Ouverte mardi 11 mars 2025 au tribunal de Cotonou, la session criminelle de l’année consacrée à l’affaire Dangnivo se poursuit . Ce jeudi 13 mars 2025, l’audience est à son troisième jour. A la barre, le chef sécurité de Yayi Boni, au moment des faits, a livré sa version sur l’affaire.
Cette session criminelle devait prendre fin vendredi 14 mars 2025 selon le calendrier initial. Une ordonnance a été prise et aucune date n’a été fixée pour la fin. Après chaque audience, les avocats et la Cour devront fixer ensemble la date de la prochaine audience. Toute chose pour permettre la vérification des déclarations des témoins…
Comment le supposé téléphone de Dangnivo a été retrouvé
A la barre, mardi 11 mars 2025, Donatien Amoussou, co-accusé de Alofa, racontait comment le supposé téléphone de Dangnivo a été retrouvé. Un jour, dit-il un ami camerounais est venu lui confier qu’il a retrouvé un véhicule recherché. Donatien Amoussou dit avoir fait appel à un grand frère qui était dans la presse. Ce dernier aurait appelé le DG ORTB d’alors (Julien Akpaki). Avec le Dg Ortb d’alors il fait savoir qu’ils sont allés voir un colonel et une enquête a été ouverte.
Donatien Amoussou ajoute que son ami camerounais a accompagné l’équipe à l’hôtel où la voiture de Dangnivo a été retrouvé. A l’époque, le colonel Sévérin Koumassègbo était chef de sécurité du président de la République. Il l’aurait invité ensuite à son domicile et lui aurait remis un portable à déposer à Océan FM. Donatien Amoussou raconte aussi qu’il devait par la suite signaler à la commission d’enquête qu’il a retrouvé un portable qu’il a déposé à Océan FM. Il dit que malgré qu’une somme de 500.000 FCFA lui a été proposée par le colonel, il a refusé d’accomplir cette mission . Donatien Amoussou poursuit, une personne aurait été appelé et accompli la mission contre deux millions FCFA.
Le colonel Sévérin Koumassègbo livre une version contraire des faits
A la barre, le colonel à la retraite Sévérin Koumassègbo, chef sécurité du président Boni Yayi au moment des faits, dans sa déposition déclare qu’il connait Donatien Amoussou. Il affirme que Julien Pierre Akpaki (à l’époque directeur général de l’ORTB) l’a appelé un vendredi pour demander à être reçu. Il affirme lui avoir donné rendez-vous pour le lendemain. Un rendez-vous qu’il n’a pu honorer puisqu’il devait se rendre à un enterrement. Le rendez-vous a été repoussé à lundi, mais n’a pas eu lieu pour un oubli de sa part. Le DG Akpaki l’a relancé lundi, en lui notifiant que les personnes objet de sa demande de rencontre étaient encore revenues. C’est ainsi qu’il a décidé de recevoir les personnes en question à savoir: Priso, Amoussou Donatien et Augustin Amoussou.
Priso, poursuit-il dans sa déposition, leur a confié les circonstances dans lesquels il a retrouvé un téléphone Zékédé dans un motel. Selon la version du colonel à la retraite, Sévérin Koumassègbo, le nommé Priso a fait savoir qu’il a un ami Ibo qui l’a appelé pour lui dire qu’il a pris une chambre dans un motel. Et incapable de payer les frais, ses effets ont été confisqués. C’est un Camerounais à qui appartenait à un camerounais. Priso déclare avoir été sollicité par son ami pour aller lui récupérer ses affaires.
Dans sa déposition, le colonel à la retraite déclare que Priso leur a dit qu’une fois dans la chambre, il a vu le livret de bord d’un véhicule et un gros téléphone. Il ( Priso) confia avoir soustrait le téléphone des effets et l’a gardé. Priso leur aurait précisé que la veille, il a aperçu son ami Ibo dans un véhicule avec deux personnes dont l’une était appelée Hounnon. Sévérin Koumassègbo poursuivant sa déposition déclare que Priso leur a dit avoir reçu un appel sur le téléphone soustrait des affaires et son interlocuteur lui disait que c’est le sien. C’est ainsi qu’il a alors donné rendez-vous au supposé propriétaire du téléphone pour qu’il viennent le récupérer. Priso leur aurait dit qu’il a reçu un autre appel par la suite. Priso aurait ajouté qu’après deux différents appels reçus, sa femme lui conseilla de s’en débarrasser car le téléphone va lui créer des histoires. Pris de panique, Priso est allé déposer le téléphone zekédé à Ocean FM et a appelé après Donatien Amoussou pour l’en informer, déclare le colonel à la retraite.
Après les avoir écouté, le colonel dit leur avoir demandé de revenir le lendemain. le colonel, Priso et Donatien se sont rendus à Océan FM pour retirer le téléphone. Sévérin Koumassègbo dit avoir fait une décharge pour retirer le téléphone éteint. Une fois revenu à la présidence, raconte le colonel Sévérin Koumassègbo, il a mis le téléphone à la charge et une fois allumé, il composa son propre numéro avec le téléphone retiré. Constat sur son téléphone qui sonnait, c’est le numéro de Dangnivo qui s’affiche du téléphone récupéré à Océan FM..
