Sa mère, le cœur lourd, doit s’en aller seule pour la reprise des classes. C’était un accord douloureux, mais consensuel : Virginie ne pouvait gérer à la fois l’enfant et les classes, et sa mère, la grand-mère aimante, ne pouvait abandonner son mari pour s’installer à Banikoara.
Le seul lien qui subsiste entre eux serait les messages radio, ce fragile fil d’espoir qui permettait à Virginie de prendre des nouvelles de son fils. C’était tout ce qu’ils avaient, cette unique technologie à portée de main, un écho lointain mais précieux dans un monde où la distance se mesurait en jours, non en kilomètres. Chaque message était un souffle de vie, une lueur dans l’obscurité de l’absence.
Mais un jour, ce fil se rompt. Un silence radio s’installa entre Sakété et Banikoara. Plus aucun message ne venait des grands-parents, et Virginie, angoissée, n’obtenait aucune réponse à ses appels désespérés. Le silence, ce terrible silence, s’abat sur elle, laissant place à une inquiétude grandissante, dévorante.
Ce qu’elle ignorait, c’est que ce silence cachait une tragédie. L’enfant du 26 octobre, né sous l’étoile de la légendaire date où le capitaine Mathieu Kérékou s’était emparé du pouvoir au Dahomey, était tombé gravement malade. Une fièvre brûlante, une maladie mystérieuse – varicelle ou rougeole, qui sait – s’était abattue sur le petit corps fragile, luttant avec une fureur silencieuse pour l’emporter.
Adissa ADENIYI