somme par 10 pour permettre une transition juste et équitable. Le GIEC l’écrivait dans son dernier rapport, en la matière, agir coutera bien moins cher que ne rien faire.