Le colonel dit avoir commencé à suspecter Donatien Amoussou
Le colonel poursuit qu’il a donc demandé à Priso et Amoussou s’ils peuvent trouver où est le Ibo du nom de Polo. Priso aurait répondu par la négative tandis que Donatien Amoussou aurait fait savoir qu’il était allé au Nigeria. Sévérin Koumassègbo dit avoir demandé à se rendre à son domicile. Accompagné de Priso et Amoussou, ils se sont rendus à Xwlacodji, mais la porte était restée fermée. Le colonel précise qu’ils s’y sont rendus trois fois. Mais toutes les trois fois étaient vaines.
Le colonel à la retraite ajoute que plus tard, Priso lui aurait rapporté avoir été menacé par appel téléphonique par le nommé Polo pour avoir amené les gendarmes chez lui. Le colonel dit avoir demandé à Donatien s’il a été aussi menacé. Il a répondu non. Le colonel dit s’être demandé comment Polo a su qu’ils s’étaient rendus chez lui. Il a donc commencé par être soupçonneux. Il a demandé à Priso et Amoussou comment retrouver le Hounnou que Priso dit avoir vu dans un véhicule avec Polo. Les deux ne lui ont rien dit, déclare-t-il. Il apprendra de Priso, des instants après que le hounnon en question est déposé en prison. Le colonel déclare à la question de savoir comment il a obtenu l’information, Priso lui aurait dit que c’est Donatien qui l’a informé. Après avoir demandé le motif de l’emprisonnement du hounnon à Donatien, le colonel dit que celui-ci lui aurait répondu pour vol et que c’est le commissariat de Godomey qui l’a interpellé.
Donatien Amoussou et Priso conduits devant la commission d’enquête
Au commissariat de Godomey, il a pu confirmer que le hounnon était en prison. Il a appris que deux commissions d’enquête ont été mises en place pour l’affaire Dangnivo : une judiciaire et une administrative. Le colonel à la retraite, poursuivant sa déposition, fait savoir que là où ses suspicions envers Donatien ont grandi, c’est quand il a fixé le rendez-vous à Donatien et Priso un jour à 16h. Priso a honoré le rendez-vous tandis que Donatien n’était pas venu. C’est ainsi qu’il a appelé Donatien qui lui a expliqué qu’il était allé à Ouidah pour une urgence. Le colonel dit avoir appelé le grand frère de Donatien pour lui dire que son frère lui a fait faux bond et est à Ouidah. En réponse, le grand frère lui fait savoir que son frère était avec lui. Les deux sont allés voir après le colonel sur invitation. C’est ainsi que le colonel dit avoir décidé de les conduire devant la commission d’enquête. Quand il les a présentés à la commission, il s’est retiré, déclare le colonel . Vers 21h , Priso l’appelle pour l’informer qu’on lui a demandé de rentrer et de revenir demain mais qu’ils ont gardé Donatien.
A la barre, le colonel rappelle qu’après sa première rencontre avec les deux Amoussou et Priso, le lendemain, le président devait rencontrer la famille Dangnivo. Lorsque la famille était dans la salle d’attente, le colonel dit avoir échangé avec le frère de Dangnivo. Ce dernier lui a expliqué que peu après la disparition de Urbain Dangnivo, sa secrétaire a appelé son téléphone et un homme a répondu et a dit que le téléphone a été ramassé sur la voie de Hêvié et qu’il s’apprêtait à aller le déposer au commissariat d’Agblangandan. Le colonel dit avoir été une fois chez Augustin Amoussou. Interrogé sur les déclarations du colonel, Donatien Amoussou une fois à la barre , les a réfutés. Il ajoute qu’il maintient ses déclarations antérieures
Le colonel Sévérin Koumassègbo nie tout lien avec la disparition de Dangnivo
Dans sa déposition à la barre ce 13 mars 2025, Sévérin Koumassègbo, Chef sécurité du président Boni Yayi au moment des faits, a été soumis à plusieurs questions.
Quel lien a-t-il avec la disparition de Dangnivo ?
– Aucun lien, a-t-il répondu, ajoutant que la grâce lui a permis d’avoir une piste en versant la découverte du téléphone zékédé à la commission d’enquête
– Les enquêtes l’ayant conduit au commissariat de Godomey faisaient-elles partie de ses fonctions ?
– Oui, répond-il. Il explique que cela fait partie de la sécurité du président et il devait vérifier les informations qu’il a eues.
– Combien de fois a-t-il discuté du dossier avec le président de la République ?
– Zéro fois, répond-il. Le colonel précise qu’après ses enquêtes, il a fait le point au chef de cabinet. Et c’est le chef de cabinet qui lui aurait appris qu’il y avait deux commissions d’enquête sur l’affaire.
– Priso était-il son informateur ? Il répond par la négative.
Un avocat rapporte que Priso a déclaré être l’informateur du colonel. Et que c’est le colonel qui aurait demandé de mobiliser Donatien Amoussou pour cette affaire.
-Le colonel était-il au palais de la République le vendredi 17 août 2010 ? Sa réponse est affirmative.
Qu’est-ce qui a créé de remue-ménage ce jour au palais ? Il répond qu’il ne sait pas s’il y a eu de remue-ménage ce jour-là à la présidence ?
Un avocat rappelle au colonel qu’il avait dit qu’il devait voyager avec le président pour Parakou en 2010 et que le président l’a instruit de laisser et de s’occuper de la commission ?
Le colonel répond que le président ne lui a pas dit ça. Le colonel explique qu’il venait avec son sac pour le voyage quand le président lui a dit qu’il a appris qu’il était sur un dossier. Le président lui a ensuite demandé de laisser le voyage et lui a remis un million FCFA.