Me Houngbédji présente l’ouvrage à la presse

Politique

En prélude au lancement de son ouvrage intitulé « La liberté au cœur, Le temps des semailles » le samedi 30 mars 2019, à l’hôtel Golden Tulip le Diplomate de Cotonou, le président Adrien Houngbédji a animé jeudi 28 mars un point de presse à son domicile à Porto-Novo pour présenter les grandes lignes de l’ouvrage à la presse.

Paru aux éditions l’Archipel à Paris en 2019, le livre « La liberté au cœur, Le temps des semailles » est la première partie de la rédaction des mémoires de l’auteur Me Adrien Houngbédji. Couvrant la période 1960-1990, ce livre constitue le tome 1 de ses mémoires . Dans cet ouvrage, l’auteur raconte la longue période d’exil subi et la prestigieuse carrière qui s’en est suivie à l’étranger, puis la période trouble de la révolution à laquelle la Conférence Nationale a mis un terme. Cet ouvrage autobiographique témoigne à en croire l’auteur, de la petite histoire dans la grande histoire, rétablit quelques vérités pour ceux qui ne se souviennent pas.

L’ouvrage à la lecture de son résumé, livre aux générations futures éprises de justice, des valeurs de loyauté, de dévouement et de respect du droit. Ce livre de Me Adrien Houngbédji revient également sur les années post-indépendance, et évoque la succession de coups d’Etat, de la valse des militaires et des civils, des bras de fer, des collusions, des règlements de comptes, des abus en tous genres et de la justice mise à mal. Ce récit autobiographique fait aussi la part belle aux affaires qui émaillaient la vie politique des années 70 à savoir, les affaires Taïgla, Bikpi, Vogler, et de l’affaire Kovacs qui a sonné le glas de la carrière de l’auteur au Bénin.
A noter que la présentation officielle du livre est prévue pour le samedi 30 mars 2019, à l’hôtel Golden Tulip le Diplomate.


Me Adrien Houngbédji parle de son livre

«…C’est un point de presse qui précède le lancement du livre ‘’La Liberté au cœur’’ et qui a pour sous-titre ‘’Le temps des semailles’’ ; ce qui veut dire que s’il y a la liberté au cœur, il y a le temps de l’ensemencement, le temps de la maturation et après, le temps de la médiation et de la réflexion. Donc, c’est le premier tome intitulé ‘’Les semailles’’ parce que ce tome raconte mes débuts ; c’est-à-dire mon enfance, mes parents, mes études, mes premiers pas dans la magistrature, au barreau, les grands faits qui ont marqué ce passage dans la magistrature et au barreau, puis ensuite la révolution, mon combat pour la liberté dans notre pays, un combat très durs sanctionnés par la peine de mort et l’exil, la lutte pendant cet exil, la force du dialogue, la force de la tolérance, la main tendue, et le pardon qui ont permis à ce que je sois l’un des promoteurs de la Conférence nationale ; ce que beaucoup ne savent pas. C’était une occasion pour moi de rétablir certaines vérités pour faire connaître aux Béninois qui je suis. Et comme nous sommes à une période où sur les réseaux sociaux, n’importe quoi se dit, j’ai voulu rappeler aux Béninois que lorsque je suis rentré, j’ai consenti pour le pays, des sacrifices que très peu de personnes ont consentis. Je suis un homme sans rancune. J’ai été aux élections présidentielles 5 fois. J’ai été battu 5 fois. J’ai été aux élections législatives. Je suis président de l’Assemblée nationale 3 fois. Ma vie a parfois des oscillations et je n’en veux à personne. Je la prends comme elle est et je me prépare à me retirer.

Pourquoi avoir attendu ce moment pour lancer ce livre ?

Pour écrire un mémoire, il faut d’abord avoir le temps de raconter. Regardez la vie que j’ai menée. Je fus toute le temps sur la brèche. Ce bouquin est terminé depuis plus d’un an. Le temps de trouver un éditeur et de le mettre en chantier, ça a pris un an. Dans ma tête, cet ouvrage devrait sortir dans une période apaisée, une période où je m’en vais avec la reconnaissance de que j’ai été et de ce que j’ai fait pour ce pays. Malheureusement, il se trouve que c’est arrivé à une période perturbée. Je n’ai pas choisi. Je me suis dit tant pis, si c’est dans une période perturbée, je vais quand même lancer le livre. Ce n’était pas prémédité.

Qu’est ce que cet ouvrage pourrait apporter aux Béninois ?

Quand on voit mon enfance, dans quel environnement je suis né et où je suis parvenu, la première leçon à tirer, c’est que même si on est né de conditions modestes, avec le travail acharné, on peut atteindre des sommets. C’est la première leçon que je pense que les jeunes pourraient tirer de l’ouvrage. Il ne suffit pas d’être né sous climatiseur, d’avoir des parents qui ont des voitures, des villas pour avoir de la promotion. Quelqu’un qui est né dans un milieu modeste, d’un simple garde-frontière, d’une simple ménagère, peut faire le parcours que j’ai fait. La deuxième leçon qu’on tire de ce parcours, c’est qu’il faut avoir de la personnalité. Quand on a un idéal, quand on a une conviction, il faut en accepter les risques. C’est ce que j’ai fait. Vous verrez que quand j’ai été magistrat, j’ai affronté l’autorité. J’ai affronté le Ministre de la justice et les évènements m’ont donné raison. Quand j’ai été Avocat, j’ai affronté le gouvernement. J’ai été condamné à mort sur le champ. Bien sûr que j’ai perdu, mais avec le temps, tout le monde s’est rendu compte que la vérité était de mon côté. Je ne peux pas partir sans raconter ça. Ça apporte aux Béninois que je suis un homme de conviction. Je me suis toujours battu pour les libertés et que je me battrai toujours pour les libertés. Ensuite, la dernière leçon que j’ai voulue donnée, c’est que les souffrances que j’ai subies n’ont pas eu une importance telle que je renie mes convictions. Je suis bien avec tout le monde. Regardez le président Kérékou. Quelqu’un qui vous condamne à mort, qui vous contraint à l’exil et vous revenez demander qu’on vote pour lui ; afin qu’il soit réélu président de la République. C’est des leçons pour cette période dans laquelle nous nous trouvons et qui sont malheureusement des périodes d’intolérance. Quand je suis rentré au Bénin, j’étais un homme pourvu. Je l’étais avant de partir et je suis revenu 10 fois plus pourvu que quand je partais. D’abord, les biens que j’ai laissés, c’est des biens que j’ai acquis par mon travail. Je n’ai pas gagné de l’argent par la corruption. Je n’ai jamais occupé un poste qui rapporte de gros marché au Bénin. Je n’ai été que président de l’Assemblée nationale et la première fois où je l’ai été, j’ai travaillé sans être payé. Je n’ai pas touché mes indemnités. J’ai été premier Ministre pendant 2 ans. Je n’ai pas été payé. J’ai laissé mes indemnités de premier Ministre. Je suis obligé de restituer tout ça aux Béninois.

Propos recueillis par Fréjus MASSIHOUNTON